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Comment choisir la meilleure cible pour la campagne BDS ?

lundi 19 mai 2014 - 14h:48

PACBI

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Alors que le mouvement BDS (« Boycott, désinvestissement et sanctions ») continue de se développer à vive allure, bon nombre d’activistes dans le monde entier, dont en Palestine, se demandent souvent quelle institution ou société doit être visée et comment l’action doit être menée.

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Que la campagne BDS relève du domaine universitaire, culturel, économique ou sportif, le choix de la cible du boycott ou du désinvestissement n’est souvent pas aussi simple qu’il y paraît aux yeux de beaucoup, en particulier si la stratégie d’intégration de BDS est prise en compte. Nous nous concentrons ici spécifiquement sur les cibles de boycott culturel et universitaire.

Toute institution universitaire ou culturelle d’Israël (y compris chorales, orchestres et groupes de danse) se rend complice du régime israélien d’occupation, de colonialisme et d’apartheid, à moins qu’elle ne dénonce publiquement les violations par Israël du droit international et qu’elle reconnaisse la plénitude et l’égalité des droits des Palestiniens. D’après les directives pour le boycott international d’Israël adoptées par la société civile palestinienne, le simple fait qu’une institution israélienne bénéficie d’un financement public n’est pas une condition suffisante pour justifier un appel à boycott contre celle-ci. Cependant, une institution qui reçoit un financement public est plus fortement incitée à prendre publiquement position contre le régime d’oppression que mène l’État ​contre le peuple palestinien.

Comme lors de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, une institution ne peut prétendre être « au-dessus » de la politique simplement parce qu’elle n’a qu’une portée artistique ou scientifique. L’institution se rend complice et est donc sujette à un boycott tant qu’elle bénéficie de l’ordre injuste mis en place tout en choisissant de garder le silence à ce sujet. Si une de ces institutions est invitée à un forum international, ce forum devient à son tour complice et s’expose au boycott.

Cependant, le mouvement BDS, ainsi la campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI) qui en est une partie, ne boycotte pas l’ensemble des évènements, produits et institutions pouvant être boycottés ; il serait en effet impossible de parvenir à des résultats concrets. Pour élaborer une stratégie, il faut sélectionner soigneusement les cibles et les modes d’intervention dans chacun des cas. Si une manifestation est susceptible de nous attirer plus d’ennemis que d’amis, nous éviterons d’y recourir. S’il convient mieux de protester de façon digne et « artistique », nous le ferons.

Nous pouvons prendre comme exemple l’interruption musicale organisée par nos partenaires britanniques contre l’Orchestre philharmonique d’Israël, à Londres en 2011. Cette interruption, qui comprenait un chant en voix de soprano, a été en partie diffusée par la BBC, avant que la station n’ait remarqué ce qui se passait. Si nous estimons qu’une simple déclaration est la meilleure solution, alors nous la ferons. Si, en ignorant l’évènement boycottable tout et se concentrant sur des objectifs plus importants, nous pouvons sensibiliser davantage la population et recueillir plus de soutien auprès du grand public, nous opterons pour cette solution. Après tout, BDS consiste en la construction d’un mouvement depuis la base.

Quelles que soient les tactiques d’intervention, le processus de sélection d’une cible de BDS pourrait être soumis à l’examen des trois critères suivants, afin d’en assurer la valeur stratégique :

1) Le degré de complicité : Plus une cible est complice, plus il sera facile de mobiliser le soutien pour l’action de BDS contre celle-ci. Par exemple, dans la mesure où l’Université de Tel Aviv et le Technion sont fortement impliqués dans le développement de produits et de doctrines militaires utilisés par Israël pour perpétrer ses crimes de guerre contre des civils palestiniens et libanais, ces deux institutions constituent des cibles parfaites pour BDS.

2) La possibilité de former une large coalition rassemblant tous types de mouvements contre la cible : Il serait beaucoup plus judicieux, par exemple, de boycotter un géant des services de sécurité comme G4S plutôt qu’une entreprise qui porte seulement atteinte aux droits des Palestiniens, puisque G4S s’attaque aux droits des immigrés et est fortement impliqué dans la privatisation de services publics essentiels dans de nombreux pays, entre autres. G4S constitue ainsi une cible idéale contre laquelle une large coalition peut se former (syndicats, groupes de lutte contre la privatisation, artistes, réseaux de défense des demandeurs d’asile...).

3) La possibilité de rencontrer un succès : Même si les deux conditions évoquées ci-dessus sont remplies, nous ne lançons pas une campagne contre une cible si nous n’avons pas une chance raisonnable de succès. Parfois, le succès repose simplement sur le fait de toucher un large public et de gagner son soutien, plutôt que de réellement réussir à faire annuler un événement, à convaincre un supermarché de ne plus acheter à tel ou tel fournisseur impliqué dans l’occupation et l’apartheid israéliens, ou à faire annuler un programme d’échange avec une université israélienne.
Cependant, des victoires uniquement symboliques ne suffisent pas. L’engagement dans BDS a pour but d’arriver en fin de compte à l’obtention des droits des Palestiniens, pas de marquer des points et de se satisfaire de simples gestes symboliques. Ce n’est que par des succès soutenus, cumulés, croissants et diffusés que BDS pourra atteindre ses objectifs : liberté, justice et égalité.

4 mai 2014 - PACBI - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pacbi.org/etemplate.php?...
Traduction : Info-Palestine.eu - Valentin B.


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