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Une fronde en bois d’olivier

dimanche 14 juillet 2013 - 07h:04

Leila Sebbar - Revue d’Etudes Palestiniennes - n°28 Été 1988

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lls disent que s’ils continuent, les hommes et leurs fils, ils placeront en sentinelle un soldat au pied de chaque olivier. Ils disent qu’ils envahiront les champs, de jour et de nuit, en faction, ils les empêcheront de couper les branches dures pour les tailler en frondes.

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Palestine occupée, première Intifada - Photo : HH

Ils ont assez de soldats, il y a si peu d’arbres. Les orangers, les citronniers ne font pas de bonnes frondes. Les oliviers centenaires, oui, ceux qui restent encore, ceux que les vieux ont protégés comme leur corps, ceux-là les vieux les guettent depuis la terrasse ouverte et s’ils voient un soldat debout contre le tronc ou assis, à l’heure du casse-croûte, malheur à lui. La place du soldat n’est pas là, à l’ombre de l’olivier. Il n’a pas tracé les sillons entre les arbres, il n’a pas creusé autour de l’arbre pour l’eau, il n’a pas taillé les branches, ni greffé les troncs stériles, il n’a pas cueilli les olives comme son père à lui, et le père de son père, ainsi de père en père jusqu’avant le fils de Marie, et encore avant, il y a très, très longtemps.

Le père de son grand-père a planté les oliviers qu’il surveille de la terrasse qu’il n’a pas fini de construire. Il s’assoit au pied du figuier sur le vieux tabouret peint en vert, et il regarde devant lui, vers les arbres. Lorsqu’il est né, le premier fils, son père allait travailler là-bas de l’autre côté du barrage militaire, il était jeune et vigoureux, on l’employait sur les chantiers de construction, c’est comme ça qu’il a appris, il a commencé la terrasse mais il est mort avant de la terminer. Sa mère disait qu’il était mort de chagrin à cause de ses deux fils en prison, mais lui ne le croit pas, un homme ne meurt pas de chagrin. Sa mère a inventé un mensonge puisqu’il sait aujourd’hui que son père a été tué lors d’une rixe avec un voisin, celui qui a dénoncé ses fils, il a appris cela bien plus tard, il n’a jamais rien demandé à sa mère, elle aurait répété la même histoire qu’il avait fini par croire, jusqu’au soir où l’un de ses frères qu’il a réussi à voir en prison à la place de la mère malade, il lui apportait des provisions, du pain cl des chemises, lui a expliqué qu’il devait se méfier du voisin. On l’avait jugé, son avocat, un étranger au village avait plaidé la légitime défense, après quelques mois il était libéré. Le voisin est mort depuis, d’une crise cardiaque. Son fils lui a succédé, il sait qu’il faut se méfier de lui, ils ne se parlent pas.

A sa naissance, il est l’aîné, son père a planté un olivier. Il est vieux aujourd’hui, et l’olivier a grandi. C’est le plus beau, il le pense et c’est vrai. Si un soldat en armes vient s’appuyer au tronc de son olivier, malheur à lui. Ses fils et ses petits-fils n’y touchent pas, même pour les frondes. Il y a les autres oliviers, ils ont le droit de tailler certaines branches, pas n’importe lesquelles. Il n’écoute pas leurs protestations, il est là près d’eux, dès qu’il les voit se diriger vers le champ avec leurs couteaux.

Les garçons ont tous des couteaux qui se plient, des canifs ou les vieux rasoirs à lame que les grands-pères gardent encore, ou les couteaux pour greffer les arbres fruitiers des vergers autour des maisons, ceux-là ont une lame recourbée, il n’aime pas voir les enfants jouer avec, mais malgré les interdictions, ils disparaissent, et lui les retrouve parfois au pied d’un arbre près de la fronde à terminer, à polir, il faut encore tailler les encoches et tendre l’élastique épais et la pièce de caoutchouc, de cuir là où on cale la pierre. Il lui arrive de s’accroupir sur la terre rousse, près de l’arbre, et de tailler la fronde inachevée. Il ne sait pas à qui elle appartient, à l’un de ses petits-fils ou au fils d’un voisin. Il la prend et lentement avec le canif du verger qu’il garde dans la poche droite de son large pantalon, il achève la fronde, lisse le manche et les branches comme les enfants ne savent plus le faire, ils sont toujours si pressés, comme s’ils allaient être en retard à la télé, à l’école ou à l’arrêt de l’autobus que les mères attendent avec les petits et les paniers pour aller à la grande mosquée. Ils vont avec leurs mères jusqu’à la ville et disparaissent les jours d’été. Jusqu’à l’heure du retour. Les mères crient mais ils ne les écoutent pas.

Il a taillé combien de frondes dans les champs de la famille. C’était pour les oiseaux ; parfois, mais il ne s’en vantait pas à ce moment-là, il tirait dans les portes des jeeps à l’arrêt, caché derrière un monticule, pendant que les jeunes soldats mangeaient plus loin à l’ombre. Une fois, il a visé le pare-brise, le bruit du verre a attiré le soldat qui devait monter la garde et qui riait en buvant avec les autres. Il a juste eu le temps de se sauver, le soldat ne l’a pas poursuivi, il aurait dû remonter la colline, bredouille. Et aujourd’hui, voilà que les garçons et les hommes jeunes et moins jeunes, les fils et les pères reprennent les frondes de l’été, pourtant on est encore en hiver, on était en hiver lorsqu’ils ont commencé cl depuis des mois, avec ou sans fronde, ils lancent des pierres sur les soldats.

Ils n’ont pas fait ce qu’ils ont dit.

Ils n’ont pas posté un soldat au pied de chacun des oliviers plantés en terrasse autour des villages. C’est lui, le vieil homme qui surveille ses arbres de là-haut ; il se tient debout, comme un berger vigilant, le poids du corps sur la belle canne héritée de père en fils, sauvée de la maison pillée par ceux qui restaient, lorsque le père a décidé que sa famille et lui se réfugieraient chez son frère, loin de la ville, pour échapper au camp qu’on allait édifier presqu’au même moment. Il est vieux et il pense que le père n’aurait jamais dû abandonner la maison des ancêtres, jamais. Lui monte la garde au pied de son olivier, comme son père aurait du le faire devant le citronnier du jardin à l’arrière de la maison, planté pour lui à sa naissance, entre les deux palmiers, stériles aujourd’hui, parce que personne ne sait les traiter. Un jour, son père est revenu à la maison, lui était encore petit, il a montré un citron qu’il tenait dans sa main ouverte. Il disait que c’était une surprise qu’il rapportait de là-bas, de chez lui, de l’autre côté des ponts ; lui n’a pas compris, il avait demandé à son père des petits pétards chinois, et ce citron ne l’intéressait pas du tout. Sa mère l’a gardé, comme une offrande sacrée, dans le compotier transparent sur le napperon de la télévision. Il a séché. Le père seul a le droit de le toucher, de le sentir, de le prendre dans ses mains, aucun des enfants n’était autorisé à l’approcher, sauf les soirs où le père décidait de le laisser passer de mains en mains, autour de la table où se trouvaient les enfants, sa femme, sa mère et des cousins germains.

Il ne fallait pas rire.

Un soir, un jeune cousin qui n’était pas habitué à la cérémonie avait remarqué à haute voix, alors que le silence était imposé par le père, que le citron était tout sec et qu’il ne pourrait plus servir. Le père n’a rien dit sur le moment. Puis lorsque le citron a retrouvé sa place dans le compotier, il est sorti avec l’enfant et il l’a battu jusqu’à l’arrivée de la mère. Ce cousin, parti travailler à l’étranger, est revenu au village, il avait gagné de l’argent et la maison qui se construisait pour sa famille et sa mère, n’a jamais été achevée. Il était là pour la terminer mais on l’a arrêté, on a dit qu’on le surveillait depuis son retour et qu’on avait trouvé chez lui des papiers compromettants. Il a passé plusieurs mois en prison. Aujourd’hui, lorsqu’il rencontre le vieux cousin, il lui reparle du citron sec avec lequel le père a exigé d’être enterré. Il a dit à son fils aîné de respecter son vœu et d’aller à son tour cueillir un citron jeune et frais pour sa famille. Il a dit qu’il voulait le voir avant de mourir. Il est allé de l’autre côté du pont, comme son père, mais lui pour la première fois, il a cherché la maison, il a cru qu’elle avait disparu, remplacée par des immeubles, mais un homme qui avait connu son père la lui a indiquée en disant qu’elle avait l’air d’être abandonnée, on la louait à des jeunes de passage qui venaient de loin pour voir la famille et le pays. Dans le jardin, le citronnier avait disparu. Il restait les palmiers sans dattes, les palmes sèches. A des femmes, des paysannes qui vendaient des fruits et des légumes sur le bord des trottoirs de la ville, il a acheté un beau citron. Il aurait pu le cueillir aux citronniers du verger ; le père l’aurait su, leur couleur n’est pas la même, il l’a souvent dit, mais celui-là qu’il tient dans sa main et qu’il a acheté aux femmes accroupies devant les cartons, peut-être vient-il du verger voisin.

Il lui raconté la maison, le muret encore debout, le jardin, le citronnier chargé de fruits, les palmes vertes des dattiers. Le père a pris le citron et il s’est endormi.

Il se tient debout contre le tronc de l’olivier. Si les soldats viennent pour couper les arbres qui font les frondes, il les tuera. Il est seul dans le champ. Où sont les hommes ? Les enfants ? Il n’entend pas les femmes qui parlent, il ne voit pas le linge qu’elles étendent au bord des terrasses, comme des palissades. Au retour du champ, il a vu les draps et les couvre-lits déchirés sur les cordes. Il a pris peur. Ils n’ont pas fait de mal à l’olivier, mais ce linge que les femmes ont laissé, suspendu en lambeaux, autour de l’esplanade carrelée ? Il a soulevé un pan de tissu à fleurs rouges et vertes, dans une pièce près de la cuisine, il entend les plaintes, les pleurs, les gémissements. Près de la porte, une petite fille sanglote, son frère est blessé, on attend les hommes qui le transporteront à l’hôpital.

Le vieil homme s’assoit sur un morceau du mur qui devait border la terrasse. Il se penche et ramasse une fronde en bois d’olivier dont on a cassé l’une des branches. Il la jette en contrebas.

Les femmes ont fabriqué une civière avec les pièces de linge qu’elles arrachent à la corde d’étendage. Elles ont allongé l’enfant qui réclame sa fronde. Le vieil homme lui donne celle qu’il a taillée dans le champ, l’enfant dit qu’elle est plus belle que la sienne. Il la cache sous sa chemise. Les femmes attendent et retiennent les filles qui veulent courir sur la place, où les frères et les cousins lancent des pierres sur les soldats. Elles disent que lancer des pierres c’est facile, elles peuvent elles aussi, elles savent, comme les garçons. Les mères répètent qu’il faut courir vite. Les filles montrent les baskets, elles ont mis des jeans, elles ont appris à courir avec leurs frères sur les chemins des collines. Les mères disent que les soldats les tueront, elles les premières, comme ils ont tué la femme qui lavait son linge dans la cour voisine, elles les ont vus entrer en force, elles ont entendu les femmes crier et des coups de fusil. La voisine est tombée près de sa bassine, morte sur le coup. Elles disent à leurs filles de tailler des drapeaux pour protester dans la rue contre les soldats qui tuent des enfants qui ne sont pas des soldats, des femmes qui ne seront jamais des soldats comme chez eux, il n’y a pas de soldats, pas d’armes ni d’uniformes, ni de blindés ni de bombes de ce côté-ci des ponts, ni camions militaires pour enfermer des hommes jeunes et moins jeunes dans les prisons du désert. Les mères répètent cela à leurs filles, si elles vont en prison, qui habitera la maison, qui gardera les champs et les arbres et les collines. Elles disent aussi que l’armée est forte, mais elle ne sera pas la plus forte. Elles sortiront, les femmes, avec les filles et les enfants, elles lâcheront les colombes avec les drapeaux, elles diront, elles crieront qu’elles veulent la terre où elles sont nées, où sont nés leurs enfants et les père et mère des ancêtres.

Elles ne partiront jamais.

Ils peuvent enfermer tous les hommes et les garçons, d’autres viendront pour les délivrer, ils porteront eux aussi le keffieh serré autour de la tête comme une cagoule, ils n’auront pas de casque à visière, ils n’auront pas de fusil-mitrailleur ; à main nue ils continueront à lapider les soldats. Les soldats disent qu’ils feront disparaître les pierres, il n’y aura plus un seul caillou et il faudra détruire les maisons pierre par pierre s’ils veulent des projectiles. Ils disent que la nuit, quand tout le monde dort, ils nettoient les rues, les places, les champs. Ils ne savent pas que les enfants ont fait provision, dans les coins secrets des chambres, où les soldats n’entrent pas, il faudrait abattre les femmes qui ferment l’entrée, debout serrées les unes contre les autres.

Nuit après nuit, ils ramassent les pierres, les soldats. Il y en a tant. Les champs sont des pierres, et les collines. Les soldats au matin, épuisés, font face à nouveau partout où ils stationnent, aux lanceurs de pierres. Est-ce que les chefs ne savent pas qu’ils sont comme des femmes, s’ils ne se servent pas de leurs fusils comme des hommes ? C’est la femme adultère qu’on lapide, eux, ils sont des soldats qui disent aux chefs qu’ils se battront avec des soldats jusque dans le désert mais pas contre des enfants qui lancent des pierres. Les chefs répondent qu’un soldat obéit aux ordres et qu’ils doivent, la nuit, faire disparaître les pierres et le jour faire respecter l’armée, se défendre si on les attaque. Un soldat, s’il est agressé par l’ennemi peut le tuer, c’est son droit de soldat. S’ils ne veulent pas tuer, ils peuvent matraquer, surtout les femmes et les enfants, ce qu’ils font. Les femmes pourraient ni être leurs mères, leurs sœurs, ils sont si jeunes, ils n’y pensent pas. Ils voient tomber les femmes à terre, jupes relevées sur les cuisses, les foulards de mousseline blanche glissent, les cheveux épars, les femmes crient, se relèvent, arrêtent le bras qui tient la matraque, insultent les soldats. Si on enferme les hommes, ils se battront contre les femmes ? On leur dit que les femmes sont pires que les hommes. Les femmes ne sont pas des soldats.

Il n’y aura bientôt plus de pierres, plus d’hommes ni de garçons, seulement les vieillards , les nourrissons, et les femmes.

Il n’y aura plus de pierres, ni d’oliviers, les vergers seront saccagés et les vignes. parce que les pierres, il faut aller les chercher aussi sous la terre.

Il n’y aura plus de collines, les collines sont des pierres, par camions les soldats les transportent l’une après l’autre, au-delà des ponts, la nuit on entend des moteurs, des convois de camions bâchés, gardés à l’arrière par des soldats armés. C’est au matin du septième jour que les femmes, depuis les terrasses des maisons, ouvertes sur les collines en contrebas, se sont mises à crier, a se griffer le visage. Les enfants petits ne comprenaient pas, accrochés aux plis des robes, les femmes alignées au bord du village, ils sanglotaient au rythme maternel et ils poussaient des cris comme les mères.
Le vieil homme est accouru.

Puis les hommes, les fils et les filles qui ne quittaient plus les abords de la place où stationnent toujours les soldats protégés par les sacs et les fils de fer barbelés, les guérites élevées à la hâte, hérissées de mitrailleuses, ils ont entendu les cris des femmes, ils sont là, ils assistent au désastre. Comme s’ils avaient dormi sept jours et sept nuits durant, oublieux des pierres, des grenades et des balles, ils se réveillent ce matin-là, et devant eux, par-delà les jardins potagers et les vergers s’ouvre un cratère. Le vieil homme se tient debout devant les femmes, raide sur sa canne, incrédule. « Notre terre ne sera plus une terre mais un lieu maudit comme l’enfer plein de trous béants, de crevasses abominables où personne ne peut vivre... Rien ne respire, rien ne pousse... » Le vieil homme parle longtemps, il apaise les femmes et les enfants petits qui se sont assoupis dans le creux des robes, elles ne crient plus, elles murmurent faiblement, approuvant le sage qui s’adresse aux hommes pour leur demander ce qu’ils vont faire. Les hommes disent qu’ils ne savent pas.

Les vieilles femmes disent qu’elles vont envoûter les soldats, les paralyser, ils ne pourront plus emporter les pierres, ni les collines, ni déraciner les oliviers. Elles commencent à fouiller les plis de leurs corsages où elles cachent le plus précieux, l’argent, les titres de propriété et les poudres souveraines. Le vieil homme pointe sa canne vers le cratère. Il dit : « les hommes resteront dans les maisons, les femmes et les enfants habiteront les collines sous les tentes. Jusqu’à la mort elles défendront les pierres et la terre, et les hommes, s’il le faut, mourront étouffés sous les décombres des maisons que les soldats feront sauter. Ils auront notre terre et nos maisons, pourris de cadavres. La terre ne leur pardonnera pas. Nos âmes seront là, plus redoutables que les vivants, les collines seront stériles, ils ne voudront plus vivre ici, il n’y aura plus d’eau, les sources et les fontaines seront taries, on leur apportera la nourriture et la boisson par avion, et puis un jour il n’y aura plus d’avion, on les aura abandonnés et ils mourront de faim et de soif dans un désert de pierres sèches et fumantes... Voilà ce qui arrivera, je vous le dis, ils ne seront pas ici chez eux, jamais, le désert les fera périr jusqu’au dernier, s’ils veulent habiter nos maisons, prendre nos collines, s’asseoir au pied de nos oliviers avec des fusils-mitrailleurs, malheur à eux. »

Le vieil homme s’est tu et à l’ombre du figuier, il fait sa prière.

* Leïla Sebbar, Paris, avril 1988 - Auteur notamment de « Sherazade, 17 ans, brune, frisée, les yeux verts » (Stock, 1982) ; « Parle mon fils, parle à ta mère » (Stock, 1984) ; dernier roman paru « J.H. cherche âme sœur » (Stock. 1987).

Revue d’Études Palestiniennes N°28 Été 1988


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