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Le Jihad islamique considère avec circonspection l’accord de réconciliation

lundi 19 mai 2014 - 07h:27

Hazem Balousha

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Le Jihad islamique palestinien a fait une réponse mitigée à l’accord de réconciliation signé le 23 avril entre le Hamas et le Fatah.

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Funérailles de trois combattants de la résistance palestinienne, le 11 mars 2014 à Khan Younis - Photo : Reuters/Ibraheem Abu Mustafa

La direction de Jihad islamique a réaffirmé la nécessité de rétablir l’unité et la cohésion palestinienne, de faire face à ce que les dirigeants du groupe qualifient de « risques que font courir à la cause palestinienne, la division des Palestiniens et l’occupation israélienne. » Cependant, certains de ses dirigeants se font malgré tout des soucis qiuant à l’accord de réconciliation, en particulier en ce qui concerne les armes [de la résistance] et l’avenir des relations entre le Hamas et le Djihad islamique.

Khodor Habib, un dirigeant du Jihad islamique, a communiqué ses impressions à Al-Monitor. Selon lui, la réconciliation palestinienne était la meilleure option pour les Palestiniens afin de remettre un peu d’ordre dans leurs affaires intérieures et en finir avec la division qui coûte si cher à tous les Palestiniens .

« Le Jihad Islamique croit que la réconciliation est le [meilleur] choix pour les Palestiniens, face aux problèmes auxquels ils sont confrontés comme les agressions israéliennes qui n’ont de cesse, les négociations politiques qui n’aboutissent à rien et conduites par Abu Mazen [l’ex-président palestinien Mahmoud Abbas] et [l’échec dans la mise en place] d’un programme palestinien commun qui assurerait une représentation politique minimum à toutes les factions, » dit-il.

Le Jihad islamique, cependant, refuse toujours de participer aux élections législatives ou présidentielles dans le système politique palestinien actuel qu’il considère issu du cadre des Accords d’Oslo. Le mouvement estime que l’OLP est le seul organisme auquel il peut se joindre car icelui-ci n’a pas été construit dans le cadre du traité de paix israélo-palestinien.

« Nous croyons en la nécessité d’avoir une entité fédératrice, qui représente la totalité de la Palestine et l’unité de son peuple. L’OLP peut jouer ce rôle », déclare Habib.

« Nous serons prêts à rejoindre l’OLP quand elle se sera réformée, quand ses institutions seront reconstruites et qu’un nouveau Conseil national sera élu, et non sur la base de la reconnaissance d’Israël », ajoute-t-il.

Abou Ahmad, un porte-parole de la branche armée du Djihad islamique [les Brigades d’Al-Quds] a déclaré lors d’une interview avec TV Al Mayadeen, le 8 mai : « Le but du Jihad islamique est de défendre le peuple palestinien, de restaurer ses droits et non pas de s’impliquer dans une politique qui a conduit à une détestable division palestinienne ».

L’accord conclu entre le Hamas et le Fatah prévoit la réactivation des institutions de l’OLP et l’organisation d’élections pour le Conseil national palestinien. En un sens, ceci permettra au Hamas, au Jihad islamique et à d’autres factions dont les actions sont aujourd’hui indépendantes de l’OLP, de se joindre à cette organisation.

On ne sait pas si Jihad islamique sera autorisé à opérer librement en Cisjordanie après la formation du gouvernement d’union, et s’il y aura d’autres arrestations et convocations pour enquête à l’encontre de ses membres. Toutefois, selon un dirigeant du Jihad islamique qui s’est exprimé devant Al-Monitor sous couvert de l’anonymat, il y a peu d’espoir que la réconciliation diminue le harcèlement à l’encontre des activités du Jihad islamique en Cisjordanie.

Une autre préoccupation est que le rapprochement du Hamas avec le Fatah ne se traduise par une prise de distance entre le mouvement islamiste et le Jihad islamique, explique la même source.

Il ajoute : « Le Hamas est un mouvement de résistance pragmatique qui cherche à se renforcer politiquement. Son rapprochement politique avec le Fatah va certainement lui imposer de se distancier du Jihad islamique, puisque [ce dernier] refuse la solution politique sur laquelle le Hamas et Abu Mazen sont tombés d’accord ».

Bien que le Hamas ait affirmé qu’il poursuivra sa résistance armée contre Israël et que ses armes resteront là où elles sont après la formation du gouvernement d’unité nationale, la signature de l’accord de réconciliation a été interprétée par beaucoup comme une approbation tacite du choix du Fatah d’une approche politique du conflit avec Israël.

Faisant écho à la position du Hamas sur ses armes, Habib explique : « Les armes de la résistance ne seront pas touchées. Nous ne le permettrons pas. Nous croyons à la vertu des opérations militaires comme solution pour résoudre le conflit avec l’ennemi. Personne ne sera en mesure de nous imposer son point de vue. »

Au cours de la même interview avec TV Al Mayadeen, Abu Ahmad a ajouté : « Il y a une communication constante avec les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, afin de s’assurer que dans aucun cas, les armes de la résistance ne soient inquiétées au cours de la période à venir sous [la direction] du gouvernement d’union nationale dont la formation a été stipulée dans l’accord de réconciliation. »

Pourtant, cet important dirigeant du Jihad Islamique estime que le Hamas ne sera pas en mesure d’assumer le rôle de la résistance armée dans la bande de Gaza après la formation du gouvernement, « ce qui aura une incidence négative sur les militants des Brigades Al-Quds, car celles-ci ne sont pas en mesure de faire face seules à l’occupant israélien ».

« Pendant les années où le Hamas a contrôlé la bande de Gaza, » dit-il, « le Jihad islamique s’armait et jouait le rôle de la résistance plus librement que pendant l’époque de l’Autorité palestinienne [AP]. Si le contrôle de l’AP s’applique à nouveau, la situation sera difficile s’il y a une reprise [à Gaza] de la coopération militaire [entre l’AP et] Israël ».

Depuis la signature de l’accord de réconciliation, il apparaît que l’Iran sera le principal acteur politique dans l’avenir dans les relations entre le Djihad islamique et le Hamas, puisque ce pays est le principal bailleur de fonds et le principal soutien politique du Jihad islamique. Les tensions entre le Hamas et l’Iran à propos de la guerre en Syrie auront aussi un impact sur ses futures relations avec le Jihad islamique.

Le même dirigeant déclare : « le Hamas a quitté la sphère iranienne en s’inclinant devant la sphère dite modérée, en plus de son ouverture vers les pays de la région et la communauté internationale. Cela va certainement affecter négativement ses relations avec le Jihad islamique, surtout que celui-ci ne changera pas son point de vue sur le conflit dans la région ».

Bien que certains dirigeants du Jihad islamique craignent une prise de distance avec le Hamas après l’accord de réconciliation, cela pourrait être l’occasion rêvée pour le Djihad islamique de renforcer sa base populaire en rejoignant l’OLP et en devenant de plein droit un des principaux acteurs sur la scène politique palestinienne.

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* Hazem Balousha est un journaliste palestinien basé dans la Bande de Gaza. Il a travaillé à la BBC World Service, à Deutsche Welle et a écrit pour The Guardian et Al-Raya (Qatar). Il est le fondateur de l’Institut Palestinien de la Communication et du Développement (Palestinian Institute for Communication and Development – PICD)}

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14 mai 2014 - Al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Al-Mukhtar


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