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Les émigrants ont le blues

samedi 28 avril 2007 - 07h:03

Serge Dumont - Le Soir

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L’« Alyah », la montée vers la Terre sainte, est en chute libre. Les départs s’accélèrent. Surtout auprès des Russes.

« Que le dernier à quitter le pays éteigne les lumières de l’aéroport ».
Durant les années 1975-1985, cette blague cynique révélait mieux qu’une longue enquête l’état d’esprit de nombreux Israéliens qui quittaient leur pays pour s’installer en Europe ou aux Etats-Unis.
A l’époque, l’Etat hébreu connaissait une situation économique catastrophique et les perspectives de paix semblaient encore plus bouchées qu’aujourd’hui. Près de 30 ans plus tard, de nouveaux chiffres publiés à l’occasion du 59è anniversaire de la création du pays révèlent l’existence d’un phénomène semblable.

Certes, l’Etat hébreu compte désormais 7.150.000 habitants et sa population a augmenté de 124.000 unités (1,8 %) en 2006. Mais le phénomène de l’« Alyah » (la « montée » des Juifs vers la Terre sainte) est en chute libre. En 2006, 19.267 « olim » (nouveaux émigrants) ont été enregistrés, contre 21.168 en 2005, qui était déjà considéré comme une année « catastrophique ».

Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur enregistre une forte croissance de la « Yerida » (départ vers l’étranger). Selon le Bureau central des statistiques, le nombre des départs atteindrait 20.000 à la fin de l’année. A contrario, le nombre d’entrée stagnera à 14.000. Ce solde négatif affole le Ministre de l’Intégration Zeev Boïm et le président de l’Agence juive Zeev Bielski (l’organisme chargé d’aider les Juifs à émigrer vers Israël). Quant à Ehoud Olmert, il y voit « une menace stratégique pour l’existence de l’état juif ».

« Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que nous ne pouvons plus nous attendre à de grosses vagues d’émigration semblable à celle venue de l’ex-URSS à partir de 1990 (près d’un million de personnes, NDRL) et que le taux de natalité des pays arabes voisins ainsi que de la population palestinienne des Territoire est beaucoup plus élevée que la nôtre », estime le chroniqueur Motti Kirchenbaum.

Le phénomène de « Yerida » a pris de l’ampleur peu après l’éclatement de l’Intifada (septembre 2000). Principalement parmi les « olim » ex-soviétique. En décembre 2003, le supplément économique du quotidien Maariv a d’ailleurs révélé que près de 3.000 d’entre eux retournaient chaque année dans leur république d’origine. A en croire cette enquête, des entreprises situées à Moscou et à Saint-Pétersbourg accélèrent ce mouvement en recrutant par le biais d’offres d’emploi publiées dans les gazettes russophones de l’Etat hébreu.

Mais l’envie de quitter l’Etat hébreu tenaille aussi un nombre croissant de « sabras », les Israéliens de souche. Surtout depuis l’entrée en fonction du gouvernement d’Ehoud Olmert suivie par la deuxième guerre du Liban. Dimanche, un sondage publié par le quotidien Yediot Aharonot a ainsi révélé que 25% des « sabras » ont envisagés de partir dans le courant de 2006. Combien sont-ils passés de la théorie à la pratique ? Mystère.

En tout cas, cette même étude affirme que 50% des 18-29 ans veulent refaire leur vie aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et dans une moindre mesure en Europe. Les personnes sondées se déclarent insatisfaites de leurs conditions de vie, de la manière dont leur pays est gouverné, de la corruption, de la dégradation de la situation sécuritaire, de la médiocre qualité de l’enseignement ainsi que des prestations de la plupart des services publics.

Afin de s’installer à l’étranger, de nombreux Israéliens tentent de récupérer la nationalité de leurs grands-parents disparus durant la Shoah. A Tel Aviv, des cabinets de juristes plus ou moins sérieux se sont d’ailleurs spécialisés dans le suivi des démarches administratives en Pologne, Roumanie, Allemagne et Autriche. Mais d’autres ressortissants renoncent définitivement à leur nationalité pour adopter celle de leur pays d’accueil. En 2005, ils étaient 808, majoritairement venus des ex-républiques soviétiques. En 2006, ils n’étaient que 775 mais le ministère de l’Intérieur reconnaît que ces « yordim » sont jeunes et « mieux éduqués » que la moyenne de la population.


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Serge Dumont - Le Soir, le 24 avril 2007


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