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Près de 200 000 familles israéliennes ont faim

mardi 17 avril 2007 - 08h:51

IRIN

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Humanitarian news and analysis
UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs




PETACH TIKVA, 13 avril 2007 - Ronit est mère célibataire et fait partie de ces centaines de milliers d’Israéliens démunis qui font vivre leurs familles grâce aux vivres offerts par les centres de distribution alimentaire.

Lorsqu’elle a perdu son emploi de secrétaire il y a trois ans, cette femme de 37 ans, originaire de Tel-Aviv, a sombré petit à petit dans la pauvreté avec sa famille. Une fois le loyer et les factures payées, il ne lui reste plus que 1 000 shekels (250 dollars américains) pour tenir tout le mois. Son ex-mari ne lui verse pas de pension alimentaire et elle n’a pas envie d’en réclamer au tribunal, car le non-paiement pourrait lui valoir la prison.

Comme vous, « j’avais des rêves et une maison ». Mais après mon divorce et mon licenciement, j’ai dû m’occuper presque toute seule de la famille. J’ai passé des dizaines d’entretiens, mais je me doute que mon statut de mère célibataire n’est pas un point positif pour de potentiels employeurs », a déploré cette mère de trois enfants.

« Au début, nous vivions de mes allocations de chômage et par la suite, nous avons commencé à recevoir une petite pension mensuelle. J’ai tout supprimé : les activités périscolaires, le téléphone, les soins dentaires, les loisirs, les vêtements neufs - tout ce qui n’est pas loyer et facture. L’année dernière, je n’en pouvais plus. « Le frigidaire était vide. J’ai appelé l’assistant social local qui m’a orientée vers une ONG appelée LATET. Aujourd’hui, nous mangeons grâce à ses distributions de rations hebdomadaires. Je continue de chercher un emploi ».

Quelque 200 000 familles israéliennes, soit « 11 pour cent de la population » vivent grâce aux rations alimentaires quotidiennes que distribuent près de 200 ONG, selon LATET et le ministère israélien des Affaires Sociales. Certaines ONG tiennent des soupes populaires dans des quartiers pauvres, tandis que d’autres se procurent des vivres auprès de généreux donateurs, des particuliers ou des sociétés, et les distribuent aux nécessiteux. Toutefois les ONG considèrent que leur action est contreproductive, dans la mesure où elle encourage le gouvernement israélien à en faire moins pour aider ses citoyens les plus vulnérables.

L’Etat doit assumer ses responsabilités

L’Etat doit prendre en charge la sécurité alimentaire de ses citoyens. Il faut que ces personnes démunis cessent de compter sur la générosité de donateurs privés. Les ONG peuvent aider le gouvernement dans l’organisation et la distribution de vivres, mais l’Etat ne peut en aucun cas abandonner ses citoyens » a déclaré Eran Weintraub, directeur général de LATET.

« Beaucoup d’ONG ne peuvent déjà plus faire face au nombre croissant de familles nécessiteuses. Nous ne recevons aucune aide financière de l’Etat et nos contacts avec les services sociaux sont à sens unique. « Ils nous envoient de plus en plus de familles ».

Dans un centre de distribution de Petach Tikva, une ville de 180 000 habitants de classes moyennes, près de Tel-Aviv, les personnes faisant la queue se sont littéralement ruées sur les dernières rations alimentaires contenant quelques produits de base, huile, café, bonbons, biscuits et riz, trop qu’inquiètes de voir le stock de vivres diminuer rapidement. Jeunes et vieux Israéliens de toute origine - dont certains sont de nouveaux immigrants venus d’Ethiopie et de l’ancienne Union soviétique, et d’autres des natifs d’Israël - se serrent les uns contre les autres, en attendant leur tour.

Moses Nissan dirige le centre de distribution depuis six ans et nourrit actuellement près de 250 familles, mais le nombre de familles démunies que lui envoient les services sociaux est en constante augmentation. « L’Etat à la responsabilité de nourrir ces citoyens et ne l’assume pas, alors que ceux-ci ont besoin de manger », a-t-il déploré.

Il fournit aux nécessiteux des produits de base à partir des dons alimentaires recueillis par LATET, et complète parfois les rations en offrant des vivres payés de sa poche. « Je n’arrive pas à dormir quand des personnes repartent du centre les mains vides », a-t-il affirmé, en glissant une ration supplémentaire dans le panier d’une femme qui lui avait expliqué qu’elle avait une famille de dix personnes à nourrir. La femme s’est empressée de quitter le centre, visiblement gênée par sa situation.

Un autre rapport sur la pauvreté

Dans les centres tels que celui de Petach Tikva, LATET distribue chaque semaine des vires à plus de 50 000 familles israéliennes. Chaque année, l’ONG publie un rapport qui, selon elle, reflète l’état réel de la pauvreté en Israël.

Selon son récent rapport 2006, le volume des dons a considérablement baissé alors que le nombre de familles indigentes a considérablement augmenté. En dépit des rapports officiels faisant état d’une baisse du chômage l’année dernière, les ONG reçoivent de plus en plus des demandes d’aide.

Les citoyens israéliens les plus défavorisés mènent une vie totalement différente de celle du reste de la population d’Israël et ne peuvent s’offrir des choses aussi indispensables que l’éducation ou les soins dentaires, a souligné le rapport.

Par ailleurs, bon nombre de personnes indigentes pensent que la situation est désespérée. En effet, près de la moitié des Israéliens pauvres estiment qu’ils n’y a aucun espoir pour un avenir meilleur, alors qu’un tiers d’entre eux sont convaincus que leurs enfants vivront également dans la pauvreté, selon le rapport.

LATET et les autres ONG ont saisi la Cour Suprême d’Israël pour exiger que l’Etat fasse beaucoup plus pour ces personnes, arguant que le gouvernement viole le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels qui garantit le droit des populations à des conditions de vie décentes.

Selon Nahum Ido, le porte-parole du ministère des Affaires sociales, le ministère distribue chaque année aux citoyens indigents quelque 48 milliards de shekels (10 milliards de dollars américains) à travers différents programmes sociaux.

« Il nous semble assez surprenant qu’une ONG, qui prône la solidarité sociale, puisse penser que l’Etat se doit de fournir des vivres et d’aider les ONG. Les rôles de l’Etat et de la société civile ont toujours été clairement séparés, celle-ci intervenant pour pallier les insuffisances de l’Etat », a-t-il dit

IRIN, le 13 avril 2007


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