Un grand nombre d’adversaires du Hezbollah se sont transformés en ennemis jurés, voués à la destruction de cette organisation. Ce pourrait bien être le signe d’une confrontation à venir.

25 mai 2013 - Des Libanaises brandissent des drapeaux du Hezbollah et un portrait d’Hassan Nasrallah, le dirigeant du mouvement, dans la ville de Mashghara dans la vallée de la Bekaa, lors d’une cérémonie marquant le 13e anniversaire du retrait militaire israélien du Liban.- Photo : AFP/Mahmoud Zayyat

Il pourrait alors y avoir beaucoup de victimes. Et puisque la situation est extrêmement dangereuse, je me retrouve, une fois de plus, obligé de tenter une explication de la réalité qui est celle du Hezbollah aujourd’hui.

Pour ceux qui veulent agir de façon rationnelle, j’espère qu’ils écouteront et comprendront ce que je dis, même s’ils décident d’aller vers la confrontation.

Aujourd’hui, le Hezbollah est une puissance régionale de premier plan. Ce qu’il est devenu durant la dernière décennie. Avec la libération du Sud-Liban en 2000 et le retrait d’Israël de la bande de Gaza, puis la défaite américaine en Irak, suivie de l’échec du plan [occidental] contre le Liban après l’assassinat de Rafic Hariri, et enfin la guerre de juillet 2006, le Hezbollah a traversé - ou a été contraint - plusieurs épreuves. Il a élargi ses qualifications, son influence s’est accrue et il a doublé sa capacité militaire.

Consciemment ou inconsciemment, le Hezbollah est devenu la bête noire des États-Unis et de l’Europe.

A présent, le Hezbollah dispose d’institutions comparables à celles d’un État et non à celles d’organisations locales. Il a une structure qui lui permet de fonctionner sur tous les aspects de la vie. En plus de sa prédisposition à réussir ici ou là, le Hezbollah est une force de sécurité et une force militaire, un véritable point d’appui dans l’axe contre l’Occident et ses acolytes dans la région.

Avec l’extension de ses multiples capacités, le Hezbollah est maintenant un renfort pour tous ceux qui se tiennent à ses côtés. C’est ce que les Palestiniens ont réalisé dans leur conflit avec l’occupant israélien. C’est ce que la résistance irakienne contre l’occupation américaine a découvert aussi. Et maintenant, c’est ce dont l’armée syrienne fait l’expérience contre les groupes armés.

A travers chaque expérience, le Hezbollah, qui a appris et absorbé une grande partie de l’expérience de l’ennemi israélien, sait comment transformer une menace en opportunité et une crise en ouverture vers une nouvelle réalité.

Ce qui est le plus important dans toutes ces épreuves, c’est la capacité du Hezbollah à trouver le discours politique approprié pour chaque étape. Il peut donc introduire des mécanismes lui permettant de continuer à mobiliser de nouvelles générations. Après un quart de siècle d’expérience militaire, ses combattants sont surtout dans la vingtaine d’années.

Est-ce que tous ceux qui lui cherchent querelle imaginent ce que cela signifie dans la vie réelle, être capable de renouveler ses capacité militaires et humaines ? Et où est le problème si cela est allé de pair avec un essor considérable au niveau des systèmes militaires, des moyens sécuritaires et logistiques ?

Aujourd’hui, le Hezbollah est détesté par un pas-si-petit nombre d’Arabes et de musulmans. Pourtant, il ne s’inquiète pas quant à sa légitimité populaire. Il n’a jamais lié ses prises de position ou ses combats à l’approbation préalable de qui que ce soit.

Cette question a aidé le parti à éviter le type d’effondrement que connaissent les forces politiques fondées sur trop de calculs. Elles se fanent dès que le couvercle de tel ou tel État est levé.

Toutefois, lorsque le Hezbollah a décidé, ouvertement et de manière limpide, de pénétrer au cœur de la bataille contre les groupes armés en Syrie, il l’a fait avec la conscience de son nouveau rôle. Ce n’est pas une simple réaction ou un renvoi d’ascenseur au régime syrien après un quart de siècle de soutien.

Le nouveau rôle du Hezbollah est de prendre la tête du Levant - sinon du monde arabe - pour redessiner la carte politique, économique et social d’une région regroupant 75 millions d’Arabes. Le Hezbollah peut être un levier, mais il ne peut pas à lui seul imposer une transformation complète, et il n’a jamais prétendu vouloir le faire.

Le bon sens nous dit que cette mission a pour objectif de regagner les droits individuels et collectifs des Arabes pour résister à l’occupation des États-Unis, d’Israël, ou de leurs agents au Levant. La mission du Hezbollah consiste à régénérer l’identité nationale de tous les Arabes.

Dans la première phase, cela exige le dépassement de tous les points de vue étroits que nous appelons « les décisions nationales indépendantes » ou « mon pays d’abord ». Cela engage tous les peuples du Levant : de la Palestine, la Jordanie, du Liban, de la Syrie, de l’Irak,de la Turquie et du Golfe Persique.

En conséquence, je conseille à tous ceux qui veulent se débarrasser du Hezbollah de commencer à agir comme si la question n’était plus liée à des forces armées en particulier, à une région ou deux, ou à une bande frontalière contrôlée par une force de police internationale ou autre.

Je parle d’un courant fait d’un mélange de marxistes et nationalistes syriens et arabes, qui dispose d’une base énorme de déshérités qui aspirent à une pleine indépendance qui protège leur diversité culturelle et sociale, avant leur diversité politique et administrative. C’est cette diversité qui permettra d’éliminer la pensée des takfiris conduite par les Saoudiens et leurs obligés.

C’est cela, le nouveau message du Hezbollah. Prenez-en bien connaissance - à Dieu ne plaise - avant de commencer à le combattre.

* Ibrahim al-Amin est éditeur en chef du quotidien libanais al-Akhbar

Du même auteur :

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 Le refus de libérer Georges Ibrahim Abdallah est une véritable honte ! - 31 janvier 2013
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10 juin 2013 - Al6Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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traduction : Info-palestine.eu - al-Mukhtar