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Le stade de Gaza : images de destruction

jeudi 17 janvier 2013 - 08h:30

Ayman Qwaider

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15 janvier 2013 - Les forces israéliennes d’occupation ont déjà bombardé à deux reprises le stade de Gaza, en avril 2006 et en novembre 2012. Ces photos se passent de tout commentaire... Mais elles mettent en évidence la volonté sadique de l’occupant de priver la population palestinienne assiégée de tout lieu de vie et de partage qui puisse fournir un semblant de normalité. Les photos qui suivent ont été prises par Ayman Qwaider.

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Photo : Ayman Qwaider
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Photo : Ayman Qwaider
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Photo : Ayman Qwaider
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Photo : Ayman Qwaider
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Ayman Qwaider

13 janvier 2013 - Gaza est un lieu où vivre est très dangereux

Comme les nuits sont dures à Gaza ! ! Depuis que je suis revenu, il y a de cela deux semaines, j’ai réalisé à nouveau combien sont graves les difficultés que connaissent les presque 1,7 million de Palestiniens - en majorité des femmes et des enfants.

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Des Palestiniens attendent pour essayer de remplir des bidons devant une station d’essence à Gaza, le mardi 28 Février, 2012 - Photo : Anne Paq

En ce moment, les nuits de Gaza sont sans sommeil, à cause d’un temps extrêmement froid, aggravé par les pénuries constantes d’électricité. Exemple de ces nuits ici, la nuit dernière était insupportable et représentait quelque chose que je n’avais jamais expérimenté à ce point dans ma vie.

Me rendre compte que l’on vivait ici dans une zone en crise, produite tout à fait artificiellement, m’a profondément scandalisé.

Très tôt ce matin, ma mère invitait mes petites sœurs à venir l’aider. En raison des pénuries en alimentation électrique, ma mère était très inquiète parce qu’elle voulait préparer le pain pour donner à manger à notre famille. Pour préparer le pain à Gaza, les gens dépendent totalement de l’électricité ou du gaz. En traversant la bande de Gaza, j’ai observé qu’il était facile de constater qu’il y avait une crise d’alimentation en gaz, avec des centaines de tuyaux raccordés dans les rues.
Quand il y a pénurie de gaz, la plupart des familles dépendent de l’électricité pour gérer leurs questions de vie quotidienne.

Un autre aspect de la vie quotidienne des Palestiniens à Gaza, c’est que les drones israéliens armés errent constamment dans le ciel, faisant un travail de surveillance. Ces drones tout à fait inhumains font un bruit incroyable.

Malheureusement ceci est un des phénomènes quotidiens normaux, mais si traumatisant pour les enfants.


6 janvier 2013 - Gaza est certainement un lieu où il est dangereux de vivre. Cette bande côtière minuscule a été décrite comme une prison en plein air

Gaza est contrôlée par les airs, la terre et la mer. Au cours de la nuit dernière, les avions de guerre F-16 Israéliens ont tourné dans le ciel de Gaza ; Je suis sorti sur le balcon de la maison pour entendre des explosions sourdes. De ma fenêtre, je peux voir le camp de réfugiés d’Al-Nusseirat dans l’obscurité totale à cause des coupures d’électricité, et au moins 3 avions de chasse survolaient le camp où vivent 66 000 Palestiniens réfugiés, en grande partie des femmes et des enfants.

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Israël, État terroriste par excellence, s’attaque indifféremment aux adultes comme aux enfants. Ici, un tout jeune blessé lors de l’offensive israélienne génocidaire sur Gaza l’hiver 2008/2009

Je suis descendu pour voir ce que faisait ma famille, les jeunes enfants de mêmes que mes parents. La plupart d’entre eux dormaient déjà, car ils doivent se lever très tôt pour aller passer leurs examens. Ma sœur, Alla, était encore éveillée. Je lui ai demandé, faussement naïf, si les avions de guerre attaqueraient cette nuit. Elle me répondit que même s’ils n’attaquent pas, ils auront rempli leur but qui est de terroriser la jeune nation de Gaza.

Tandis que nous discutions, les avions de guerre israéliens n’ont pas cessé de tourner au-dessus de nous. C’est une campagne systématique qui a pour but de terroriser la société de Gaza, dont plus de 60% est sous l’âge de 18 ans. Ma sœur m’a dit encore : « Terroriser de petits enfants est une politique israélienne courante. Je voudrais que chaque père, chaque mère, et chaque personne dans le reste de la communauté humaine pensent aux enfants à Gaza terrorisés par l’Israël ».


28 décembre 2012 - Un stade de foot en ruines, qui en dit long sur le « ciblage » israélien

Article paru sur le site Bienvenue Palestine

Nous n’avons pas trouvé les « terroristes » sous les décombres du plus grand stade de foot de la bande de Gaza. Toutes les destructions dont nous sommes témoins à Gaza, des multiples maisons, jusqu’au service de l’État civil du ministère de l’intérieur, montrent en revanche la volonté israélienne de cibler des infrastructures civiles.

La pelouse, les tribunes, les bâtiments…. il ne reste pas grand chose du stade de football de Gaza. Et il a fallu plus d’une bombe pour le mettre dans cet état !

Pourquoi Israël a-t-il délibérément châtié les sportifs palestiniens et la population qui peut de temps à autre profiter des talents des joueurs de la grande prison gazaouie ?

Pourquoi personne ne pose cette question à Israël ?

Pourquoi la FIFA s’engage-t-elle à reconstruire ce stade (et avec quel argent ?) sans questionner ceux auxquels elle décerne au contraire une récompense inadmissible : l’accueil de la coupe européenne de foot des moins de 21 ans ? Précisément la tranche d’âge qui a été la plus pénalisée par cette destruction !


27 décembre 2012 - À Gaza, parler de politique est une habitude quotidienne. La politique n’est pas une affaire réservée à quelques-uns mais au contraire une véritable règle sociale, des enfants aux personnes âgées.

Bon nombre de membres de la famille et d’amis sont venus à la maison pour me féliciter d’être de retour chez moi à Gaza. La discussion tourne très vite autour du blocus israélien, de la situation politique interne, des frontières, certains allant plus loin pour discuter de la situation géopolitique au Moyen-Orient et de sa relation à la question de la Palestine.

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Les tunnels entre l’Égypte et Gaza permettent la livraison minimale de produits de première nécessité, mais cette activité extrêmement dangereuse a déjà coûté la vie à un grand nombre de Palestiniens, souvent très jeunes - Photo : AFP

Ce matin aujourd’hui, j’ai pris mon premier petit déjeuner avec mes plus jeunes frères et sœurs de mêmes parents. Mon frère Ahmed est ingénieur civil et il est en charge d’un certain nombre de projets de construction à Gaza. Ahmed est très intéressé par toutes les nouvelles où il est question des frontières, en particulier les passages à vocation commerciale et l’entrée des matériaux de construction dans Gaza.

À ma grande surprise, il écoutait la Voix d’Israël en langue arabe. On y entendait des informations selon lesquelles Israël permettra à davantage de matériaux de construction et de camions d’entrer dans Gaza, ce qui n’était pas arrivé depuis 5 ans. Mon frère était plutôt content de ces nouvelles. Il a immédiatement décidé de changer ses plans et d’importer certains types de matériau de construction depuis l’Égypte, puisque Israël permettra l’entrée de marchandises meilleur marché.

La résilience des Palestiniens et leur haut niveau d’adaptation dans la vie quotidienne sont vraiment étonnants.


26 décembre 2012 – Je me suis levé à 7 heures du matin et le temps est très froid. J’avais retrouvé avec émotion mon vieux lit au deuxième plancher de notre maison à Gaza. La brise vraiment très froide entrait dans ma pièce par les fenêtres brisées.

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L’unique centrale électrique de la bande de Gaza tourne au ralenti du fait des problèmes d’approvisionnement en carburant, dont Israël n’autorise la livraison qu’au compte-goutte. Ici, des écoliers font leurs devoirs à la lueur de bougies, les coupures d’électricité pouvant atteindre 18 heures par jour - Photo : Abu Mustafa, Mohammed Abed

En raison des lourds bombardements autour de notre maison, la plupart de fenêtres ont été brisées ou fendues. Le plus souvent les nuits des Gazaouis sont sans sommeil et dans le noir complet. Mes sœurs doivent passer leurs examens de fin de semestre à universités ou à l’école. Le temps est vraiment froid. Les portes restent ouvertes pour faire entrer la lumière du soleil afin que ma sœur de 16 ans révise ses examens.

Elle emmitouflait son petit corps de vêtements et d’écharpes chaudes et encombrantes pour se donner une peu de chaleur afin de pouvoir continuer d’étudier. Je lui demandais comment elle parvenait à étudier et à gagner toutes ces bonnes notes à l’université. « La question est de créer un nouveau système d’adaptation pour nous permettre de continuer notre mission dans la vie même dans des circonstances aussi critiques et aussi injustes ».

Tout est question de psychologie : « Quand tu as froid, tu es plus productif » et c’est ainsi que les étudiants de Gaza continuent à lutter pour leur éducation et pour obtenir de bons résultats. « Quand je sens que le froid me transperce le corps, c’est qu’il me maintient éveillé, » conclut-elle.

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Camp de Nusseirat, novembre 2012 - la maison familiale de Issam Al Da’slees, conseiller auprès du Premier ministre Ismaïl Haniyeh, a été totalement et délibérément détruite dans les bombardements israéliens - Photo : AP

25 décembre 2012 - A mon arrivée à la Bande de Gaza, l’alimentation électrique était coupée, et les générateurs électriques qui perturbent toutes les nuits le sommeil de la population de Gaza, étaient en plein fonctionnement.

Je suis originaire du camp de réfugiés de Nusseirat, au milieu de la Bande de Gaza, où vivent plus de 66 000 personnes, toutes civiles et en grande partie des femmes et des enfants. L’obscurité qui recouvre le camp est effrayante, transformant ce lieu en ville fantôme.

En 2010, j’ai réussi à quitter la Bande de Gaza pour aller poursuivre mes études supérieures en Espagne et je suis rentré fin 2012. Les Gazaouis souffrent toujours terriblement des mêmes problèmes de coupure d’électricité. Reem, ma plus jeune sœur, est très heureuse, comme je peux le lire dans ses yeux maintenant que la lumière de notre salon est soudainement revenue.

La vie dans la Bande de Gaza, qui végète depuis 6 ans sous un blocus totalement illégal, continue de subir ce système injuste dont le premier responsable est l’occupant israélien. Prendre le thé et échanger en famille après 3 ans d’absence était quelque chose qui me manquait, mais la lueur d’une bougie était tout ce qui nous permettait de voir un peu clair autour de nous.

Je suis monté pour revoir la pièce où j’ai vécu mon enfance. De la fenêtre de ma pièce, mon regard porte tout à l’entour sur les terres vides avoisinantes, et je peux compter un, deux, trois, et finalement plus de 6 grands cratères autour de ma maison à Gaza. Ces cratères sont les traces de la toute dernière et brutale agression israélienne sur Gaza, au cours de laquelle 164 Palestiniens ont été tués et plus de 1100 ont été blessés, dont beaucoup de femmes et d’enfants.

Me parlant à moi-même, je me disais que c’est une injustice, une injustice, une injustice. Ma famille vit cette injustice de façon sans doute moins intense car elle tente en permanence de vivre avec, mais pour moi, la pensée même de vouloir s’adapter à cette injustice me trouble profondément. Je pourrais difficilement accepter une telle iniquité, mais encore plus d’injustice est au-delà de ce que je pourrais supporter.

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* Ayman Qwaider est étudiant en thèse et spécialiste des questions d’éducation dans les situations de conflit et post-conflit. Il peut être joint à : ayman.qwaider@gmail.com
Consultez son blog à : http://aymanqwaider.wordpress.com
Il est originaire de la bande de Gaza, et il a pu rentrer il y a quelques jours dans ce minuscule territoire palestinien sous blocus depuis 6 ans. Nous livrons ici la chronique de son séjour ainsi que des informations extraites du site Bienvenue Palestine

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Décembre 2012 - Transmis par l’auteur


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