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Dans la maison de Samer al-Issawi

samedi 13 avril 2013 - 07h:41

Anhar Hijazi

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Al-Akhbar s’est rendu à Jérusalem, plus précisément dans le village de Issawiyeh pour visiter la famille de Samer al-Issawi, le jeune Palestinien détenu dans une prison israélienne et qui a entamé il y a 260 jours une grève de la faim intermittente qui se poursuit encore.

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De jeunes manifestants palestiniens tiennent des portraits de Samer Issawi - un prisonnier palestinien qui a entamé une grève de la faim intermittente depuis plus de 200 jours - lors d’un sit-in de solidarité devant les bureaux de la Croix-Rouge à Jérusalem, le 14 mars 2013 - Photo : AFP/Ahmad Ghatabli

Jérusalem – En entrant dans le village d’Issawiyeh, les slogans qui ornent tous ses murs sont la première chose à remarquer. Certaines écritures louent la résistance, d’autres font l’éloge de factions politiques palestiniennes, mais la plupart des slogans rendent hommage aux martyrs et aux prisonniers du village.

A notre arrivée, le chauffeur du taxi nous a indiqué une maison avec un portail blanc qui était en face d’un petit champ où les enfants du voisinage jouaient. Sous un oranger se trouvait Tareq, le père de Samer, qui était lui assis sur une terrasse.

La famille al-Issawi n’a plus goûté à la vie normale depuis la deuxième arrestation de Samer, survenue en juillet 2012 au niveau d’un checkpoint. En vérité, depuis le déclenchement de la Première Intifada, la famille a constamment été harcelée par les forces de sécurité. Un des frères de Samer a été tué, un autre a passé plusieurs années en prison, tandis que sa sœur Shireen a été arrêtée et détenue pendant une année.

Avocate, Shireen évoque les raisons de sa détention. En effet, suite à l’interruption des services postaux avec la Bande de Gaza, la Cour a autorisé Shireen à transmettre l’argent des familles des prisonniers gazaouis au profit de la cantine de la prison. Cette démarche a, de ce fait, provoqué l’ire des autorités d’occupation qui ont convoqué l’avocate et l’ont condamnée à un an de prison.

Al-Akhbar a demandé à Shireen si la famille a fini par s’habituer aux arrestations répétées, ce à quoi elle répond qu’à chaque fois que cela se produit, la famille traverse la même période d’inquiétude et d’anxiété : « Imaginez que toute votre famille soit réunie, et que tout d’un coup, l’un de vos proches se fait jeter en prison sans qu’on ne vous donne de nouvelles de lui. La prison est un univers difficile et cruel. Si l’un des prisonniers tombe malade, pensez-vous qu’ils prendront soin de lui et qu’ils l’évacueront vers la clinique ? Si l’on peut bien sûr l’appeler comme ça ! »

Par ailleurs, Shireen se souvient de la dernière conversation qu’elle a eue avec son frère Samer quelques instants avant qu’il ne soit arrêté. Ce jour-là, il était sorti acheter des vêtements pour leur frère Midhat qu’ils comptaient visiter le lendemain en prison. « Il m’a dit qu’il a acheté ce qu’il fallait pour Midhat et qu’il était sur le chemin du retour à la maison. Le soir même, quelqu’un est venu chez nous pour nous informer qu’il a vu Samer se faire arrêter et conduit ailleurs. »

« Avec toutes nos inquiétudes, il y a peu de temps pour le repos », poursuit-elle, « en particulier quand nous n’avons plus de nouvelles de Samer, car personne ne peut le voir, sauf un avocat ou un médecin, et bien sûr, le garde qui l’accompagne toute la journée. »

Elle dit qu’elle fait de son mieux pour protéger ses parents des mauvaises nouvelles, afin qu’ils puissent les supporter progressivement. « Quant à moi, » se plaint-elle, « l’information me parvient toujours comme un choc et je dois rester forte. »

Quel est le rôle des organisations de défense des droits de l’homme et des organisations de défense juridique ? « Ils ont tout juste commencé à travailler sur le cas de Samer », répond-elle. Pourquoi seulement maintenant ? « Parce que nous, les Arabes sommes trop habitués à la mort et nous abandonnons trop facilement, démissionnant avec l’idée qu’il deviendra un martyr. »

« Mais Samer n’a pas entamé une grève de la faim à mourir », dit-elle avec colère. « Il l’a fait pour qu’il puisse rentrer à la maison. »

Shireen présente alors une image de Samer en dehors de son image médiatique et politisée. « C’est une personne très joviale. Si vous vous asseyez avec lui, il vous fera rire si fort, que les larmes vous viendront. » Elle dit aussi qu’il est très sociable et qu’il aime camper ou randonner à vélo, en prenant souvent les enfants du voisinage avec lui.

Les jours où il y avait des affrontements avec les forces d’occupation, elle se souvient que Samer s’organisait ensuite avec les enfants du village pour nettoyer les rues, une fois pendant trois jours. C’est comme si Samer voulait qu’Issawiyeh soit un quartier modèle, même dans les pires moments.

Elle ne peut pas préciser la date exacte à laquelle Samer a commencé sa grève de la faim, mais elle est tout à fait certaine que « c’était avant août 2012, car il a commencé peu de temps après son kidnapping survenu le 7 juillet, mais comme il n’a pas été autorisé à consulter un avocat pendant sa période d’interrogatoire, nous ne pouvons pas déterminer la date exacte. »

Elle se souvient de la dernière fois qu’elle a pu emmener sa mère voir Samer. Il les a vues, mais il était incapable de leur parler. Sa mère est revenue en pleurant, décrivant son fils comme « un tas d’os et de peau. » Quand il a essayé de mettre de côté une mèche de cheveux qui lui tombaient sur le visage afin qu’elles puissent mieux le voir, son bras est retombé, ce qui a tellement bouleversé sa mère...

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9 avril 2013 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu - CZ & Niha


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