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Avec 500 kms de voies ferrées reliant ses colonies, Israël annexera de fait la Cisjordanie

lundi 12 août 2013 - 06h:32

Fatima Masri

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L’administration civile israélienne fait la promotion d’un plan pour la construction d’un gigantesque système ferroviaire dans les territoires palestiniens occupés. Le plan proposé devrait être achevé en 2035, et il comprendra la construction de 473 kilomètres de voies ferrées, 30 stations et 11 lignes de chemin de fer séparées.

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Caterpillar collabore activement dans la construction de la voie ferrée israélienne A1, à proximité des villages palestiniens de Beit Iksa et Beit Surik en Palestine occupée - Photo extraite de : The Electronic Intifada

L’Autorité palestinienne refuse de participer à ce plan, qui inclut la construction du réseau ferré dans les zones A et B, sous juridiction (théorique) de l’Autorité palestinienne.

Dans des circonstances normales, une amélioration du système de transport devrait rencontrer l’approbation du public. Cependant, en Palestine, un chemin de fer israélien qui traverse les terres considérées par le droit international comme occupées, réaffirme l’objectif d’Israël d’une domination permanente.

Servir les besoins des colons

La carte proposée pour le réseau ferroviaire reflète clairement les besoins de la population des colonies juives [toutes illégales au regard du droit international]. La ligne centrale reliera les villes palestiniennes où la présence de colonies est la plus élevée - Jénine, Naplouse et Hébron - jusqu’à la périphérie de Jérusalem et la ville israélienne de Beer Sheva dans le désert du Néguev. Une ligne d’est en ouest passera à travers Hébron, Jéricho et Tulkarem, reliant à Israël les colonies juives d’Ariel, Kiryat Arba et Ma’ale Adumim, toutes en Cisjordanie occupée.

S’il ce projet est réalisé, les facilité de mouvements entre Israël et la Cisjordanie encourageront encore plus d’Israéliens à vivre dans les territoires occupés, tout en facilitant le déplacement des troupes israéliennes d’occupation à travers le territoire palestinien.

L’énorme investissement impliqué dans le plan - estimé à 27,8 milliards de dollars - réaffirme l’intention d’Israël d’assurer un contrôle définitif sur les territoires palestiniens.

Mustafa Barghouthi, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne (PNI), a défini le plan de la compagnie israélienne comme « l’ultime tentative d’annexer la Cisjordanie ».

Le chemin de fer de l’apartheid ?

Les médias israéliens prétendent que les Palestiniens en tireront des avantages pour les déplacements, et qu’ils ne seraient pas officiellement empêchés d’accéder aux trains. Cependant, il est difficile d’imaginer comment le vaste système actuel de barrages militaires et de restrictions sur les déplacement imposées à la population palestinienne, serait appliqué [sur le réseau ferroviaire] sans que tout le fonctionnement de ce nouveau réseau ne soit compromis.

Si aucune séparation raciste n’est appliquée, les colons juifs - qui vivent dans des enclaves ultra-protégées et sont autorisés à porter des armes - et les Palestiniens se retrouveraient assis côte à côte dans les wagons... Entre 2004 à 2011, les actes de violence commis par les colons ont augmenté de 315%. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 90% des plaintes concernant la violence des colons ont été classées [par la « justice » israélienne] sans aucune mise en accusation.

Même si les Palestiniens ne sont pas légalement empêchés de monter dans les trains, voyager dans des conditions où leur sécurité est inexistante pourrait entraîner l’exclusion volontaire des véritables habitants et propriétaires de la terre palestinienne.

Le coût économique et environnemental du plan

Environ 1 million de shekels israéliens (NIS) ont déjà été investis dans le processus de planification. Cet investissement important est à l’opposé de l’absence d’aide financière pour la zone C des territoires palestiniens, qui sont sous le régime de l’administration civile et de la sécurité israéliennes. En tant que puissance occupante, Israël devrait, conformément à la quatrième Convention de Genève, répondre aux besoins essentiels de la population locale. Malgré cela, l’administration civile israélienne a rejeté plusieurs projets urgents d’infrastructure proposés par l’Autorité palestinienne de Ramallah.

Le manque de fonds va probablement retarder le début de la construction du nouveau réseau ferroviaire pour quelques années. Toutefois, la simple existence du projet impacte déjà les terres sur lesquelles il est censée se développer. Pour exemple, la construction le long des futures voies ferrées est d’ors et déjà interdite.

Le plan prévoit une modification permanente de l’environnement et du paysage, quelque chose qui est explicitement interdit par la quatrième Convention de Genève.

En outre, les planificateurs israéliens ont décidé arbitrairement d’un nouveau réseau sans la moindre consultation des responsables palestiniens. Même si le plan sera ouvert aux objections dans les prochaines semaines, l’embauche d’avocats et de spécialistes en planification pour assurer la sauvegarde d’un maximum de terres palestiniennes, sera préjudiciable au budget en forte diminution de l’Autorité de Ramallah.

Implications sur les ’pourparlers’ de paix

Le plan a été approuvé à peine quelques jours avant la tentative la plus récente du secrétaire d’État américain John Kerry pour une reprise de pourparlers israélo-palestiniens, ce qui soulève des inquiétudes sur les véritables intentions d’Israël.

La récente déclaration faite par le ministre israélien des transports Yisrael Katz, soulève encore plus de méfiance, puisque celui-ci a déclaré : « Un État palestinien est inacceptable, avant tout à cause de notre droit sur cette terre ». C’est très inquiétant, compte tenu que Katz est l’un des principaux soutiens au plan du chemin de fer.

Le nouveau système ferroviaire visera à intégrer encore davantage la géographie et l’économie palestinienne à Israël, anéantissant les espoirs déjà bien faibles d’une solution à deux États.

Dans son article de Haaretz, Rachel Neeman suggère que le plan pourrait encourager la réalisation d’un état bi-national. Toutefois, les réactions palestiniennes laissent supposer une fin bien différente aux prétendus pourparlers de paix. le secrétaire général du PNI, Mustafa Barghouthi, considère que l’approbation du plan de chemin de fer est une nouvelle tentative pour anéantir les revendications palestiniennes et continuer à appliquer un régime d’apartheid en Palestine.

De la même auteure :

- Au milieu des ruines de Lifta, persiste la mémoire de la Nakba - 16 mai 2013

9 août 2013 - The Palestine Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestinemonitor.org/det...
Traduction : Info-Palestine.eu


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