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Étudier aux États-Unis au risque de se faire tuer ou emprisonner par Israël

samedi 29 mars 2014 - 15h:02

Murad Owda - EI

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L’été dernier, j’étais ravi d’apprendre que j’ai décroché une bourse d’études à l’Université Brown de Service Social [Brown School of Social Work]. Mais je ne pouvais presque pas y être pour une seule raison : Je suis un Palestinien de Bethléem.

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Chaque jour, ce sont des milliers de Palestiniens qui voient leur liberté fondamentale restreinte par le mur israélien à Bethléem, ville de la Cisjordanie occupée. (APA images)

J’ai risqué la prison et la mort rien que pour étudier à l’Université de Washington.

D’abord, je devais me rendre au Consulat des Etats-Unis à Jérusalem pour déposer ma demande de visa. Six kilomètres seulement séparent Jérusalem et Bethléem, seulement voilà, il est extrêmement difficile de s’y rendre à cause d’un géant mur qu’Israël fit érigé, il y a de cela presque dix ans.

J’ai donc suivi le processus d’obtention d’autorisation d’entrée à Jérusalem, n’omettant aucun canal bureaucratique imposé. Toutefois, ma demande a été quatre fois rejetée pour motif de menace à la sécurité. Les Israéliens n’ont pas jugé important de m’expliquer les raisons du rejet, sachant que mon casier judiciaire est propre et sans antécédents.

Je me suis ensuite retourné vers les responsables américains pour leur exposer ma situation, ce à quoi ils m’ont répondu que ce n’était pas leur problème. Pour faire ma demande de visa, je devais me présenter à leur consulat le 16 juillet à 10h00.

Pour ce faire, j’ai dû me faufiler furtivement tel un criminel fuyant les soldats. J’ai parcouru des kilomètres de distance pour trouver une petite ouverture. J’ai traversé des collines. Je suis passé par des arbres épineux. J’ai rampé dans les conduits d’égouts tout en sachant pertinemment que toutes les personnes qui s’étaient déjà aventurées par-là et qui ont fini par être découvertes par les soldats israéliens sont mortes soit étouffées par les gaz lacrymogènes ou bien par les chiens introduits dans les canalisations.

Lorsque je suis arrivé à Jérusalem, je me suis lavé avec une bouteille d’eau, dissimulé mes blessures et mes bleus en doublant mes vêtements avec une paire qui était dans mon sac à dos pour pouvoir enfin me rendre au consulat pour parler avec les responsables américains. Immédiatement après, je me suis caché dans la maison d’un ami pendant trois jours, n’osant pas mettre mon nez dehors.

J’ai réussi à voyager et je suis enfin là. Je suis chanceux comparé à des milliers de Palestiniens qui désirent étudier mais pour lesquels, la chance n’a pas encoure sourit. Et c’est pour cette raison que j’ai été contrarié par le recteur de l’Université de Washington, Mark Wrighton, qui a récemment condamné le soutien de l’ American Studies Association (ASA) au boycott des institutions académiques d’Israël.

Bien qu’il s’agisse d’un boycott extrêmement limité, ciblant uniquement les institutions et non les universitaires, Wrighton a déclaré être « profondément préoccupé et consterné » car « le boycott viole directement la liberté académique. »

Mais qu’en est-il de ma liberté académique ? Qu’en est-il des dizaines de milliers d’enfants et d’enseignants Palestiniens dont le mouvement de et vers leurs écoles est entravé par les militaires israéliens ?

Laissons les études de côté. Qu’en est-il de la liberté fondamentale ? A cause d’Israël, ma famille est depuis 1948, devenue réfugiée apatride. Israël vole nos terres. Il vole notre eau. Il nous prive de la liberté de mouvement. Il nous taxe sans représentation. Il nous soumet à une violence arbitraire sans procès équitable. Il autorise des colons religieux et fanatiques armés à nous tourmenter tout en appliquant des codes juridiques sur les Palestiniens qu’il n’applique jamais aux Juifs Israéliens.

Pourquoi le recteur Wrighton ne se soucie-t-il pas des violations de mes droits académiques et de mes droits humains fondamentaux mais se sente « profondément préoccupé et consterné » que probablement une poignée d’universitaires israéliens pourraient être amenés à payer leurs propres billets d’avion s’ils décidaient de prendre part à une conférence de l’ASA ?

Je félicite cette dernière d’avoir répondu à l’appel du peuple Palestinien pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions contre les institutions qui sont complices dans le soutien du système israélien et la discrimination et la domination ethniques.

Ce mouvement non violent a contribué à changer le système injuste d’apartheid Sud-Africain. Il pourra donc soutenir notre lutte contre l’apartheid en Palestine afin que tout le monde puisse bénéficier des mêmes droits, indépendamment de la race, de l’ethnicité ou de la religion de chacun.

*Murad Owda est originaire du camp de réfugiés de Dheisheh, à Bethléhem, Palestine. Il est inscrit pour une maîtrise en service social à l’université de Washington à Saint-Louis, Missouri. Cet article a d’abord été publié dans Student Life et il est repris par The Electronic Intifada avec leur accord.

20 février 2014 – Electronic Intifada – Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha


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