16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le G8 et Abbas bloquent la route de la paix au Moyen-Orient

jeudi 18 avril 2013 - 06h:00

Stuart Littlewood

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le succès des Palestiniens pour obtenir un statut réévalué aux Nations unies l’an dernier a, dit-on, mis en colère Israël et les États-Unis. Alors, depuis deux mois, la direction palestinienne s’abstient de traduire Israël devant la Cour pénale internationale pendant que Kerry tente de relancer des négociations de paix factices. Étant donné que ce stratagème n’est dans l’intérêt de personne, sauf d’Israël, la question est, pourquoi ?

JPEG - 63.3 ko
Président - dont le mandat a expiré depuis plusieurs années - du Bantoustan palestinien de Ramallah, entouré de ses milices, Abbas n’a rien à refuser à ses maîtres israéliens et financiers occidentaux - Photo : Reuters

Hier, la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 à Londres a publié la déclaration suivante sur le site du gouvernement britannique :

« Processus de paix au Moyen-Orient

« Les ministres des Affaires étrangères du G8 ont confirmé leur engagement pour une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient. Ils ont convenu de la nécessité urgente de faire progresser le processus de paix au Moyen-Orient vers cet objectif et ont souligné la nécessité d’un effort international important, impliquant toutes les parties concernées, y compris le Quartet, pour faire avancer le processus de paix.

« Les ministres ont salué la visite du Président Obama dans la région et sa déclaration que la paix entre les Israéliens et les Palestiniens est nécessaire, juste et possible. Ils ont exhorté les deux parties à faire preuve de l’ambition politique audacieuse nécessaire à la réalisation de la paix, à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la confiance et à travailler à la reprise des négociations sans conditions préalables.

« Les ministres ont souligné qu’une solution à long terme à ce conflit ne pouvait être obtenue que par des négociations directes, prenant acte de la déclaration du 23 septembre 2011 du Quartet sur le Moyen-Orient. Les ministres ont appelé les parties à s’abstenir de toute action unilatérale et à créer une atmosphère propice à la paix. Ils ont réaffirmé avec force que les actions unilatérales par l’une ou l’autre des parties ne peuvent préjuger de l’issue des négociations.

« Les ministres ont exprimé leurs sérieuses préoccupations au sujet de la mauvaise situation de l’économie palestinienne, et de l’impact qu’elle a sur les efforts pour la construction d’un État palestinien. Les ministres ont affirmé leur soutien à l’Autorité palestinienne et encouragé les pays arabes, aussi bien que les économies émergentes, à développer toute l’aide possible à la revitalisation de l’économie palestinienne.

« Les ministres ont salué le cessez-le-feu négocié par l’Égypte le 21 novembre 2012 mettant fin aux hostilités dans la bande de Gaza et le sud d’Israël, ils ont condamné les tirs de roquettes qui le violent, et exhorté toutes les parties à respecter leurs engagements. »


Que de balivernes, que de pleurnicheries pour marquer les 65 ans depuis le massacre du village palestinien de Deir Yassin, près de Jérusalem. Le massacre a fourni un exemple pour le règne de la terreur qui devait engloutir des centaines d’autres villes et villages palestiniens dans la tentative des juifs d’accaparer le plus possible de territoire sous la menace de leurs armes.

Le village avait pourtant signé un pacte de non-agression, mais les groupes terroristes juifs Lehi et Irgoun, ce dernier sous les ordres de Menahem Begin qui fut plus tard Premier ministre en Israël, ont exterminé plus de 100 hommes, femmes et enfants, qui ont été, soit mis contre un mur pour être fusillés, soit déchiquetés par les grenades à main lancées sur leurs maisons, avant qu’elles ne soient pillées.

L’atrocité a été commise des semaines avant que l’État d’Israël soit proclamé. En vertu du plan de partage de 1947 des Nations unies, Deir Yassin était intégré dans le corpus separatum de Jérusalem, et non pas dans le futur État juif.

Mustafa Barghouti, personnalité politique palestinienne, a déclaré : « La même purification ethnique se poursuit aujourd’hui, mais d’une manière différente. En 1948, ils ont utilisé des massacres directs, aujourd’hui, ils se servent de frappes aériennes dans la bande de Gaza et tirent sur les jeunes Palestiniens en Cisjordanie… la forme a changé, mais le contenu reste le même  ».

En effet, le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) rapporte chaque semaine des détails alarmants sur les attaques systématiques contre les civils et les biens palestiniens dans le territoire palestinien occupé, en violation flagrante du droit international et du droit humanitaire international.

Gagner du temps pour l’ennemi

Noël dernier, l’ambassade palestinienne à Londres a déclaré que si le Conseil de sécurité des Nations unies n’agissait pas contre les colonies israéliennes, la Palestine «  envisagerait de porter plainte devant la Cour pénale internationale, option rendue possible par l’admission de la Palestine comme État non membre aux Nations unies en novembre ».

Depuis 1967, le Conseil de sécurité n’a engagé aucune action pour arrêter la construction des colonies illégales d’Israël. Par action, nous entendons, bien sûr, des actes, pas des mots creux. Nous entendons par là des sanctions et l’application de toutes ces résolutions contraignantes des Nations unies qui ordonnent le retour des Israéliens derrière leurs lignes d’avant 1967.

Pourquoi devrait-il y avoir une quelconque hésitation à porter les crimes les plus odieux d’Israël devant la Cour pénale internationale ? La CPI a la compétence pour le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par des ressortissants d’un État partie (au Statut de Rome de la CPI) ou sur le territoire d’un État partie depuis le 1er juillet 2002, date à laquelle le Statut de Rome a pris effet. Les Palestiniens ont potentiellement une énorme accumulation de dossiers à porter devant la Cour, même s’il ne leur est pas permis de déposer les dossiers remontant jusqu’à 2002.

La Palestine a déclaré son acceptation volontaire à la juridiction de la CPI en 2009, mais elle ne pouvait exercer de recours juridiques tant que ne serait pas résolue la question de savoir si elle serait considérée comme un « État », conformément à l’article 12/3 du Statut de Rome. L’an dernier, le procureur général de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a déclaré que l’Assemblée générale des Nations unies devait d’abord accepter la Palestine comme État observateur. « Dès que ce sera fait, nous pourrons procéder ».

Eh bien, la question est résolue depuis le 29 novembre 2012. Les 193 États membres des Nations unies reconnaissent maintenant l’État de Palestine. John V. Whitbeck, dans un article intéressant publié dans The Palestine Chronicle, rapporte que Fatou Bensouda, le nouveau procureur de la Cour pénale internationale, a déclaré récemment que, étant donné que l’Assemblée générale des Nations unies a décidé que la Palestine est un État, « la balle est maintenant dans le camp de la Palestine… la Palestine doit revenir  », et « nous l’attendons ».

Pendant ces cinq derniers mois, pourquoi diable le Président Mahmoud Abbas et son administration n’ont-ils rien fait pour faire avancer les choses, alors que les Israéliens continuent d’établir des faits « irréversibles » sur le terrain dans le but de rendre leur occupation définitive ? Pourquoi Abbas croit-il que toutes ces autres nations ont donné à la Palestine son nouveau statut ?

Ses tergiversations trouvent une explication dans un article paru sur ReliefWeb.int il y a quelques jours, disant qu’Abbas reportait toute action unilatérale contre Israël pour donner une chance aux « négociations de paix » éculées, sous la négociation américaine, de reprendre. «  Abbas et la direction palestinienne ont décidé de donner une chance suffisante aux efforts de Kerry (le secrétaire d’État US) pour qu’ils réussissent », a déclaré un responsable.

Le succès des Palestiniens pour obtenir un statut réévalué aux Nations unies l’an dernier a, dit-on, mis en colère Israël et les États-Unis. Alors, depuis deux mois, la direction palestinienne s’abstient de traduire Israël devant la Cour pénale internationale pendant que Kerry tente de relancer des négociations de paix factices. Étant donné que ce stratagème n’est dans l’intérêt de personne, sauf d’Israël, la question est, pourquoi ?

En ce moment, Abbas, l’Autorité palestinienne et l’OLP devraient être à l’initiative et imposer leur rythme, élaborer leur agenda. Et non pas se laisser enfermer dans de nouvelles discussions qui ne mènent nulle part.

Comme Jeff Halper, de l’ICAHD, le souligne dans son dernier bulletin d’informations, pour qu’une « solution à deux États » puisse être prise en considération, il doit être rempli les exigences fondamentales suivantes…

1 – Mettre fin à l’occupation et à la colonisation israéliennes de toutes les terres arabes et démanteler le Mur ;
2 – Reconnaître les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une totale égalité, et
3 – Respecter, protéger et promouvoir les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 des Nations unies.

Israël n’acceptera rien de tout cela avec bonne volonté. Par conséquent, dit Halper, « puisque les États-Unis et l’Europe ne veulent pas forcer Israël à quitter le territoire occupé, la solution à deux États n’existe que sur le papier  ».

En outre, il dit (et je pense que ces mots devraient être inscrits en lettres lumineuses et poussés jusque sous le nez de ceux du G8) : «  La manière dont Israël entrepose les Palestiniens a été autorisée à se développer, sans entrave par les États-Unis et l’Europe, prouve un point essentiel de la politique internationale : tant qu’une situation peut être apaisée au point qu’elle cesse de perturber le système mondial, elle peut être tolérée. Et étant donné que les gouvernements prendront le cap de la moindre résistance, préférant une injustice refoulée aux difficultés d’une recherche de vraie justice, c’est à nous, la société civile internationale, conduite par les Palestiniens et les juifs israéliens critiques, de formuler et promouvoir une solution juste  ».

La justice doit être faite ici, et les Palestiniens ne doivent pas être contraints, pour leur liberté, de supplier ou de négocier avec un occupant brutal. On est au XXIe siècle, et les prédicateurs et donneurs de leçon politiques en Occident ont besoin de comprendre que le processus de paix, malhonnête, sous pression directe, déséquilibré, est mort. Ce qu’il faut, c’est un processus franc pour une VRAIE JUSTICE, motivé par le droit international.

JPEG - 3.7 ko

* Stuart Littlewood est l’auteur du livre Radio Free Palestine, qui raconte le sort des Palestiniens sous l’occupation.

Du même auteur :

- Quel Père Noël pour les gosses de Gaza ?
- Israël urine sur la Grande-Bretagne et nos hommes politiques adorent ça
- Faire le taxi pour Israël
- Bon voyage, ’Viva Palestina’
- Les jeunes Palestiniens : des cibles faciles
- Le génie comique de Netanyahu
- Nations Unies : droit international versus loi de la jungle
- Jusqu’où Israël s’abaissera-t-il pour gagner la guerre de la propagande ?

Le livre de Stuart Littlewood, Radio Free Palestine, avec un avant-propos de Jeff Halper est disponible sur Internet en allant sur : http://www.radiofreepalestine.org.uk
Il a rédigé cet article pour The Palestine Chronicle.

12 avril 2013 - The Palestine Chronicle - Traduction : Info-Palestine.eu - JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.