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Cinq Palestiniens tués en cinq jours en Cisjordanie

mercredi 4 décembre 2013 - 06h:23

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Selon les dernières statistiques établies par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 27 Palestiniens ont été tués entre janvier et octobre cette année, dont 15 après le début des pourparlers de paix fin juillet. Au moins 8 Palestiniens ont été tués au cours du mois de novembre.

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Funérailles de Khaled al-Najjar et Mussa Fanasheh le 27 novembre à Yatta

Des heurts se sont produits à Qalandiya jeudi soir et vendredi matin après le décès de Mahmoud Wajih Awwad, mort après des affrontements à l’entrée du camp.

Dispersion d’émeute

Mahmoud Wajih Awwad avait passé les huit derniers mois dans le coma après que des soldats israéliens lui eurent tiré une balle d’acier caoutchouté en pleine tête, lors d’affrontements à l’entrée du camp de réfugiés de Qalandiya, rapporte l’agence Ma’an News. Il avait été soigné à l’hôpital Hadassah Ein Karem de Jérusalem, où les médecins ont annoncé son décès jeudi dernier, selon le Palestine News Network. Il avait 28 ans.

En réaction à sa mort, des heurts ont éclaté à Qalandiya jeudi soir. « Quand je suis passé au checkpoint de Qalandiya pour aller de Jérusalem à Ramallah jeudi vers 23 heures, j’ai vu qu’une douzaine de soldats en équipement de protection et quatre véhicules blindés avaient pris position aux entrées du checkpoint à la limite du camp de réfugiés de Qalandiya » dit un travailleur d’une ONG de Ramallah au Palestine Monitor. « Une centaine de manifestants s’étaient rassemblés sur la route à quelques centaines de mètres de là. Quelques minutes plus tard, j’ai vu une ambulance roulant de Qalandiya vers Ramallah avec un convoi de voitures la suivant de près ».

Les techniques israéliennes dites « de dispersion d’émeutes », qui consistent à tirer des balles d’acier gaîné de caoutchouc et des bombes de gaz lacrymogène, ont déjà tué bien des manifestants dans le passé. Ainsi en septembre de cette année, l’Avocat général militaire d’Israël clôturait le dossier sur la mort de Bassem Abou Rahmeh sous le prétexte de défaut de preuves : The Guardian.

Il avait été tué en avril 2009 par des soldats israéliens qui lui avaient lancé une bombe lacrymogène en pleine poitrine lors d’une manifestation à Bili’n. Les organisations de défense des droits de l’homme B’Tselem and Yesh Din ont souligné que des vidéos montrent qu’il n’avait aucun comportement violent et ne mettait aucunement en danger la vie des soldats au moment de sa mort.

La sœur de Bassem Abou Rahmeh, Jawaher, a été tuée en décembre 2011 au cours d’une manifestation similaire à Bili’n, ayant été intoxiquée à mort par du gaz lacrymogène tiré par des soldats israéliens.

Empêchée de rejoindre l’hôpital

Plus tôt jeudi dernier, la jeune Nour Mohammad Afaneh, 14 ans, était décédée dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital. Son père a confié à Ma’an News Agency qu’elle se trouvait dans un état critique en raison de complications liées à une grave pneumonie.

L’ambulance qui emmenait la jeune fille à l’hôpital gouvernemental de Beit Jala a été arrêtée au checkpoint de Container Road au nord de Bethléem à cause de la fermeture du poste de contrôle. L’ambulance a tenté de rejoindre l’hôpital par trois routes alternatives au milieu d’un trafic dense, avant d’essayer de l’emmener plutôt à l’hôpital gouvernemental. Mais elle est décédée avant d’y arriver.

Les forces israéliennes ont bouclé le poste de contrôle pendant les trois derniers jours, dit le porte-parole Hani Halbiya à Ma’an. Cela aggrave encore la situation existante, c’est à dire un trafic extrêmement dense dans la zone entre Betléhem et Ramallah.

Assassinats extra-judiciaires à Hébron

Le mardi 26 novembre, 3 Palestiniens ont été tués à Yatta, au sud de Hébron, dans le gouvernorat de Hébron. Le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) a publié jeudi un rapport qualifiant ces meurtres "d’assassinats extra-judiciaires" et de « graves violations de la 4ème Convention de Genève.

Selon le rapport du PCHR, ces meurtres ont été perpétrés lors de deux incidents distincts dans Yatta et aux alentours. Vers 18 heures, des soldats israéliens ouvraient le feu sans sommation sur un véhicule Subaru avec deux occupants, Mousa Mohammed Makhamra et Mohammed Fouad Nairoukh, près de l’entrée de la Route 60 à l’est de Yatta. Ces deux personnes ont été tuées.

A 18h30, des soldats se sont mis à tirer et ont utilisé des explosifs pour démolir la porte d’entrée d’une maison au nord de Yatta. Mahmoud Khaled al-Najjar a été tué par deux soldats qui ont fait feu dans sa direction alors qu’il passait à proximité. Le rapport du PCHR établit que « les Forces israéliennes … ont ouvert le feu au hasard vers al-Najjar qui marchait non loin de la maison ».

L’armée israélienne a prétendu que ces meurtres faisaient partie d’une opération « ciblant un groupe qui projetait des attaques en Israël », selon l’agence WAFA. Un porte-parole des FDI a dit que les victimes auraient été membres d’un groupe salafiste djihadiste qui planifiait des attaques à la fois contre Israël et contre l’AP.

De toute manière, les meurtres de Makhamra, Nairoukh, et al-Najjar équivalent à « la peine de mort sans procès », écrit Nasser Lahham, rédacteur en chef de Ma’an News Agency, dans son éditorial sur le site web de l’agence.

« L’armée s’auto-proclame procureur, juge et bourreau » a déclaré le docteur Moustafa Barghouti dans un entretien accordé au Palestine Monitor. « Ces assassinats extra-judiciaires sont extrêmement dangereux et ils provoquent beaucoup de colère chez les gens », ajoute-t-il.

Ils tuent tout en parlant de paix

Au cours de l’actuel cycle de négociations de paix sous médiation onusienne, depuis le 29 juillet de cette année, le gouvernement israélien a accusé à maintes reprises l’Autorité Palestinienne de saboter et de saper les pourparlers. Et pourtant, Israël n’en a pas moins tué 23 Palestiniens depuis lors, annonçant en outre à plusieurs occasions l’expansion de ses colonies illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

« Israël utilise les négociations de paix pour dissimuler l’expansion de la colonisation et l’oppression généralisée du peuple palestinien », affirme Barghouti au Palestine Monitor. Lundi dernier, Israël annonçait la construction de 800 nouvelles maisons de colons en Cisjordanie, et ce deux semaines après avoir suspendu un projet portant sur la construction de 20.000 nouveaux logements.

* Lien S. est une jeune journaliste flamande volontaire en Palestine puis stagiaire au Palestine Monitor à Ramallah.

30novembre 2013 - Palestine Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestinemonitor.org/det...
Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert


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