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Quelle sera la riposte du Hezbollah à une attaque américaine sur la Syrie ?

mardi 3 septembre 2013 - 07h:32

Al-Monitor

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Il y a trois mois, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah prit la décision d’envoyer ses unités militaires d’élite en Syrie pour soutenir le régime du président Bachar al-Assad et l’aider à faire face aux forces de l’opposition.

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Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, mouvement de la résistance libanaise

Le Vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rapporté que Nasrallah lui aurait dit, lors de leur rencontre du 27 avril lors d’une visite au Liban : « nous sommes intervenus en Syrie pour sauver le régime, qui était sur le point de s’effondrer. »

La participation du Hezbollah dans la bataille de Qusair - qui, selon les sources, ici à Beyrouth, comprenait environ 3000 combattants - a conduit à un changement en faveur du régime dans l’équilibre du conflit militaire en Syrie.

Selon une source du Hezbollah s’exprimant devant Al -Monitor sous couvert de l’anonymat, on a ensuite supposé que, selon le plan en cours d’application, le régime poursuivrait sa coopération avec le Hezbollah pour prendre le contrôle de la banlieue de Damas en menant des combats à l’est et à l’ouest de Ghouta, et pour lancer une autre bataille dans la région de Qalamou. Cette région fait face à la partie occidentale de la vallée Bekaa à la frontière libanaise, et elle se caractérise par un relief accidenté. On imagine aussi que ces deux batailles seraient suivies d’une bataille pour Alep, cette dernière bataille devant dans une large mesure décider du sort du conflit syrien. Toutefois, ce plan, grâce auquel l’armée syrienne - avec un fort soutien militaire opérationnelle du Hezbollah - devrait prendre les commandes de la confrontation militaire, s’est arrêté le lendemain du jour où les États-Unis ont déclaré qu’ils étaient prêts à lancer une attaque militaire contre le régime, suite aux accusations occidentales d’une utilisation d’armes chimiques dans la campagne de Damas.

A l’intérieur du Hezbollah, ce développement est considérée comme un tournant très dangereux qui touche tous les aspects de la crise syrienne, depuis son déclenchement jusqu’à présent. La même source a indiqué que la dimension internationale de la crise syrienne est entrée dans une nouvelle phase. Le rôle occidental se transforme en une intervention directe dans la marche des évènements , alors que précédemment l’implication était indirecte et consistait à fournir des armes et des renseignements à l’opposition syrienne. Mais cette même source a indiqué que les bombardements occidentaux attendus entraîneront toute la région dans le conflit et se traduiront par la disparition de toutes les lignes rouges. Le président américain Barack Obama n’est pas le seul dans la région a avoir fixé des lignes rouges. Le Guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a également ses lignes rouges, qui sont avant tout d’empêcher la chute du régime en Syrie et de protéger la résistance islamique au Liban.

Cette source du Hezbollah estime que, en ce moment, la région se dirige vers un conflit entre deux lignes rouges : celle d’Obama et celle de Khamenei. Il convient de rappeler ici qu’un responsable des Gardiens [iraniens] de la révolution, une institution caractérisée comme la plus forte et la plus idéologique en Iran, a menacé que si l’Occident attaquait la Syrie, le feu pourrait s’étendre à Israël.

Trois scénarios

Des sources proches du Hezbollah ont précisé à Al -Monitor que le parti, dans l’éventualité d’une attaque américaine, agirait probablement selon un des scénarios suivants :

1. Au minimum, le Hezbollah aiderait à protéger les villes dans les zones revenues sous le contrôle du régime, afin de prévenir toute tentative de l’ opposition de profiter des résultats des frappes américaines pour réaliser des avancées sur le terrain en Syrie.

2. La seconde option pour le Hezbollah serait d’envoyer un message fort à Washington, en lançant des opérations spéciales touchant à la sécurité. La nature de ces opérations ne peut être prédite à l’avance, celles-ci devant avoir valeur de surprise. Le parti, cependant , ne ferait que recourir à cette option lorsque le Hezbollah, et ​​en premier lieu l’Iran, seront certains que les frappes américaines ne seront pas limitées dans le temps et ont comme objectif de fournir une couverture militaire aux mouvements de l’opposition sur le terrain.

3 . Enfin, scénario le plus extrême, le Hezbollah bombardera Israël s’il devient évident pour Téhéran que Washington s’engage dans une bataille pour faire tomber le régime syrien.

Une large alliance

On peut prédire avec une quasi certitude que le régime syrien ne se retrouvera pas seul face à des bombardements de l’Occident, ou même une invasion américaine, dans le cas où les choses évolueraient au plus mal. Au cours de la dernière année du conflit en Syrie, les forces de défense du régime ne se sont pas limitées à l’armée arabe syrienne, mais à ses côtés - et parfois même aux avant-postes - se trouvaient des dizaines de milliers de combattants du Hezbollah libanais, du Hezbollah irakien et des Gardiens iraniens de la Révolution. Si le conflit évolue d’une bataille à l’intérieur de la Syrie vers une guerre entre l’Amérique et l’Iran, ces [groupes étrangers] auront la possibilité de démontrer que leur cause est juste, et que les accusations selon lesquelles ils se battent aux côtés du régime contre la volonté du peuple syrien sont infondées. Cette bataille va souligner qu’ils se battent sur ​​le front qui est juste, légitime et conforme à leur doctrine qui est de s’opposer à l’Amérique et à Israël et à leurs ambitions pour le contrôle de la région.

Aucun observateur ne peut imaginer que le début d’une guerre américaine contre la Syrie n’aura pas de répercussions sur les pays voisins, en particulier le Liban et Israël. Le Hezbollah est aujourd’hui un parti qui est affecté par l’évolution des événements en Syrie. Suite à son annonce qu’il était impliqué dans les combats, il en est devenu une partie prenante, et il a pris la responsabilité de la gestion du conflit en Syrie au même niveau que le régime d’Assad lui-même.

Selon certaines informations, le parti, au cours des dernières heures, a relevé son niveau d’ alerte et de mobilisation entre toutes les unités, que ce soit celles en Syrie ou au Liban. Le Hezbollah se préparerait donc à se battre sur deux fronts à la fois, en Syrie et au Liban.

Au cœur de cette lutte, qui devrait exploser dans les prochains jours, le rôle de premier plan dépendra de la possession de roquettes. Ce sera la façon de concrétiser la menace iranienne, selon quoi toute frappe occidentale sur la Syrie conduirait à allumer le feu en Israël. Dans une déclaration faite le 27 août, le ministre iranien de la Défense, Hussein Dehghan, a déclaré : « Une frappe sur la Syrie menacerait la sécurité et la stabilité de la région. » Par ailleurs, le ministère iranien des Affaires étrangères a averti que l’utilisation de moyens militaires contre la Syrie aurait des répercussions graves sur l’ensemble de la région.

Au vu des circonstances actuelles, le Hezbollah est dans une situation très complexe. D’une part, il est confronté à une crise interne depuis que de nombreuses forces politiques libanaises accusent le parti d’être la cause des répercussions de la crise syrienne à l’intérieur du Liban. D’autre part, il fait face à une offensive politique et médiatique intense au niveau régional venant des États arabes du Golfe, qui l’accusent de travailler pour l’Iran, contre les intérêts du peuple libanais et contre la volonté du peuple syrien qui souhaiterait renverser le régime d’Assad. Sous un autre angle -fondamental, celui-là - le Hezbollah peut aujourd’hui s’estimer dans l’obligation de se battre sur deux fronts à la fois : contre une large coalition militaire des pays de l’OTAN - dirigée par les États-Unis - et aussi contre Israël. L’arène d’un tel conflit s’étendrait de la Syrie au Liban, à partir de la frontière syro- turque jusqu’à la frontière du Liban avec Israël.

Cela signifie que le parti doit répartir ses forces - qui comprennent plus de cent mille combattants soutenus par des systèmes de missiles, dont des missiles sol-sol, sol-mer et peut-être sol-air, en utilisant ceux qui peuvent être portés à l’épaule - à travers toute cette région qui pourrait s’enflammer suite à une attaque de l’Occident sur la Syrie .

Certains experts militaires au Liban s’attendent à ce que, dans le cas où une telle guerre commencerait, le Hezbollah démontre des capacités militaires surprenantes, comme celles mises en évidence dans la guerre de 2006. En particulier, des missiles sol-mer du type de celui que le Hezbollah a envoyé pour couler un navire de guerre israélien qui bombardait Beyrouth au large de la côte libanaise. Le Hezbollah avait aussi utilisé des missiles antichars russes Kornet pour arrêter les attaques de chars israéliens dans al-Khayyam, infligeant à son ennemi de lourdes pertes.

des sources du Hezbollah ont révélé à al-Monitor que le parti préfère, à la suite des développements stratégiques dont est témoin le Proche -Orient, être un partenaire dans une guerre régionale et internationale, au lieu de devoir supporter seul une confrontation militaire avec Israël. Dans ce dernier cas, il serait obligé de se battre avec seulement un faible appui logistique de la Syrie, compte tenu des soucis de Damas avec ses propres problèmes internes. Alors que dans le cas d’une guerre régionale, Le Hezbollah serait partie intégrante d’un large front avec la Syrie, et bénéficierait de la part de l’Iran et de la Russie du même soutien que le régime d’Assad.

Ces mêmes sources ont révélé que le Hezbollah est maintenant certain que sa décision de se battre en Syrie était correcte. S’il avait poursuivi une politique dissociée de ce qui se passe en Syrie, cela aurait conduit à une catastrophe le jour où les États-Unis auraient annoncé qu’ils intervenaient dans la région avec leurs alliés pour frapper le partenaire stratégique du Hezbollah . Ces sources ont conclu en disant que la chose la plus dangereuse qui pouvait arriver, aurait été de permettre à l’Amérique d’isoler les composantes de l’axe iranien au Proche-Orient. Mais à présent, cet axe se tient uni. Une réponse à « l’agression américaine » ne se fera pas uniquement sur ​​le territoire de la Syrie mais sur un front qui s’étendra tout le long de la frontière de la Syrie avec la Turquie jusqu’à la frontière du Liban avec Israël.

3& août 2013 - al-Monitor - Vous pouvez consulter cette article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar


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