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Marwan Barghouti parle de l’imposture des pourparlers de paix

dimanche 27 avril 2014 - 07h:22

Stephen Lendman

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En mai 2004, Marwan Barghouti a été illégalement condamné pour son implication dans des attaques terroristes ayant fait cinq morts. Un panel de trois juges a reconnu qu’il n’était pas impliqué. Néanmoins quelques semaines plus tard, il a eu cinq sentences, plus 40 années d’emprisonnement. C’est un prisonnier d’opinion.

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Marwan Barghouti, "le Mandela palestinien", dirigeant du Fatah, est toujours très populaire auprès d’une majorité de Palestiniens (Getty)

Il se définit lui-même comme « un dirigeant politique, un membre du Conseil Législatif Palestinien, élu par mon peuple. Israël n’a aucun droit de me mettre en examen, de m’accuser ni de me juger. C’est une violation du droit international. J’ai le droit (légal) de résister à l’occupation ».

En octobre 2002, il a accusé "l’État d’Israël d’être directement et indirectement responsable, pour avoir commis des actes spécifiques de génocide, de nettoyage ethnique, notamment d’avoir déraciné des Palestiniens par des attaques militaires, des arrestations arbitraires et des incarcération illégales, des détentions administratives, des attaques contre des femmes, des enfants et des personnes âgées, des destructions systématiques et injustifiées de propriétés et de maisons ainsi que l’expropriation et la spoliation systématique …"
 
Il y incluait de nombreux autres crimes. Il accusait Israël d’imposer délibérément des conditions de vie inhumaines. Il est resté en prison. Il a été interviewé le 15 avril dernier et a commenté l’imposture des pourparlers de paix. Il avait encore beaucoup de choses à dire.

L’universitaire Adnan Abu Amer l’a interrogé en arabe

Les négociations Israël/Palestine ont commencé en juillet dernier. Elles étaient mortes avant de commencer. Elles n’ont abouti nulle part. Israël exige tout à sa façon, il n’offre rien en retour. Les pourparlers ne servent à rien. Comme convenu, la date butoir du 29 avril approche. Abbas est un collaborateur israélien de longue date. Il a accepté de manière irresponsable de prolonger les négociations.
Il a dit "pour la fin de l’année - peut-être bien en 2015. En retour, il demande des concessions trop mineures pour compter.

Pourquoi ? Il faudra qu’il s’explique. Le 18 avril Ma’an News titrait : « Aucune percée dans les pourparlers de paix israélo-palestiniens. Précisant : le 17 avril, cinq heures de « discussions très difficiles » n’ont pas débouché sur un accord. Une source palestinienne non nommée a dit : « Le fossé (entre les deux parties) est toujours très large. Il n’y a eu aucune avancée ».

Le vendredi, le négociateur américain Martin Indyk a rencontré tour à tour chacune des parties. Rien n’a réussi.

Le commentateur israélien Nahum Barnea a comparé les 9 mois de pourparlers à de la « torture mutuelle » prolongée. Il a dit : « Kerry les a laissés aller comme un joueur de casino, qui insiste à remettre son argent sur la roulette, dans l’espoir que la roue finira par s’arrêter sur son numéro. Il a cru qu’il parviendrait à un accord de paix. Ensuite il s’est limité à un accord-cadre. Ensuite il s’est encore davantage limité, avec une proposition américaine pour un accord-cadre. Puis juste à des idées. Finalement, tout le prestige des Etats-Unis a été investi dans un accord marginal, contestable, qui ne fera que prolonger la torture mutuelle ».

Il convient de répéter ce que soulignaient des articles précédents. Les chances de parvenir à un accord juste et équitable sont virtuellement nulles. Prolonger les pourparlers ne sert à rien. Les multiples sessions précédentes n’ont abouti à rien. N’attendez pas qu’il en soit autrement cette fois-ci.

Barghouti a des choses à dire.

C’est ce qu’il a fait depuis sa prison. En mai 2002 il a été kidnappé, dit-il. Cet enlèvement succédait à différentes tentatives manquées d’Israël pour le tuer. Trois mois d’instruction épuisante ont suivi. Il a passé plusieurs années à l’isolement. Sa cellule faisait 2 mètres de long sur 1,5 mètre de large. Cafards, rats et moustiques l’infestaient. Il n’existait aucune ventilation.

« J’étais complètement isolé du monde » dit-il. Il a eu 6 livres tous les 6 mois. C’est la Croix Rouge Internationale qui avait pu les lui fournir. En prison il a appris l’hébreu.

Il dit la situation palestinienne « de plus en plus difficile ». Israël « bloque » les efforts de paix. La dureté de l’occupation persiste. Les Israéliens ont à nouveau élu un gouvernement pas du tout disposé à mettre fin à l’occupation et aux colonies, ni à faire la paix avec les Palestiniens.

Il blâme le Fatah de ne pas se réconcilier avec le Hamas. Cet échec complique la scène palestinienne. Il soutient l’unité nationale : parvenir à l’unité nationale constitue la loi de la victoire des mouvements de libération nationale pour les peuples opprimés. La réconciliation est un pré-requis pour l’unité du peuple et l’établissement d’un Etat.

Il est confiant : un jour, l’unité et la réconciliation auront lieu. Les Palestiniens triompheront.

Les pourparlers de paix actuels sont vains. Ils ont échoué parce qu’Israël donne priorité à la violence, à l’instabilité et à la dominance.

Il veut que la Palestine soit membre à part entière de l’ONU. Il veut une participation pleine et entière aux conventions et aux accords internationaux. Il souhaite que les responsables israéliens rendent des comptes devant la Cour Criminelle Internationale (CCI)

Il veut davantage d’aide de la communauté internationale pour isoler et punir Israël. Il veut qu’Israël soit boycotté politiquement, économiquement et militairement.
Il veut que la résistance populaire s’amplifie et que tous les éléments palestiniens y soient impliqués. Il veut un futur état palestinien dans les frontières de 1967.

Il déplore l’implication des USA dans les pourparlers de paix, qui fournissent un soutien unilatéral à Israël et qui rendent impossible une résolution pacifique du conflit. L’Amérique n’est pas un honnête courtier : si elle voulait la paix dans la région, elle l’aurait exigée d’une manière claire et explicite.

Pour y arriver il faut mettre un terme à l’occupation des territoires occupés en 1967, pour préparer la création d’un état palestinien avec sa capitale à Jérusalem-Est, en application de la Résolution 194. Aux termes de celle-ci, en décembre 1948, « ... il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables ».

L’admission d’Israël à l’ONU avait été subordonnée à l’acceptation et à l’application de la Résolution 194. Les membres de l’Assemblée Générale ont affirmé le droit au retour des dizaines de fois. Israël le dénie. Selon une décision de la Cour Suprême israélienne : « La Judée, la Samarie et Gaza ont été sous occupation belligérante de l’État. Ce ne sont pas des parties de l’état d’Israël." Peu importe. Israël gouverne extrajudiciairement. Les extrémistes au pouvoir ignorent les décisions de leur propre Haute Cour. Seuls les juifs ont des droits. Tous les aspects de la vie en sont affectés. On refuse systématiquement aux Palestiniens ce qui est trop vital pour qu’ils y renoncent.

Les droits incluent la souveraineté, la terre, le logement, la culture, l’éducation, les soins de santé, l’emploi et la liberté religieuse, entre autres. Ils incluent tout ce qui se fonde dans le droit international.

L’échec à obtenir un traité de paix juste et équitable menace de transformer un conflit à bas bruit en un conflit plus important

L’initiative arabe de paix constitue le minimum accepté par les Arabes pour se mettre d’accord (équitablement) avec Israël. Mais ce qui a été publié par la délégation ministérielle arabe à Washington quant au fait d’être prêts à amender les frontières de 1967 et à accepter le principe d’un échange de terres, a nui à la position des droits arabes et palestiniens. Cela n’a fait qu’aiguiser l’appétit israélien pour davantage de concessions. Personne n’a le droit de modifier ni d’échanger une frontière de pays.

Il veut le retrait israélien complet de Palestine selon les frontières de 1967. Il y inclut "toutes les colonies, qui se trouvent sur des terre palestiniennes volées".
Elles n’ont aucune légitimité, il exclut de les incorporer à Israël.

La seule solution possible en ce moment est une solution à deux états. Il met l’accent sur une Palestine souveraine dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Il ne faut pas l’abandonner. Cette dure occupation doit cesser. L’unité palestinienne devra travailler pour "un état indépendant avec la pleine souveraineté".

Les Israéliens devraient se rendre compte que le dernier jour de l’ère de l’occupation sera le premier jour de paix dans la région. Ils doivent annoncer leur bonne volonté pour mettre fin à l’occupation, se retirer des frontières de 1967, reconnaître l’autodétermination des Palestiniens, « y compris leur droit d’établir un état indépendant ayant une pleine souveraineté, avec Jérusalem-Est pour capitale ».

Barghouti exige la fin de l’apartheid israélienne, basée sur l’occupation, les colonies et le racisme.

L’alternative à l’échec de la solution à deux états ne sera pas un état binational mais la continuation et l’extension du conflit sur base d’un conflit d’existence sans compromis. Que Israël fasse la paix avec les pays de la région n’assurera pas la stabilité globale. Les Israéliens se trompent s’ils croient que le statu quo va continuer, ils devraient se rendre compte qu’ils n’obtiendront la sécurité que par la paix, que le peuple arabe a changé et qu’ils ne pourront pas défier éternellement la région.

Ces huit dernières années, Abbas a raté une occasion historique de parvenir à la paix. Il conspire avec Israël, de manière irresponsable, croit Barghouti. Il est l’homme de main d’Israël, il coordonne une sécurité sans précédent contre son propre peuple. En échange, des terres palestiniennes sont volées. Jérusalem a été judaïsé, des Palestiniens sont déportés, leur maison, leur liberté et leur avenir sont détruits.

Il insiste sur le droit des peuples à résister, par tous moyens et méthodes : c’est reconnu par la Charte des Nations Unies et par le droit international.

Le temps d’Abbas touche à sa fin.

Les Palestiniens seuls doivent choisir son successeur. Barghouti s’est engagé à lutter pour leur liberté, pour l’indépendance et pour la paix. C’est sa priorité. Il a consacré toute sa vie à la lutte populaire. Les Palestiniens seront libres un jour : la cessation de l’occupation est inévitable.

Il croit que les arabes rejettent la tyrannie et la dictature, l’occupation et la répression, et qu’ils n’ont pas à vivre enfermés dans un régime arabe paralysé et impuissant, tourmentés et soumis à la la domination de la sécurité politique américaine et de la force militaire.

Les régimes arabes ont échoué à construire des institutions démocratiques. Une réforme constitutionnelle devra mettre un terme à des décennies de dictature et de répression. Il faut construire de nouvelles fondations, instaurer les droits démocratiques basés sur un pluralisme politique, sur les droits religieux, la liberté intellectuelle et le règne des principes du droit. Le changement révolutionnaire en dépend, souligne-t-il. Les instaurer est le seul moyen d’en finir avec la subordination.

La paix dans la région dépend de la réussite des Palestiniens à établir leurs droits fondamentaux, dans lesquels Barghouti inclut l’indépendance souveraine, l’équité et la justice. Il est persuadé que cela sera fait, et quant à lui, libre ou prisonnier, il travaillera pour que ce jour-là arrive.

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* Stephen Lendman vit à Chicago. Auteur de plusieurs livres, il publie depuis 1999 ses chroniques de géopolitique, notamment dans son blog, et il présente des interviews sur Progressive Radio Network. Il est lauréat de Project Censored en 2008 et du Club des Journalistes Mexicains en 2011. Son adresse : lendmanstephen@sbcglobal.net.

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22 avril 2014 - Steve Lendman Blog - Vous pouvez consulter et article à :
http://sjlendman.blogspot.be/2014/0...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM


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