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Des espions « surveillent » les groupes de solidarité Palestine dans le monde

samedi 2 mars 2013 - 06h:02

Asa Winstanley

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Des espions « surveillent » les groupes de solidarité Palestine dans le monde, selon un correspondant militaire israélien

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Le Mavi Marmara, l’un des bateaux de la Flottille de la Liberté 2010, a été piraté par Israël. La force des protestations qui s’en sont suivies dans l’opinion mondiale a conduit l’espionnage israélien à engager une surveillance sur les groupes de solidarité Palestine.
(Wikipédia)




Cet aveu de taille était à découvrir dans l’édition du week-end du quotidien israélien Haaretz.

Après les assassinats par Israël de neuf militants du Mavi Marmara en route pour Gaza, en mai 2010, assassinats qui ont asséné « un grand coup inattendu » à l’image d’Israël à travers le monde, les agences d’espionnage israéliennes ont décidé d’élargir leurs centres d’intérêt.

«  Les renseignements israéliens ont commencé à s’intéresser à la surveillance des réseaux sociaux des organisations islamistes et des militants de gauche étrangers », selon Amos Harel, correspondant militaire du journal (surlignés par Asa Winstanley).

L’aveu n’a jamais été aussi évident qu’Israël espionne les militants de la solidarité palestinienne à travers le monde.

La révélation a été faite dans un long reportage sur les efforts « antiterroristes » comparés des Israéliens et des Américains, tels que les assassinats extrajudiciaires avec des drones.

Le censeur militaire israélien

Harel est correspondant principal pour le journal probablement le plus important d’Israël et il a le privilège de pouvoir rencontrer les dirigeants de l’armée et de l’espionnage israéliens.

La société privée (US) de renseignements Stratfor écrit dans un courriel publié par Wikileaks, que Harel « est l’un des journalistes les plus lus et les mieux informés d’Israël ». Le courriel ajoute que Harel a probablement divulgué une copie de l’évaluation annuelle des Renseignements militaires israéliens pour l’année 2012.

Il est peu probable que Harell ait fait une déclaration si abrupte sans avoir une bonne raison de penser qu’elle était exacte.

(Soit dit en passant, Harel conclut son analyse par une comparaison raciste des Palestiniens en Cisjordanie avec des animaux : « un chat » qui a des griffes et qui se métamorphose petit à petit en « tigre  ».

Comme pour tous les médias israéliens, il travaille aussi sous la censure militaire, comme l’affaire récente du « Prisonnier X » en a apporté une nouvelle preuve.

Bien qu’il soit notoire maintenant que l’agent israélo-australien du Mossad, Ben Zygier, est mort dans une prison haute sécurité en 2010, le censeur militaire a ordonné à la presse israélienne d’étouffer l’affaire, et, bien sûr, elle s’est exécutée.

L’histoire n’a été connue ce mois-ci que grâce à la presse australienne, et il reste encore de grands mystères – et pas des moindres, celui de savoir, en premier lieu, de quoi Zygier était accusé quand il a été mis sous les verrous.

Le censeur militaire a donné son accord pour que l’information sur la surveillance israélienne des militants pro-palestiniens dans le monde paraisse dans Haaretz.

Par conséquent, il est probable que les agences d’espionnage israéliennes veuillent vraiment que les militants se sachent surveillés. Le Mossad ou la Shabak ne sont pas susceptibles d’avoir diffusé une info de cette nature par erreur.

A la suite du plan de « sabotage »

En début 2010, The Electronic Intifada a montré comment un groupe de réflexion israélien influent avait demandé au gouvernement israélien d’attaquer et de « saboter  » les mouvements de solidarité avec le peuple palestinien, tel que le mouvement BDS.

L’Institut Reut déclarait qu’« Israël doit saboter les catalyseurs des réseaux  » de militants dans ce qu’il appelait les « plaques tournantes de délégitimation » dans les grandes villes d’Europe et d’Amérique du Nord.

Si l’information de Harel est exacte, Israël pourrait bien être en train de suivre le conseil de Reut.

Le gang d’Israël pour les enlèvements, assassinats et tortures, le Mossad, est connu pour agir avec les groupes sionistes locaux partout dans le monde. En début de ce mois, j’ai écrit à propos d’un cas au Royaume-Uni : Le Community Security Trust.

Retour aux années quatre-vingt, un agent de la Ligue anti-diffamation (ADL), Roy Bullock, avait infiltré des groupes de la communauté arabe afin de les espionner et de les saboter, tout en travaillant aussi pour le régime d’apartheid sud-africain, contre le Congrès national africain de Nelson Mandela.

Dans une tactique de sabotage étonnante, l’agent Bullock de l’ADL a même tenté d’établir des liens entre le Comité anti-discrimination arabo-américain (ADC) et un groupe négationniste de l’Holocauste ayant des liens néo-nazis.

Selon un militant cité dans l’édition du printemps 2002 de Jewish Socialist : « La raison que Bullock nous a donnée pour assister aux conférences de l’IHR (Institut d’Histoire de la Réformation) était qu’il voulait distribuer la littérature de l’ADC et recruter de nouveaux membres pour l’organisation arabo-américaine. Nous avons trouvé à la fois étrange et suspect qu’il ne lui soit pas venu à l’idée que (des anti-juifs et peut-être même des pronazis étaient) la dernière sorte d’individus que l’ADC voudrait avoir comme membre » (Charlie Pottins, « L’ADL règle son affaire à un espion de l’apartheid »).

Comme Ali Abunimah de The Electronic Intifada le notait en début de ce mois, un rapport récent montre que la Ligue anti-diffamation continue à surveiller de près les militants :
ADL, qui a espionné pour Israël et le régime de l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980, garde toujours un œil attentif sur les militants.



Asa Winstanley est un journaliste indépendant, basé à Londres et qui a vécu et écrit en Palestine occupée. Son premier livre, Corporate Complicity in Israel’s Occupation a été publié par Pluto Press. Sa rubrique La Palestine est toujours la question paraît chaque mois. Son site : www.winstanleys.org

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19 février 2013 - The Electronic Intifada - traduction : Info-Palestine/JPP


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