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La famille Masharawi anéantie après l’assassinat par Israël de leur bébé Omar : « Il nous a quittés trop tôt »

jeudi 29 novembre 2012 - 06h:32

Rami Almeghari

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Le missile lancé par Israël sur Gaza mercredi dernier a laissé un trou triste et pénible dans la maison et dans les cœurs des membres de la famille Masharawi. Ce jour-là, l’attaque a mortellement brûlé le petit corps du bébé Omar qui n’aura jamais l’occasion de fêter sa première bougie.

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Le caméraman de la BBC en langue arabe, Jihad Masharawi et son épouse Ahlam pleurent le fils Omar âgé dà peine 11 mois. Le petit garon a été tué le 14 novembre lorsquun missile israélien sest abattu sur la maison familiale dans la ville de Gaza - Photo : Majdi Fathi/APA

« Mes enfants ne sont pas des terroristes. Ce ne sont pas des diables. Ce sont de braves gens, » déplore Ali Masharawi, 55 ans, et grand-père du bébé Omar qui a trouvé la mort avec la bru d’Ali, Hiba al-Turk (20 ans). Ahmad, un des enfants d’Ali, a quant à lui été grièvement blessé.

Fils de Jihad Masharawi, membre du personnel de la chaîne BBC à Gaza, le bébé Omar s’ajoute à une longue liste d’enfants, dont la petite Hanin Tafish (10 mois) tués depuis le début des bombardements israéliens barbares sur la Bande de Gaza.

Le missile qui s’est abattu sur la maison de la famille Masharawi s’inscrit dans le cadre des attaques israéliennes qui ont commencé mercredi dernier par l’exécution extrajudiciaire du chef de la branche militaire du Hamas, Ahmad Al-Jabari, rompant ainsi un cessez-le-feu déjà fragile. L’assassinat d’Al-Jabari et de son garde du corps a déclenché l’actuelle vague de représailles traduite par les tirs de roquettes des factions Palestiniennes au milieu des frappes aériennes non-stop des israéliens.

« J’ai toujours été pacifique et j’ai même travaillé en Israël quand j’étais jeune, mais maintenant, je sens que je vais exploser, » s’insurge Masharawi aux funérailles des membres de sa famille.

« Il nous a quittés trop tôt »

C’est une mère abattue, assise avec sa sœur que j’ai pu rencontrer dans l’après-midi du vendredi. Ahlam m’a raconté : « Mon premier enfant s’appelle Ali. Lorsqu’il a fêté ses trois ans, il voulait à tout prix un frère avec qui jouer. C’est pour cette raison que Jihad et moi avons décidé d’avoir un autre enfant. » Elle soupire : « Comme s’il n’avait jamais existé : Omar est venu à la vie et l’a quittée plus tôt que prévu. »

Bouleversée par la perte précoce de son fils, Ahlam se souvient des petits gestes du petit Omar qui amusaient toute la famille : « Omar était un bébé très actif, joyeux et intelligent. Il avait l’habitude de nous imiter en prenant nos portables et en faisant semblant de parler. Tout d’un coup, je constate que je ne peux plus le nourrir, ni voir son sourire joyeux et gai. C’est horrible de se rendre compte que ses petits mots ont été réduits à un silence éternel. »

Dans un autre coin du quartier se trouve la maison d’un proche de la famille. Là-bas, Um Jihad, la grand-mère d’Omar recevait des pleureuses. Elle chantait quelques mots de la berceuse qu’elle avait l’habitude d’endormir Omar avec.

« A l’heure du coucher, je le posais sur mes genoux et lui chantais une berceuse. Il était le bonheur et la joie de la maison et tout le monde l’aimait. Quand il est né, j’étais aux anges et j’avais dit à mon fils Jihad que je remercie Dieu de m’avoir donné deux petits-enfants de toi, » raconte Um Jihad en pleurant.

la famille Masharawi a été doublement endeuillée. Outre Omar, Hiba al-Turk a également péri dans le bombardement. Elle était l’épouse de Imad, le frère de Jihad. Hiba est tombée malade au cours des deux derniers mois et a préféré rester auprès de sa propre famille dans le voisinage.

Bouleversée, Um Jihad souligne : « Hiba et Imad se sont mariés il y a tout juste cinq mois. La défunte est encore une nouvelle mariée. »

Par ailleurs, il y avait l’oncle du bébé Omar. Agé de 17 ans, Mahmoud s’est effondré en évoquant son neveu à partir de la chambre carbonisée où Omar est mort : « J’étais très attaché à cet adorable môme. Chaque jour, en rentrant de l’école, je l’enlaçais, l’embrassais et jouais un peu avec lui. Plus maintenant. Les Israéliens ont décidé de nous l’arracher, et d’arracher nos âmes avec lui. Qu’a-t-il bien pu faire pour mériter une telle fin ? »

Une boule de feu

Aux funérailles de son fils, Jihad apparaissait stoïque. Il a raconté à tous ceux qui étaient venu lui présenter leurs condoléances que les tirs israéliens intensifs qui avaient frappé la maison et tué son fils sont semblables aux précédents assauts lancés par Israël sur Gaza en janvier 2009.

Amer, il déclare : « Israël avec ses politiciens, ses militaires et ses citoyens ordinaires sont tous responsables des atrocités qui ont mortellement carbonisé mon fils. »

En effet, des voisins et des témoins rapportent qu’une boule de feu a frappé le toit de la maison des Masharawi, située dans un quartier densément peuplé au sud de la ville de Gaza.

Pointant du doigt les dégâts occasionnés par le missile, Jihad conclut : « Cette région est calme et il n’y a jamais eu d’activité suspecte. Je peux vous assurer qu’il n’y a pas de personnes armées ici et que les habitants se connaissent tous entre eux. Jamais je n’aurais imaginé que ma maison serait un jour prise pour cible. Pourquoi avons-nous été attaqués ? »

* Rami Almeghari écrit actuellement pour plusieurs medias, dont The Palestine Chronicle , aljazeerah.info , IMEMC.org , The Electronic Intifada et Free Speech Radio News. Rami a aussi été traducteur d’anglais et rédacteur en chef du centre international de la presse du Service palestinien d’information basé à Gaza. Il est possible de lui écrire ici : rami_almeghari@hotmail.com

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16 novembre 2012 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha


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