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Pourparlers de paix au Moyen-Orient : Non-objectifs atteints

mercredi 11 septembre 2013 - 08h:26

Dr Paul Larudee - Counterpunch

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À partir du moment où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont convenu d’envoyer des émissaires à Washington pour discuter de la reprise des 20 ans de pourparlers de paix, l’objectif des négociations avait été atteint. Pour quiconque n’est pas dans le coma, il est clair que ces négociations ne mèneront nulle part, ni à la paix, ni même à des pourparlers de paix, tout au plus à des pourparlers pour parler d’une reprise éventuelle des pourparlers.

Bien sûr, les différentes parties ont des motivations particulières bien distinctes pour participer à ces discussions, lesquelles ont été longuement discutées par de nombreux experts sur le sujet. Dans le cas de John Kerry et de l’Administration Obama, c’est de donner l’image de faire l’impossible – c’est-à-dire de réunir les parties à la table. D’un autre côté, on peut aisément dire que c’est un signe de la faillite de la diplomatie états-unienne, car après vingt ans d’efforts de pourparlers, ce processus est considéré aujourd’hui encore comme une réalisation majeure.

Pour Mahmoud Abbas, c’est la chance de paraître à la fois comme Salaheddine, le défenseur de Jérusalem pour les Palestiniens et le monde arabe, et le « bon » et « raisonnable » Palestinien à l’Occident. Il reconnaît le scepticisme de ses deux auditoires, mais quel choix a-t-il vraiment ? Son autre choix est d’être mis à l’écart et être perçu comme un acteur inutile, puis ainsi perdre potentiellement le seul rôle positif dont il peut faire preuve comme acteur politique en tant que distributeur des largesses pécuniaires des États-Unis et de l’Europe, si le financement dont les Palestiniens bénéficient est coupé ou réduit en raison de son refus de suivre les diktats états-uniens pour participer aux pourparlers.

Pour Netanyahu, ces négociations sont pour lui l’occasion de paraître moins intransigeant tout en restant plus ferme que jamais. En d’autres termes, ces pourparlers sont une belle occasion de faire des gains potentiels avec l’opinion publique en Occident en se présentant simplement à la table des négociations tout en ne cédant rien sur le fond de sa ligne pure et dure du côté de son électorat domestique. Il donne ainsi l’image d’un démocrate fin négociateur aux yeux du monde entier alors qu’en réalité il n’a nullement l’intention de faire quelque concession que ce soit. En fait, il peut ainsi montrer aux fascistes les plus sceptiques de son administration qu’il a déjà essuyé tous les accords (certes peu nombreux) conclus par les administrations israéliennes précédentes au cours des vingt dernières années, ce qui ramène les négociations à la case de départ. Ceci a été réalisé par Kerry en reconnaissant que « tout est sur la table », tout en promettant à Abbas que les négociations commenceraient là où on les avait laissées, autrement dit c’est l’équivalent de mettre une cheville carrée dans un trou rond lorsque les deux sont faits de porcelaine.

Toutefois, le véritable objectif des négociations est inhérent à leur échec : mettre en scène une fois de plus le jeu de la passion rituel, avec Abbas représentant les Palestiniens dans le rôle de Satan, et pour s’assurer qu’il connaît ses lignes, les États-Unis reçoivent des éloges pour offrir le jeu ; Israël est salué comme le héros ; et le public se rassemble autour de leur mépris pour les méchants Palestiniens. C’est ce qu’on appelle le processus de paix, et il doit être répété périodiquement afin d’assurer la tradition.

Rien de tout cela n’est nouveau. Il fait partie de l‘Histoire du Moyen-Orient depuis bien avant le début du « processus de paix » en 1993. En fait, les États-Unis d’Amérique peuvent s’appuyer sur leur histoire de traités rompus avec les nations amérindiennes de l’Amérique du Nord, qui ont toutes été blâmées pour leur propre disparition. Abbas est l’équivalent des Chefs amérindiens sélectionnés par les autorités américaines pour distribuer des haricots et de la viande avariée avec laquelle le reste de la tribu doit survivre. Il ne faut pas lui en vouloir, il ne veut pas les priver de leur seul moyen de subsistance.

Les discussions ont donc déjà atteint leur objectif : faire en sorte que les Palestiniens seront une fois de plus blâmés pour leur échec et qu’ils seront responsables pour la prochaine horreur qu’Israël leur infligera. Le reste est de l’opéra.


Paul Larudee (écrivain et défenseur des droits de l’homme, et l’un des co-fondateurs du mouvement pour briser le siège de Gaza par voie maritime.)

Adapté de On Those Middle East Peace Talks - Counterpunch


PAJU

Palestiniens et Juifs Unis (PAJU) est une organisation des droits de la personne. Nous reconnaissons explicitement le droit du peuple palestinien à une existence nationale ainsi que le droit de ce peuple de vivre dans la sécurité. Nous sommes contre toutes violations des droits de l’Homme. Le PAJU a été fondé à Montréal par Bruce Katz, un juif canadien et par Rezeq Faraj un Canadien d’origine palestinienne. Bruce et Rezeq sont des amis depuis plus de 25 ans. Notre groupe est composé de juifs, de Palestiniens et d’autres Canadiens et Canadiennes de conscience. Nous travaillons ensemble pour la promotion de la paix au Moyen-Orient ainsi qu’à l’éducation du public concernant la question palestinienne.

Source : http://www.pajumontreal.org/paju_fr/?/

10 septembre 2013 - PAJU


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