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Gaza : un mois de janvier sanglant

samedi 8 février 2014 - 22h:25

Rosa Schiano

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La nouvelle année a débuté dans le sang, pour les Palestiniens de Gaza qui, en plus d’endurer des conditions socioéconomiques de plus en plus pénibles, ont continué à être confrontés à la violence israélienne.

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Thaer Mohammed Rab’a - Photo : Rosa Schiano

Au cours du mois de janvier, il y a eu de nombreuses attaques dans les zones voisines de la barrière de séparation entourant la bande de Gaza, plusieurs incursions de véhicules militaires israéliens en territoire palestinien, des frappes aériennes de précision et, presque en permanence, des attaques de la marine de guerre israélienne contre les pêcheurs.

Les « vendredis sanglants », les attaques contre les jeunes de la résistance populaire

Récemment, la résistance populaire s’est accrue dans la bande de Gaza. Chaque vendredi, des centaines de jeunes Palestiniens se rassemblent près du cimetière d’Al-Shuhada, à l’est de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Parfois, ils lancent des pierres aux soldats israéliens et tentent d’installer des drapeaux palestiniens sur la clôture qui sépare la bande de Gaza du territoire occupé par Israël en 1948.

Les forces israéliennes ouvrent le feu sans la moindre discrimination sur ces jeunes non armés. Parfois il y a des blessés ou des morts. En janvier, deux jeunes Palestiniens, dont un gosse, ont été tués pendant les manifestations populaires. Et au moins 14 jeunes Palestiniens ont été blessés par balles au cours de ces événements. Dans la majorité des cas, il était fait état de blessures aux membres inférieurs.

Le 2 janvier, Adnan Jamil Shehda Abu Khater, 17 ans, s’est rendu au cimetière d’Al-Shuhada avec quelques amis une fois les cours terminés. Les jeunes étaient à quelque cinq cents mètres de la clôture quand les forces israéliennes ont ouvert le feu, blessant Abu Khater d’une balle dans la région pelvienne. Il devait décéder le lendemain.

Le 3 janvier, dans la même zone, les forces israéliennes ouvraient le feu sur un groupe de jeunes à environ deux cents mètres de la clôture. Khaled Ibrahim Ouda, 21 ans, était blessé d’une balle dans le flanc droit alors qu’il se trouvait, lui, à trois cents mètres de cette même clôture. « Ils concouraient pour être le plus près de la clôture », a déclaré l’un des proches de Thaer.

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Des équipes de la défense civile s’emploient à nettoyer les décombres laissés par une attaque aérienne israélienne le 31 janvier - Photo : Rosa Schiano

Le 11 janvier, dans la même zone, l’armée israélienne ouvrait le feu sur un groupe de jeunes qui se trouvaient à proximité de la clôture. Mahmoud Atef Mohammed Lubbad, 22 ans, était touché d’une balle dans la jambe gauche. Le 24 janvier, l’armée israélienne ouvrait le feu sur un groupe de jeunes qui jetaient des pierres aux soldats. Cinq jeunes civils étaient blessés. Mo’aaz Munir Salman Ghabit, 18 ans, faisait état d’une blessure sans gravité dans la cuisse gauche ; Abdullah Mohammed ‘Abdullah ‘Awad, 22 ans, une blessure sans gravité avec fracture à la main droite ; Salem Nafez Salem Abu Aser, 21 ans, une blessure légère au pied droit ; Mohammed Naser Hasounah Abu Qamar, 18 ans, une blessure légère au bras gauche ; et Yehia Mahmoud Omer al-Jammal, 20 ans, une blessure légère dans le dos.

Le même jour, un groupe de jeunes Palestiniens se rassemblait dans un endroit au nord de Beit Lahia. Ils se sont approchés de la frontière et ont lancé des pierres aux soldats. Belal Samir Ahmed ‘Aweidah, 19 ans, de Beit Lahia, a été tué aussitôt d’une balle dans la poitrine. Sa mère a décrit comment son fils avait été tué.

« Nous déjeunions », dit-elle. « Ç’a été notre dernier déjeuner. Après, il s’est habillé. Je lui ai demandé : ‘Où vas-tu ?’ ‘Je vais faire un tour avec quelques copains’, a-t-il dit. »

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Belal Samir Ahmed ‘Aweidah, quelques instants avant d’être assassiné par un sniper de l’armée israélienne - Photo : Akram ‘Aweidah

Belal, en compagnie d’autres jeunes, a passé le vendredi après-midi à prendre des photos près de la clôture et à « regarder nos terres occupées de l’autre côté de la barrière », a déclaré son cousin Akram. Un sniper lui a tiré une balle dans la poitrine.

« J’ai entendu une balle », a-t-il dit. « Nous nous sommes encourus. Belal courait à mes côtés. Il courait avec la balle dans la poitrine. Puis il m’a dit : ‘Akram, Akram, je suis blessé’, et il est tombé par terre. »

Akram nous a montré les photos qu’il avait prises de Belal avant que celui-ci ne soit tué.

Le 31 janvier, le dernier vendredi du mois, six jeunes ont été blessés à proximité du cimetière à l’est de Jabalyia. Deux des blessés ont été admis à l’hôpital de Kamal Odwan à Beit Lahia. Moaz Al Tlalqa, 21 ans, a été blessé à la cuisse droite, la balle provoquant une fracture multiple.

« Nous voulons la fin du siège et nous voulons vivre comme les autres gens du reste du monde », a-t-il expliqué plus tard. Le deuxième Palestinien blessé, Mahmoud Muharram, 24 ans, a essayé d’atteindre le corps d’un autre jeune blessé qui se trouvait à vingt mètres de la clôture. Les soldats lui ont dit de s’en aller et de laisser là le corps du jeune homme. Mahmoud a refusé. Un soldat lui a tiré une balle dans la jambe gauche.

« Les soldats ont pris le drapeau palestinien que nous avions placé sur la clôture et l’ont piétiné », a dit Mahmoud, ajoutant : « Ce pays a été plus inondé de sang que d’eau. »

Dans la cour de l’hôpital, plusieurs jeunes présents vendredi à la manifestation, y compris un jeune homme blessé la semaine précédente, sont rassemblés.

« Vendredi prochain, je vais mettre le drapeau palestinien sur la clôture », a déclaré l’un d’eux.
« C’est dangereux », a dit un activiste international.
« Quoi qu’il soit écrit dans le ciel, nous l’affronterons », a répondu le jeune homme.

Frappes aériennes et assassinats extra-judiciaires

En janvier, les forces aériennes israéliennes ont effectué deux attaques contre des terres agricoles en friche. Trois attaques contre des sites de la résistance palestinienne, au cours desquelles un enfant de trois ans a été blessé par des éclats d’une fenêtre brisée de sa maison. Deux écoles de l’UNWRA et plus de vingt maisons ont été endommagées au cours de la même attaque.

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Photo : Rosa Schiano

Trois tentatives d’assassinats extra-judiciaires, considérées comme illégales par les lois internationales. Le 9 janvier, un avion de guerre israélien a lancé un missile sur une motocyclette Tuk Tuk emmenant deux membres de la résistance militaire, à l’est de Khan Younis. Les deux hommes ont été blessés et les fenêtres des maisons adjacentes ont été endommagées. Un enfant de trois ans, Heba Abdullah al-Ghalban, a été blessé par des éclats de verre.

Le 19 janvier, un drone israélien a lancé un missile sur une motocyclette pilotée par un activiste des brigades Al-Quds, l’aile armée du Djihad islamique, dans la rue Al-Saftawi, dans la ville de Jabalia. L’activiste a été grièvement blessé, un enfant de 11 ans a été blessé par un shrapnel et un âne a été tué. Le 22 janvier, dans une autre tentative d’exécution extra-judiciaire, un drone israélien a lancé un missile sur une voiture civile à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Les deux passagers, Ahmed Mohamed Khalil al-Za’anin, 21 ans, membre de la résistance, et son cousin Mohammed Yousif Ahmed al-Za’anin, 22 ans, ont été tués.

Le 31 janvier, vers 2 h 40 du matin, des avions de guerre israéliens ont effectué des frappes aériennes à Rafah, à Safena (au nord de Gaza City) et contre un bâtiment à proximité de Sheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza. Dans ce dernier cas, de nombreux animaux élevés dans la structure bombardée, ont été tués. Au cours de la même période, des groupes de la résistance palestinienne armée ont lancé plusieurs roquettes en direction du territoire israélien et le ministère israélien de la Défense a brandi la menace d’une nouvelle offensive militaire si le gouvernement de Gaza n’empêchait pas ces lancements de roquettes.

Agression contre les pêcheurs de Gaza

En janvier, la marine de guerre israélienne a effectué au moins treize attaques contre des pêcheurs palestiniens, attaques au cours desquelles les pêcheurs ont été obligés d’abandonner leurs occupations. Nous faisons remarquer que toutes ces attaques se sont déroules à moins de 3 milles nautiques des côtés, excepté une, à 6 milles nautiques.

Nous avons également remarqué que la plupart de ces attaques ont eu lieu dans les eaux proches du nord de la bande de Gaza. Trois pêcheurs ont été arrêtés, dont un enfant. Au cours des arrestations, les pêcheurs ont été interrogés, on leur a posé des questions personnelles et d’autres sur des endroits et des personnes de Gaza. Leurs bateaux ont été confisqués.

Incursions

Des véhicules militaires israéliens se sont livrés à plusieurs incursions et opérations de « nivellement » sur des terres agricoles palestiniennes. Dans plusieurs cas, l’armée a ouvert le feu sur des fermiers et d’autres civils à Khan Younis et Beit Hanoun, les forçant à quitter le secteur. Dans un des cas, un civil a été blessé à Beit Hanoun, à trois cents mètres de la clôture.

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* Rosa Schiano est une activiste et photographe italienne qui vit à Gaza. On peut la suivre sur Twitter : @rosa_schiano

5 février 2014 - International Solidarity Movement - Vous pouvez consulter cet article à :
http://palsolidarity.org/2014/02/a-...
Traduction : Plateforme Charleroi-Palestine - JM Flémal.


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