16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Vous êtes ici : Accueil > Dossiers > Palestine > Analyses

Abbas s’engage dans des discussions vides de sens

samedi 27 juillet 2013 - 17h:16

Malik Samara

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Sans consulter les Palestiniens ou leurs représentants, l’Autorité palestinienne (AP) de Ramallah a décidé toute seule dans son coin de participer à nouveau à des discussions. La rue palestinienne est maintenue dans l’ignorance, tandis que ses dirigeants se préparent à un nouveau cycle de négociations sur leur avenir.

JPEG - 24.5 ko
Si Abbas veut que fiston continue à faire de juteuses affaires avec les Israéliens dans les télécommunications, il n’a guère le choix que de céder à leurs diktats. Mais il ne représente en définitive que lui-même, et les intérêts sonnants et trébuchants de la clique qui l’entoure - Photo : Marwan Tahtah

Alors que la presse israélienne est en effervescence avec les déclarations et les positions des dirigeants israéliens, les responsables palestiniens gardent le silence au sujet des accords derrière la scène. Cela a conduit le journaliste Ohad Ben Hamo de la télévision israélienne Channel 10 à conclure son rapport depuis le siège présidentiel à Ramallah en déclarant, « la rue palestinienne est apathique concernant la reprise de négociations. »

Au cours des deux derniers jours, la seule déclaration était une brève réponse de l’ex-président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas au journal jordanien al-Rai. « La négociation est le premier choix pour les Palestiniens qui veulent créer un État palestinien », a-t-il affirmé. « Nous avons réalisé des choix qui préservent les droits de notre peuple. »

D’autre part, la ministre israélienne de la Justice, Tzipi Livni, qui se réunira avec le négociateur en chef palestinien Saeb Erekat la semaine prochaine à Washington, a soutenu que les négociations vont défendre les intérêts israéliens, « en tant qu’État juif et démocratique » [un bel oxymore ! - N.d.T].

Cependant, des fuites dans les médias indiquent que le secrétaire d’État américain John Kerry a fourni à Abbas des garanties selon quoi les négociations seront basées sur les frontières de 1967, et l’accord d’Israël pour « une accalmie » sur les colonies, sans l’annoncer publiquement. En outre, Israël va également libérer des prisonniers « avec du sang sur les mains », comme on les appelle en Israël, mais sans préciser qui ils étaient et combien ils seraient.

Les fuites parlent également de l’engagement de l’Autorité palestinienne à poursuivre les négociations pour au moins neuf mois, et l’engagement d’arrêter de faire des recours contre Israël dans les organisations internationales.

Sur le plan économique, on parle d’un paquet attractif d’aides économiques présenté par Kerry aux Palestiniens, qui consiste à permettre la construction d’un petit aéroport en Cisjordanie et à lancer des projets importants dans des endroits adjacents à la zone C, en plus de faciliter le mouvement des Palestiniens et des troupes internationales dans la vallée du Jourdain.

Les organisations palestiniennes ont unanimement rejeté le retour de la direction palestinienne dans des négociations. Les voix de l’opposition étaient fortes, même à l’intérieur du Fatah. « Il est clair que ce leadership est à l’aise tant qu’il s’agit de parler », a déclaré le chef du Fatah Nabil Amr. « Mais en définitive, il cède au statu quo. » Amr a poursuivi en disant que c’est « une crise de leadership et non une crise politique. »

Un membre du comité central du Fatah, Abbas Zaki, a mentionné les pressions exercées par les pays arabes sur Abbas pour qu’il revienne à la table des négociations avec Israël.

Ces déclarations étaient probablement à l’origine de la décision d’Abbas de publier une circulaire indiquant qui est autorisé à parler au nom de l’Organisation de libération de la Palestine et de la présidence, à savoir Nabil Abu Rudeina et Yasser Abed Rabbo.

Le Hamas, en revanche, a considéré comme le retour aux négociations comme « un cadeau important fait au gouvernement d’occupation extrémiste. » Le Jihad islamique pour sa part, a déclaré que c’était « reproduire une situation d’échec et mettre fin au consentement national ».

S’adressant à Al-Akhbar, Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne a déclaré : « L’Initiative nationale palestinienne estime que nous ne devrions pas aller dans des négociations sans changement du rapport de forces, l’engagement sur des critères précis, et une cessation complète des activités de colonisation ».

« Il n’y a aucun indicateur actuellement que ces négociations vont remplir ces conditions », a poursuivi Barghouti. « Aussi, nous ne voyons pas l’utilité d’y participer. »

« Kerry a annoncé quelque chose de fragile qui pourrait s’effondrer à tout moment. Jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis n’ont pas fourni de garanties par écrit que les négociations sont fondées sur des mesures claires. Rien ne garantit que les Israéliens vont arrêter leurs activités de colonisation pendant les discussions », a-t-il ajouté.

« Cela représente une grande menace car nous ne voulons pas que le péché Oslo se répète., Le nombre de colons est maintenant de 650 000, contre 150 000 au moment de la signature », a averti Barghouti. « Il y a aussi des indicateurs non confirmés qu’Israël exigera une décision de son gouvernement (d’extrême-droite... N.d.T) pour libérer les détenus ».

Lorsqu’on lui a demandé si la direction palestinienne les avait informés de la « formule de consensus » évoquée par Kerry, Barghouti a répondu : « Pour autant que nous sachions, il n’y a rien de concret en rapport avec les demandes. Ainsi, la position n’a pas changé. »

S’adressant à Al-Akhbar, le responsable politique en Palestine du FPLP-CG, Hossam Arafat, a appelé l’Autorité palestinienne à « revenir immédiatement sur son accord de retourner à des négociations, et à annoncer un référendum devant le peuple palestinien sur la question. » Il a décrit l’initiative comme « une liquidation flagrante et sans équivoque de la cause palestinienne ».

« Le retour aux négociations à ce moment et selon les conditions américaines et israéliennes est une étape politique très dangereuse », a expliqué Arafat. « Cela exprime la mentalité palestinienne dominante concernant les grandes questions. Je crois que le président palestinien est en train de duper le peuple palestinien. Il a pris une décision unilatérale de reprendre des négociations, malgré la vague de colonisation et la judaïsation de Jérusalem ».

Peut-être la position la plus notable a été prise parle membre du bureau politique du FPLP, Rabah Mohanna. Il a appelé « à obliger Mahmoud Abbas et le comité exécutif de l’OLP à rendre des comptes pour avoir pris la décision de retourner à des négociations, en violation des règles du conseil. »

Il a appelé les « masses palestiniennes en Palestine, comme dans la diaspora à organiser des manifestations de masse contre les négociations, qui sont destructrices et nuisibles à la cause palestinienne. »

23 juillet 2013 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.