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Un changement radical s’est opéré dans l’opinion aux États-Unis sur le conflit

vendredi 24 mai 2013 - 07h:29

Pamela Olson - Mondoweiss

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La tournée de Pamela Olson pour la promotion de son livre Fast Times in Palestine l’a conduite partout aux USA, notamment en Californie, Oklahoma, Washington, Colorado et dans de nombreuses grandes villes de la côte Est. Elle a écrit ce billet sur son blog qui décrit comment elle a été reçue.

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J’étais déterminée au début à ne pas édulcorer quoi que ce soit ni promouvoir de fausses équivalences. Dans les présentations et les entretiens, j’étais claire sur le Mur qui vole la terre, les horreurs de la « détention administrative » et bien d’autres injustices. Si les gens posaient des questions difficiles qui requéraient d’aborder les questions du racisme, de l’oppression, et du soutien américain à la situation d’apartheid de facto, je répondais avec franchise. (Par exemple, vous pouvez lire ma discussion au Centre Palestine à DC.

Je m’arc-boutais à chaque fois, attentant le retour de bâton.

A mon grand étonnement, il n’est jamais venu.

Les gens étaient réceptifs, intéressés, réfléchis, quelquefois sceptiques mais presque jamais hostiles ni incrédules. Certains publics venaient car intéressés, mais d’autres étaient plus traditionnels, notamment lors d’un banquet dans l’est de Washington auquel participaient principalement des piliers de la communauté qui avaient l’âge de la retraite.

A ce banquet, un homme a posé une question d’importance où il accusait les Palestiniens de leur propre détresse, et un autre sur la charte du Hamas. J’ai répondu calmement, en présentant le contexte historique et politique et les analogies à propos du Sinn Fein et de l’Apartheid. L’assistance semblait opiner dans mon sens, comme si mes réponses avaient un sens pour elle.

A la librairie Barnes et Noble, dans le quartier Upper West Side (New York), une femme en colère m’a accusée de ne pas dire que le Mur était construit seulement pour des raisons de sécurité. Je l’ai remerciée de sa question et d’avoir lu la partie de mon livre qui parle de l’armée israélienne qui reconnaît que le tracé de certaines parties du Mur correspondait à des projets d’expansion des colonies, et que le Shin Bet admettait que le Mur n’était pas, de toute façon, un très bon système de sécurité. Des centaines de Palestiniens le traversent chaque jour pour aller travailler en Israël, sans autorisation. Selon le Shin Bet, les attentats suicide se sont arrêtés en 2005 parce que le Hamas a décidé d’y mettre fin et de suivre une voie politique démocratique.

Et ce fut tout. Ce sont les deux rencontres les plus hostiles dans les près de 50 endroits, dans une dizaine d’États et deux dizaines de villes. Je n’ai rencontré aucune colère, aucun chahut ni censure, auxquels je me serais attendue si j’avais fait cela il y a dix ou même cinq ans.

Il est difficile d’estimer à quel point le climat a changé dans la dernière décennie. Un ami cinéaste le résume bien : auparavant, vous aviez besoin d’un renfort de la sécurité pour faire venir un orateur pro-Palestine sur le campus. Maintenant, vous avez besoin d’un renfort de la sécurité pour faire venir un orateur pro-Israël.

A l’université de l’Oklahoma, quand j’ai parlé aux étudiants, dans le cadre d’un programme prestigieux d’études sur le Moyen-Orient, je me suis sentie tout à fait inutile. Ils savaient déjà tout ce que je leur disais. Le débat dans la classe n’a pas été de savoir si c’était les Israéliens ou les Palestiniens qui étaient à blâmer, mais si Israël avait totalement anéanti la solution à deux États. (Certains des étudiants m’ont remerciée d’être franche et de ne pas tourner autour du pot sur ces questions comme le font la plupart des « experts ». Je leur ai dit que c’était un avantage de ne pas avoir de brillante carrière à perdre.)

Dans l’endroit le plus éloigné où j’ai parlé – le collège de l’État séminole dans une petite ville de l’Oklahoma -, la faculté a été passionnée et m’a exprimé sa reconnaissance pour lui avoir apporté « l’autre côté de l’histoire ». Les étudiants n’ont pas demandé si mes récits étaient vrais mais quelle impression ça faisait d’être au milieu d’eux. Cela a été une énorme surprise pour moi.

Cela ne veut pas dire que tout est parfait. Certains journalistes et professeurs m’ont remerciée pour avoir dit des choses qu’ils avaient toujours peur d’exprimer. Je ne peux pas dire qui ni pourquoi, parce je ne veux trahir aucunes confidences. Mais disons simplement que des personnes avec des immeubles à leur nom tendent à avoir plus d’influence que celles qui n’en ont pas.

Mais ceux qui nous gouvernent semblent bien à la traîne de l’élan populaire qui pousse à s’intéresser et s’informer sur le conflit. Les gens semblent vraiment avides de cette information, donnée d’une manière où ils peuvent l’assimiler et l’apprécier, depuis une source non intimidante.

M’exprimant comme quelqu’un qui a l’habitude d’être incroyablement intimidée par tout ce qui est en rapport avec le Moyen-Orient (parce que j’étais terrifiée d’empiéter sur les sensibilités et au contraire, de me montrer comme un âne ignorant, ou bien de me laisser prendre par un langage fleuri), j’avais beaucoup d’empathie pour ces Américains. Et je crois qu’on peut les toucher.

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Le village chrétien de Taybeh où Pamela Olson s’est notamment rendue lors de son séjour de deux ans et demi en Cisjordanie.

Plusieurs ont demandé, « Allez-vous aussi tenir ces débats dans des endroits de droite pro-Israël ? ». Je leur ai dit que je doutais d’y être invitée, et que, en tout cas, j’avais tendance à ne pas y aller perdre mon énergie. J’ai cité les sondages selon lesquels 65 % des Américains (ou autre) soutiendraient Israël, pendant que 15 % soutiendraient les Palestiniens, le reste n’ayant pas d’opinion. Ces résultats ressemblent à des statistiques complètement déformées.

Mais en réalité, ce sont probablement moins de 20 % des Américains qui soutiennent fortement Israël. Le reste se laissant pousser par les vents dominants. Ma théorie c’est que si on peut leur raconter une histoire complète d’une manière qui respecte leur intelligence et qui parle à leur sensibilité, environ la moitié des Américains peuvent probablement être convaincus de changer de camp – pas à en venir contre Israël, mais pour la paix et la justice basées sur le droit international et le respect des droits de l’homme pour tous. C’est là où je vais porter mes efforts.

Et j’en conclus, à partir de sources non scientifiques limitées, que les gens sont plus mûrs pour cela que je n’osais l’espérer.

Un signe récent incroyablement encourageant : la plupart d’entre vous se souviennent probablement de la pièce avant-gardiste de Bob Simon sur 60 Minutes l’année dernier, sur les Chrétiens palestiniens (et de la « réfutation » hilarante de Michael Oren).

Quelqu’un qui travaille à CBS m’a dit qu’ils étaient toujours aux prises avec les retombées. Après que le lobby pro-Israël ait échoué dans sa tentative de tuer la pièce, la station a reçu 32 000 courriels de colère (pour la plupart des lettres suite à mobilisation par différents groupes de pressions, tel CAMERA). Et ce n’était que le début. L’une des pires attaques a été une annonce diffamatoire dans le Wall Street Journal qui avait tout pour constituer une menace à la sécurité de Bob Simon. Mon contact m’a dit que cela a été la plus grande « tornade de m... » de la longue carrière de Simon.

Le président de CBS a eu assez de courage pour soutenir la pièce, mais il a demandé à ce qu’ils n’abordent plus ce sujet pendant un moment. Les gens actifs en ont assez de ce genre d’absurdités, et il existe toujours une crainte réelle chez les gens solides d’être souillés par des accusations d’antisémitisme. C’est comme d’être accusés de violences conjugales. Même si c’est rarement le cas, cela peut vous coller à la peau comme une sale rougeur.

Mais voici les bonnes nouvelles : la station a aussi reçu 35 000 courriels qui la remerciaient d’avoir montré ce qu’est la vie des Chrétiens palestiniens. Et la plupart des courriels élogieux venaient de particuliers, pas de listes de diffusion partisanes.

Cela m’a incité à ressentir plus d’espoir que j’en avais eu depuis longtemps.

21 mai 2013 - Mondoweiss - traduction : Info-Palestine/JPP


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