41% des juifs israéliens en faveur d’une ségrégation. Le sondage révèle la présence d’un sentiment anti-arabe largement répandu.
Une enquête d’opinion faite auprès des juifs d’Israël sur leurs attitudes envers leurs concitoyens arabes a montré que le racisme est répandu, qu’un grand nombre de juifs prônent la ségrégation et sont en faveur des politiques encourageant les Arabes à quitter Israël.
L’enquête constate que plus des deux tiers de juifs refuseraient de vivre dans le même bâtiment qu’un Arabe. Presque la moitié des juifs n’admettrait pas un Arabe dans leur maison et 41% veulent la ségrégation dans les loisirs.
L’enquête montre également que 40% des juifs d’Israël croient que « l’Etat doit soutenir l’émigration des citoyens arabes », politique préconisée par quelques partis d’extrême droite en campagne pour les élections générales de la semaine prochaine.
L’enquête a été réalisée par une organisation israélienne respectable, Geocartographia, pour le compte du Centre pour la lutte contre le racisme, créé par des universitaires arabes israéliens. Selon Bachar Ouda, directeur du centre, le « racisme est en train de se banaliser. Quand les gens parlent du transfert des arabes [expulsion] ou quand ils comparent les arabes à une bombe démographique, personne n’élève la voix contre de telles déclarations. C’est un phénomène inquiétant. Le temps est venu pour la population juive, qui a subi le racisme dans sa chair, de se réveiller et de modifier sa façon de penser et d’agir. »
La même enquête, montre que 63% des Israéliens juifs considèrent leurs concitoyens arabes comme une menace « démographique et sécuritaire pour l’Etat ». Environ 18% indiquent qu’ils ressentent de la haine quand ils entendent quelqu’un parler en arabe et 34% sont d’accord avec l’affirmation que « la culture arabe est inférieure à la culture israélienne ».
Un parlementaire israélo-arabe, Taleb EL-Sana, dit qu’il n’est pas été étonné par ces résultats. « Ceci montre qu’il ne s’agit pas de quelques personnes mais plutôt d’un phénomène inquiétant qui met le mouvement sioniste en questions . »
M. Sana a dit que les enquêtes qui mettent à jour l’antisémitisme dans d’autres pays amènent toujours une frénésie de dénonciations de ces derniers par les Israéliens. « Pourtant quand il [l’antisémitisme] se produit chez eux, ils restent tranquilles, et c’est pourquoi c’est une double faillite : ils sont racistes, et ils n’essayent pas non plus de s’attaquer à leur propre racisme. »
Quelques Israéliens ont expliqué que les attitudes hostiles envers les Arabes ne sont pas du racisme mais le produit des années de conflit et des différences religieuses ; mais Ahmed Tibi, un autre parlementaire arabe, a indiqué que le racisme israélien était le carburant de la politique israélienne. Selon lui, « de façon générale, le racisme paye en Israël parce que le raciste n’est pas sanctionné et que le racisme est toujours expliqué par un besoin de sécurité et comme un mécanisme de défense. Les racistes ont depuis longtemps quitté la rue pour s’asseoir sur les bancs du gouvernement. »
Les partis de l’extrême droite en campagne pour les élections générales de la semaine prochaine en Israël, ont inscrit dans leurs plateformes politiques des politiques significativement anti-arabes.
Le parti [d’Avigdor Lieberman - Ntd], Yisrael Beiteinou, préconise de modifier la frontière pour placer environ 500.000 Arabes israéliens à l’intérieur d’un état palestinien. On s’attend à ce que Yisrael Beiteinu gagne environ 10 sièges au parlement sur 120 sièges, l’amenant à devenir un arbitre dans l’équilibre des forces politiques. On s’attend à ce qu’une autre coalition de droite prenne un nombre identique de sièges.
Le quotidien Ha’aretz a rapporté cette semaine que le parti Kadima, donné gagnant dans les prochaines élections, a décidé de ne pas inclure d’Arabes en bonne position sur sa liste parce que cela risque de lui coûter plusieurs sièges.
Chris McGreal à Jérusalem - The Guardian, le 24 mars 2006
Traduit de l’anglais par D. Hachilif
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