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Les familles fuient massivement, à la recherche d’un refuge

mardi 11 décembre 2012 - 06h:00

Lydia de Leeuw

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Après que les F16 ont largué des tracts d’avertissement sur la bande de Gaza hier après-midi pour que les gens quittent leur logement, ça a été la panique.

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Gaza, 21 novembre 2012 - La famille al Attar est une des 300 familles qui se sont précipitées vers l’école élémentaire pour garçons de l’UNRWA dans la rue Nasser, hier à Gaza Ville. C’est le même endroit que celui où ils sont venus s’abriter pendant l’offensive militaire israélienne en décembre 2008-janvier 2009 - Photo : Lydia De Leeuw

Des milliers de gens portant quelques couverture et un peu de nourriture rapidement emballées sont sortis de leur quartier dans les zones près de la frontière, dans le nord de la bande et dans l’est et le sud de la ville de Gaza. On leur disait que leur quartier ne serait plus en sécurité. Il semblait que l’offensive terrestre redoutée allait commencer : d’où la panique.

Ayant encore bien en mémoire les crimes de guerre israéliens de 2008-2009, les gens se sont mis à fuir en masse. Ils cherchaient un refuge dans leur famille habitant d’autres quartiers ou dans l’une des 10 écoles de l’UNRWA disséminées dans la bande de Gaza, et qui ouvraient leurs portes pour accueillir les réfugiés. Ce même soir encore beaucoup de familles dans le désarroi (6.000 personnes) se sont réfugiées dans les écoles de l’UNWRA (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), qui ont rapidement été bondées. Trois autres écoles ont été ouvertes ce matin.

Une de ces familles est la famille al-Attar d’Attatra, dans le nord de la bande de Gaza. « Nous avons rassemblé quelques affaires en toute hâte, et nous sommes partis tout de suite. Les gens ont paniqué quand les tracts sont tombés des F16 » dit Mahmoud al Attar. Hier il est venu à l’école élémentaire pour garçons de l’ONU. « Maintenant nous sommes tous dans une classe de 8 mètre sur 6. Il n’y a pas beaucoup de place. Nous n’avons pas de matelas et pas assez de draps. Nous avons dû passer la nuit sur le sol de ciment et sur des chaises et nous avons à peine fermé l’oeil. Il y a eu beaucoup de bombardements autour de nous. Un journaliste a été tué cette nuit par une frappe sur sa voiture, dans une rue tout près d’ici ».

Même si les écoles de l’ONU sont considérées comme un abri sûr, Mahmoud ne se fait guère d’illusions. « Nous ne nous sentons pas en sécurité ici. Ils ont déjà bombardé des écoles de l’ONU auparavant. Il fait allusion aux bombes israéliennes au phosphore blanc pendant l’offensive de 2008-2009.

Hanan al Attar (45 ans), a une lourde semaine derrière elle. « Cette semaine a été terrible. Tout a été bombardé autour de nous, depuis des F16 et des drones, mais aussi depuis des chars. Nous n’avons guère dormi. Surtout les enfants ont très peur ».

Près d’elle gambade sa fille de 3 ans appelée Thouwra, ce qui veut dire « révolution ». Elle a encore un œil au beurre noir et des éraflures au visage. Il y a trois jours elle s’est encourue à cause d’un bombardement ce qui l’a fait tomber sur le visage. La petite fille rit en tooute innocence ; difficile de croire qu’une si petite gamine a déjà vu tant de misère.

Bien que les collaborateurs ONU n’aient pas ménagé leurs efforts, l’école sont loin d’être un refuge idéal. Le bâtiment n’est pas conçu pour accueillir les 1.800 personnes qui y sont arrivées. Elles sont réparties entre les 34 classes ; il n’y a pas d’air, les sols sont très sales et cela sent très mauvais.

Akif Shalabi, qui enseigne le travail manuel à l’école, se relaie toutes les 12 heures avec ses collègues pour aider le flux de familles. « Nous nous occupons maintenant de fournir de l’eau, de la nourriture et des médicaments. Il y a des soins spéciaux pour les 150 bébés et les femmes enceintes qui sont ici. Hier soir encore, une femme a commencé à accoucher, nous avons dû l’emmener à l’hôpital ». La panique et le déracinement marquent profondément les gens. « Tout le monde est très émotif. Quand ils sont arrivés, hier, les enfants et les femmes âgées étaient en larmes » dit Akif.

La famille ignore combien de temps elle restera à l’école. Ils ne peuvent rien faire d’autre qu’attendre. Hanan dit : « Nous voulons rentrer à la maison. Nous voulons vivre comme des gens normaux et pouvoir nous sentir en sécurité. Nous espérons un cessez-le-feu. D’ici là nous n’irons nulle part ».

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* Lydia de Leeuw est une criminologue néerlandaise spécialisée en droits humains, crimes internationaux et crimes d’État. Elle travaille actuellement à Gaza.

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21 novembre 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://asecondglance.wordpress.com/...
Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert


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