Les habitants de Gaza se sont habitués au bruit des drones volant au-dessus de leurs têtes jour et nuit. Israël considère la bande de Gaza - un territoire minuscule et assiégé - une « entité hostile », et tente par tous les moyens d’obtenir autant d’informations que possible sur ce qui s’y passe, de quelque manière que ce soit.
- Un drone des forces aériennes israéliennes survole la bande de Gaza, au-dessus de la frontière nord, le 9 avril 2011 - Photo : Reuters/Darren Whiteside
Bien que le mot « drone », suggère un avion utilisé pour l’espionnage et la surveillance, les dronessont aussi des outils pour tuer, en ciblant des Palestiniens. Les attaques de drones les plus graves jusqu’à présent ont été les assassinats de dirigeants politiques du Hamas, comme Ahmed Yassin en 2004 et le chef militaire du Hamas, Ahmed al- Jabari, en 2012.
Les habitants de Gaza sont en mesure d’identifier rapidement le bruit irritant des drones chaque fois qu’ils entrent dans l’espace aérien de Gaza. Les drones interfèrent également avec les signaux de télévision par satellite.
Les drones israéliens sont une grave menace pour les factions palestiniennes armées. Ces drones permettre à Israël de suivre les mouvements des combattants et leurs préparations militaires dans la bande de Gaza, et de bombarder les militants, les sites de tirs de fusées et de stockage d’armes .
Kamal Terban, le doyen de l’Académie de sécurité palestinienne à Gaza, a déclaré que l’activité militaire dans la bande de Gaza était devenue très risquée en raison des avancées technologiques israéliennes dans le suivi et le ciblage des groupes armés palestiniens.
« Les drones israéliens restreignent le mouvement des militants dans la bande de Gaza et les forcent à agir avec prudence, surtout que ces drones sont très nombreux dans l’espace aérien de Gaza. Ces engins sont très stressante pour les civils comme pour les combattants. Cela a nécessité le développement de groupes de sécurité par les ailes militaires palestiniennes pour surveiller et signaler l’entrée de tout type d’aéronef dans l’espace aérien de Gaza et en avertir les combattants de la résistance », a déclaré Terban dans une interview avec Al -Monitor, ajoutant que l’avertissement est transmis par des moyens de communication dont seuls disposent les combattants.
Les statistiques publiées par les centres de défense des droits de l’homme à Gaza montrent qu’Israël a récemment appris à compter principalement sur les drones pour s’attaquer aux Palestiniens armés.
Des engins pour espionner mais aussi pour tuer
Al -Monitor a obtenu des statistiques par le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme, montrant que de 2008 jusqu’à octobre 2013, sur 2269 Palestiniens tués par Israël , 911 l’ont été par des drones, la plupart au cours de l’attaque israélienne sur Gaza de l’hiver 2008-2009. Dans l’opération Pilier de défense, 143 des 171 Palestiniens tués par Israël en 2012 l’ont été dans des attaques de drones.
Les avions sans pilote se différencient par rapports aux tâches qu’ils exécutent. Certains drones militaires sont spécialisés dans les opérations de surveillance ; la plupart des drones appartiennent à cette catégorie. Il existe un type de drones conçu pour conduire des frappes uniquement, tandis que d’autres peuvent conduire les deux. Les drones sont généralement plus petits que les avions avec pilote et sont propulsés différemment. Certains drones volent avec des ballons, d’autres avec des hélices et une troisième catégorie avec des réacteurs.
Pour sa part, le correspondant de la radio militaire israélienne Eyal Alima considère que si Israël a récemment renforcé l’utilisation des drones c’est parce qu’il y a eu l’émergence d’une tendance militaire mondiale fondée sur l’usage des drones. Ces derniers sont en général prétendus moins dangereux sur les civils et frappent souvent leurs objectifs avec une plus grande précision.
Dans son entretien téléphonique avec Al-Monitor, Alima a expliqué que l’armée israélienne a imposé un contrôle militaire strict sur les moindres détails des parutions et des publications des médias concernant les armes ou les méthodes israéliennes et que par conséquent, les journalistes israéliens se basent sur les médias occidentaux pour donner cette information.
« L’armée israélienne permet un large recours à l’usage des drones, même au niveau du commandement du bataillon, ce qui permet à l’armée de recueillir les informations sur les zones qu’elle souhaiterait envahir, » souligne Alima qui ajoute : « Une guerre entre Israël et n’importe quelle autre partie, qu’elle soit imminente ou dans le futur, ne peut en aucun cas être conduite sans l’utilisation de drones ; une arme hautement stratégique aux yeux d’Israël. »
En dépit de la technologie de pointe dont dispose Israël, utilisée notamment pour espionner et pour cibler tout ce qu’il considère dans la Bande de Gaza comme une menace à sa sécurité, les factions armées de Gaza ont continué à tirer des missiles sur les villes israéliennes tout en réussissant à élargir la portée de leurs roquettes sur Israël.
Alima croit que tout service de renseignement dans le monde, quel que soit son progrès technologique, risque d’être pris au dépourvu. Et en même temps, les drones ont obligé le Hamas et les autres factions à « redoubler d’efforts et d’intelligence pour affronter Israël militairement. »
La résistance palestinienne apprend à s’adapter
D’après Terban, les factions militaires palestiniennes travaillent dur et fournissent de grands efforts pour contrecarrer le contrôle israélien du ciel de Gaza. Pour ce faire, les groupes dissimulent leurs mouvements en utilisant les immeubles, les arbres et la fumée, alors que les ingénieurs essaient de brouiller les signaux émis par les drones.
Quant aux civils, les drones israéliens ont un impact psychologique sur la population de Gaza, dont une grande partie souffre de traumatismes chroniques et complexes.
Ahmed Abu Tawahina, directeur du programme de la santé mentale à Gaza a déclaré à Al-Monitor que le bruit du drone crée chez les Palestiniens le sentiment d’insécurité, ce qui porte atteinte à leurs systèmes immunitaires physique et psychologique. En conséquence, les gens deviennent plus vulnérables aux maladies physiques et mentales.
Il a ajouté que cette absence du sentiment de sécurité ainsi que la résurgence de souvenirs douloureux des violences passées donnent lieu à une perte de l’énergie mentale ; un état qui aura sans nul doute un impact considérable sur les esprits des enfants, aujourd’hui et dans l’avenir.
* Hazem Balousha est un journaliste palestinien basé dans la Bande de Gaza. Il a travaillé à la BBC World Service, à la Deutsche Welle et a écrit pour The Guardian et Al-Raya (Qatar). Il est le fondateur de l’Institut Palestinien de la Communication et du Développement (Palestinian Institute for Communication and Development – PICD)
Du même auteur :
Les réfugiés rescapés du naufrage au large de l’île de Malte, sont en colère contre les dirigeants palestiniens - 25 octobre 2013
Syrie : le Jihad Islamique pourrait réagir si Israël s’engage dans le conflit - 5 septembre 2013
Le Hamas tente de tirer les conclusions du putsch militaire en Égypte - 20 juillet 2013
Le Hamas et le Hezbollah tentent une réconciliation - 18 juin 2013
29 octobre 2013 - Al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib & Niha