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SodaStream : « Des ’bulles’ israéliennes contestées »

mardi 13 août 2013 - 06h:36

Mathilde Becker Aarseth
Dagens Næringsliv/Norvège

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« Les sociétés qui opèrent dans les colonies contribuent aux violations israéliennes du droit international, d’un point de vue juridique. En plus, au sein de l’opinion international, la position est claire, les colonies sont un obstacle à la paix »

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Norvège, juillet 2011 : le leader du Mouvement de la jeunesse du Parti travailliste, Eskil Pedersen, donnait une interview au Dagbladet, lors d’un rassemblement du mouvement en soutien au boycott contre Israël où il déclarait : "le temps était venu de prendre des mesures plus sévères contre Israël".




« SodamStream a progressé de façon importante en Norvège » affirme le conseil du directeur administratif de SodaStream, Maurice Silber.

Le fabricant de sodas, que beaucoup associent aux publicités des années soixante-dix et quatre-vingt, a connu un renouveau au niveau mondial. Les machines qui « libèrent les bulles » ont maintenant une conception moderne et plus de cent saveurs différentes. La société israélienne est cotée sur le marché boursier et représente une valeur marchande de 1,3 milliard de dollars.

Les produits SodaStream peuvent être achetés dans 60 000 magasins à travers le monde, et ils ont maintenant sérieusement pénétré le marché norvégien. « Nos produits sont très populaires dans les pays nordiques, et ils ont connu une croissance formidable ces deux dernières années  » dit Silber.

En Suède, un ménage sur quatre possède une machine SodaStream sur le comptoir de sa cuisine, et la société voit les pays nordiques comme un important marché en expansion.

Subventionnée par Israël

Il n’y a pas que la popularité qui a provoqué ce nouveau « pétillement » (tapage) autour de SodaStream. La société a son principal site de production dans la zone industrielle israélienne de Mishor Adomim, reliée à la colonie Ma’ale Adomim, sur le territoire palestinien occupé (TPO). Les colonies sont illégales en vertu du droit international, mais Israël verse chaque année d’importantes sommes d’argent pour subventionner les résidents et l’industrie dans les colonies.

« Les colonies se multiplient autour de nous comme un cancer et absorbent notre terre, même si nous pouvons prouver qu’elle nous appartient. Nous sommes impuissants », déclare Rashid Murar, maire du village palestinien de Yanoun (au sud-est de Naplouse, entouré par les colons envahisseurs sur ses crêtes – ndt) au Dagens Næringsliv.

Le village est l’un des nombreux qui sont menacés de dépeuplement, conséquence de la politique d’implantation d’Israël. Sa population a perdu 80 % de son sol au profit des colons, et elle subit les attaques violentes des colons extrémistes.

« Les sociétés qui opèrent dans les colonies contribuent aux violations israéliennes du droit international, d’un point de vue juridique. En plus, au sein de l’opinion international, la position est claire, les colonies sont un obstacle à la paix », précise le chercheur principal en droit international, Mark Taylor, à la Fafo (Fondation de recherche norvégienne indépendante et pluridisciplinaire spécialisée dans les études sur le développement socio-économique).

Une expansion sur le sol palestinien

L’expansion des colonies d’Israël, alors que des pourparlers de paix sont en cours, est condamnée par la communauté internationale. Dimanche, par vote, le cabinet israélien a décidé de porter le nombre des colonies ayant droit aux subventions de 85 à 91.

Une colonie qui est hautement prioritaire pour Israël est Ma’ale Adomin, où 400 000 machines SodaStream sont produites pour le marché mondial, chaque mois. Les sociétés qui choisissent de s’installer dans des zones prioritaires paient moins d’impôt-société, bénéficient de prix immobiliers réduits, et d’un amortissement plus intéressant que pour les sociétés en Israël. L’État paie aussi les frais de douane pour les sociétés dans les colonies.

Les subventions ont aidé à faire de SodaStream une réussite mondiale.

« Aucun des produits que nous vendons dans les pays nordiques proviennent de notre usine à Mishor Adomin », dit Maurice Silber, à SodaStream.

Ce qui est contesté par Who Profits, projet israélien qui observe comment les sociétés israéliennes et internationales sont impliquées dans l’occupation israélienne. Who Profits affirme que pour une grande part, les fabrications de soda viennent uniquement de Mishor Adomin.

« Pas une colonie »

En Norvège, l’entraide populaire norvégienne a pris la tête d’une campagne de boycott contre SodaStream, société qu’elle considère comme contribuant à l’occupation israélienne.

Selon la société de soda, elle ne fait rien de mal.

« Nous ne prenons pas part au conflit, et nous ne soutenons pas l’occupation israélienne. Nous construisons des ponts, pas des murs. Nous avons plus de 55 salariés palestiniens. Notre usine à Mishor Adomim est en Zone C d’après les Accords d’Oslo, et fonctionne selon le Protocole de Paris, elle n’est, par conséquent, pas une colonie  » dit Maurice Silber.

« C’est tout simplement faux  » répond Mark Taylor de la Fafo.

Celui-ci soutient qu’il n’y a aucun doute, en droit international Mishor Adomim est une colonie illégale et elle s’est établie sur une terre palestinienne occupée.

« Les Accords d’Oslo ne changent rien à cela. Si l’intention est de construire des ponts, ce n’est pas la bonne façon de le faire ».



Complément d’informations

  • Il y a environ 150 colonies israéliennes et 100 avant-postes en Cisjordanie, avec 520 000 Israéliens, et de vastes zones industrielles et agricoles.
  • Les colonies sont illégales en vertu de la Quatrième Convention de Genève, laquelle interdit le transfert d’une population à l’intérieur d’un territoire occupé.
  • 43 % de la Cisjordanie sont contrôlés par les colonies.
  • Un tiers des terres sur lesquelles elles se sont montées sont des terres palestiniennes de propriété privée.
  • 540 postes de contrôle (checkpoints) et barrages routiers ont été montés pour protéger les colons et empêcher que les Palestiniens se déplacent en Cisjordanie.
  • Chaque année, des Palestiniens sont tués et blessés, victimes des attaques de colons. Plus de 90 % des incidents signalés sont écartés par la police israélienne (Source : UN OCHA).
  • Les laboratoires d’Ahava Dead Sea produisent des cosmétiques contenant de la boue et des minéraux de la mer Morte, sur un territoire palestinien occupé. Ces produits sont vendus en Norvège.
  • Les produits SodaStream sont vendus, entre autres, par Jernia, Elkjøp, Lefdal, Smart Club et Binders.
  • La société israélienne Mehadrin a une production dans les TPO, elle exporte ses produits, notamment chez Bama et Coop.
  • Hadiklaim produit des dattes dans le TPO et les commercialise sous des noms de marque comme Jordan River, Jordan River Bio-Top, Mejdoul et King Solomon. Elles sont importées par Coop, entre autres.
  • Edom UK exporte une partie de ses produits de la colonie Thomer en Cisjordanie. Bama importe chez Edom UK.
  • Les produits des colonies vendus en Norvège sont étiquetés « Made in Israel  », ce qui fait qu’il est impossible pour le consommateur de savoir que ces produits sont fabriqués en réalité dans les TPO. Ceci en violation de la loi sur le Contrôle du marketing.


Plus d’informations encore sur SodaStream :

1 – Pendant que SodaStream, pendant des années, présentait, mensongèrement, ses produits comme fabriqués en Israël, elle manifestait en même temps et à maintes reprises auprès de la Commission de Sécurité et d’Échanges sa vulnérabilité au boycott. Dans le formulaire F-1, déposé le 19 octobre 2010, SodaStream déclare : « Un certain nombre de groupes politiques ont appelé les consommateurs à boycotter les produits israéliens venant de Cisjordanie, y compris nos produits… Pour ces raisons, nous pourrions, à l’avenir, être obligés de transférer une partie importante de nos activités de production vers un site en dehors de la Cisjordanie… (ce) qui pourrait avoir un effet négatif important sur nos affaires, nos conditions financières et nos résultats d’exploitation. »

Plus sur d’information : http://electronicintifada.net/blogs...

2 – Au lieu d’interrompre un modèle d’entreprise qui profite d’une occupation militaire illégale durant depuis 46 ans, SodaStream s’est engagée dans une campagne de relations publiques massive, de plusieurs millions de dollars, pour masquer les implications morales et juridiques de sa politique, se vendant elle-même comme « non nuisible à l’environnement » et « socialement responsable ». Même si cette façon de faire a permis une augmentation de 55 % des actions de SodaStream entre février et juin de cette année, elle n’a pas pu empêcher TIAA-CREF de retirer ses actions dans SodaStream, un peu comme il l’a fait avec Caterpillar en 2012.

3 – Voir : Why Boycott Sodastream ? A Fact Sheet

Source : TIAA-CREF laisse tomber SodaStream - We Divest.org - 15 juillet 2013

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Dagens Næringsliv (DN), principal quotidien d’affaires en Norvège - son édition du samedi 10 août 2013 - Message reçu depuis la Norvège.


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