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L’OLP a échoué... Il faut tout reprendre à zéro

lundi 1er avril 2013 - 08h:02

Osamah Khalil

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Au cours des derniers mois, nous avons souvent entendu dire que les principaux partis politiques palestiniens, le Fatah et le Hamas, allaient finalement se réconcilier.

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Qui représente le peuple palestinien aujourd’hui ? Certainement pas Abbas et de sa clique, responsables et profiteurs de l’impasse des Accords d’Oslo. Il est urgent pour le mouvement national palestinien de se débarrasser de ces parasites, qui de plus, ne dédaignent pas de jouer le rôle de collaborateurs avec l’occupant - Photo : AFP

Bien que ces deux organisations aient négocié plusieurs accords depuis 2005, aucun de ceux-ci n’a été mis en application. Les réticences du Fatah et du Hamas pour conclure un accord d’unité nationale sont emblématiques de l’incapacité à plus grande échelle de tout le mouvement national palestinien à atteindre ses objectifs. Alors que cette année marque le 65ème anniversaire de la Nakba - la purification ethnique sur laquelle s’est construit Israël - et le 20ème anniversaire des accords d’Oslo, cette discorde permanente renforce une interrogation majeure : qui représente le peuple palestinien aujourd’hui ?

Dans le cadre d’un accord d’unité nationale, le Hamas rejoindrait l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) - de tous temps dominée par le Fatah - censée être au niveau international « le représentant unique et légitime du peuple de palestinien. » Des élections seraient également tenues pour renouveler le Conseil Législatif Palestinien (CLP), qui « représente » les Palestiniens habitant en Cisjordanie et à Gaza sous occupation. Quelques Palestiniens préconisent également des élections directes au Conseil National Palestinien de l’OLP (CNP), considéré comme le « parlement en exil » de tous les Palestiniens. On estime que ceci permettrait de redonner vie à l’OLP et rendrait cette organisation plus responsable envers tous les Palestiniens.

Dirigeants sans légitimité

Toutefois, reconstruire l’OLP - même avec des élections directes - est peu susceptible de rendre l’organisation plus représentative ou sa direction plus responsable. Cela servirait au contraire à renforcer le statu quo et à redonner une légitimité à une direction qui en est aujourd’hui dépourvue.
Les institutions de l’OLP ont été conçues pour soutenir un mouvement de libération nationale et ont été délibérément mise en place avec une représentativité limitée par rapport à la variété des opinions, jusqu’à ce que la victoire ait été remportée. Faute de victoire, ce sont ces mêmes structures institutionnelles dont il a été fait usage pour bloquer de nécessaires réformes et pour éloigner la direction palestinienne du peuple qu’elle prétend représenter. Établie à l’origine avec le soutien du Président égyptien Gamal Abdel Nasser, l’OLP était le produit de rivalités inter-arabes. Jusqu’en 1968, l’organisation n’a jamais été vraiment indépendante du Caire.

Bien que la situation des Palestiniens et de l’OLP ait nettement changé depuis 1968, les structures institutionnelles et les règles de fonctionnement de l’organisation n’ont pas bougé d’un pouce. Les institutions-clé de l’OLP sont non seulement anachroniques, mais elles servent à masquer les défis internes et externes, comme cela apparaît clairement si l’on compare les deux principales structures de l’OLP : le CNP et le comité exécutif.

Sur le papier, le CNP a la charge de définir la ligne politique de l’OLP, son agenda et son programme. En attendant, le comité de direction joue le rôle « d’organe exécutif » de l’organisation, selon Mazen Masri, chercheur dans le domaine juridique.

Mais durant les dernières quatre décennies, le comité de direction a essentiellement rempli les fonctions législatives et exécutives de l’OLP. Le CNP n’a en aucun cas contrôlé, ni modéré ou même conseillé le comité de direction, mais il n’a au contraire fait que confirmer les décisions prises. D’ailleurs, le comité de direction, tout comme l’OLP et le mouvement national palestinien dans son ensemble, était devenu de plus en plus redevable et dépendant des décisions et actions souvent incontestées de Yasser Arafat, le Président de l’OLP. Depuis la mort d’Arafat, Mahmoud Abbas a constamment voulu remplir ce rôle.

Bien qu’il y a pu avoir des discussions entre les différents groupes politiques représentés au CNP, il serait difficile - sinon malhonnête - de parler d’un corps législatif. Tous les sièges au CNP ont été pourvus sans élection, la grande majorité étant attribués selon un régime des quotas où la représentation est proportionnelle à la taille estimée de l’organisation en question. Bien que le CNP est censé réserver des sièges à des indépendants, ceux qui avaient été désignés sont majoritairement alignés sur le Fatah, accentuant ainsi son poids dans l’OLP, comme le pouvoir d’Arafat. En outre, même au plus fort de l’activité et de l’influence de l’OLP, le CNP ne se réunissait qu’une fois l’an, voir tous les deux ans.

La clique à Arafat

Les accords d’Oslo de 1993 ont révélé la faiblesse des institutions de l’OLP, en particulier le CNP, aussi bien que le rôle prépondérant d’Arafat dans le comité de direction. Être au courant des négociations a été réservé à une petite clique autour d’Arafat. En outre, l’accord n’a été ratifié ni par le CNP, ni par le comité central de l’OLP. Au lieu de cela, Arafat a rencontré en premier la direction de Fatah et ensuite seulement, parce que mis sous pression, a-t-il accepté de réunir le comité de direction de l’OLP. Quand l’accord a été finalement discuté au comité central du Fatah et au comité de direction de l’OLP, ces deux organismes ont donné leur quitus.

La période d’Oslo a eu pour effet d’aggraver l’inefficacité du CNP. Avec le pouvoir incontesté d’Arafat et une OLP moribonde, le CNP est devenu une chambre d’enregistrement au pouvoir très symbolique. Cela a été pleinement démontré lors de sa réunion de décembre 1998 à Gaza pour modifier la charte de l’OLP : une décision prise par Arafat et confirmée par le CNP. Mais il était difficile de savoir qui réellement composait ce CNP lors de la session de 1998, certains des votants en étant membres et d’autres non.

Le rôle effacé du CNP avant et après qu’Oslo soulève des questions quant à sa capacité à se réformer. Tandis que sa composition, son mode de représentation et ses règles de fonctionnement pouvaient se justifier pour le « parlement en exil » d’un mouvement de libération nationale, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En outre, comment un CNP - même en imaginant qu’il soit élu au scrutin direct - peut-il espérer contrôler, contraindre ou simplement influencer un comité de direction qui garde la main haute sur le budget aussi bien que sur les politiques interne et étrangère. En conséquence, réformer uniquement le CNP ne changera rien à cet état de fait.

Édenté

D’ailleurs, un exemple d’un corps élu mais édenté existe déjà sous forme du Conseil Législatif Palestinien. Comme président de l’Autorité Palestinienne, Arafat a largement contrôlé le CLP, comme il le faisait de l’OLP et du CNP. L’autorité fiscale et politique dépendait non pas du Conseil législatif mais du président de l’AP. En outre, les fonctions et l’autorité du CLP sont limitées par les termes des Accords d’Oslo, lesquels ont également servi à renforcer les pouvoirs exécutifs et législatifs du président de l’AP. Ainsi, quand le CLP a voulu agir de façon indépendante, Arafat a tout simplement ignoré ses décisions, ou, pour les miner ou les enterrer, a fait usage de ses pouvoirs de Président [de l’AP] en même temps que de président du comité de direction de l’OLP

Cette tendance a été encore bien plus accentuée sous Abbas. Après que le Hamas ait remporté les élections législatives palestiniennes de 2006, les États-Unis, Israël et la direction de l’AP ont agi de concert pour renverser les résultats électoraux. Même après qu’un gouvernement d’unité ait été nommé, les élus au Conseil législatif ont été en permanence empêchés de se réunir. Ceci inclut une campagne active par Israël pour kidnapper et emprisonner des députés palestiniens de Cisjordanie, et pour empêcher ceux de Gaza de voyager à Ramallah pour participer à des sessions. Le CLP ne s’est pas réuni depuis plus de cinq ans et un nombre significatif de ses élus est toujours emprisonné en Israël.

Imaginer un futur différent

Ces questions et limitations indiquent également une contradiction importante dans les tentatives de remettre sur pied le CNP et l’OLP. En réalité, des élections qui auraient pour effet de légitimer des organisations par nature non-démocratiques, n’apporteront ni réforme ni démocratie. Bien au contraire, les élections serviront à renforcer la direction existante et à aggraver les divergences entre fractions.

Le Fatah et Hamas ont montré des approches identiques dans les manières de gouverner et de traiter l’opposition et la dissidence. Aucune de ces autorités concurrentes et adeptes de la politique de la matraque, que ce soit en Cisjordanie ou à Gaza, n’offre une vision séduisante pour l’avenir. Surtout parce qu’elles ne représentent pas l’avenir des Palestiniens, mais plutôt leur passé. Elles ne conduiront pas à une renaissance du mouvement national palestinien et elles servent plus à retarder et à gêner son avènement.

Si les Palestiniens veulent un mouvement national à nouveau vivant, unifié et représentatif, ils devront le mettre sur pied eux-mêmes et à partir de zéro. Ils devront également rendre les anciens organismes, comme leurs chefs - indépendamment de leurs origines, de leur rhétorique révolutionnaire, titres, symbolisme et liens affectifs - obsolètes et inutiles. Avec un passé marqué par l’échec, les Palestiniens doivent imaginer un avenir très différent, et s’activer pour lui. Il y aura sinon peu d’espoir de trouver la stratégie et les moyens adéquats pour imposer l’application des droits des Palestiniens.

* Osamah Khalil est assistant professeur et spécialiste en politique américaine et moyen-orientale à l’université Syracuse (États-Unis).

21 mars – The Electronic Intifada – Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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