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O. Barghouti : A propos du soutien des juifs israéliens au régime d’apartheid en Israël

jeudi 25 octobre 2012 - 11h:58

Omar Barghouti

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Objet : Enquête : La plupart des juifs israéliens soutiennent le régime de l’apartheid en Israël (Haaretz)

Le fait que la moitié de la population juive israélienne soutienne le nettoyage ethnique des citoyens palestiniens d’Israël n’est pas nouveau. Que 59 % des juifs israéliens soutiennent la discrimination raciale légalisée et institutionnalisée contre les citoyens palestiniens autochtones d’Israël n’est pas une surprise. Les précédents sondages ont fourni des chiffres du même ordre. Il est extrêmement important que Gideon Levy dénonce une nouvelle fois cette situation.

Ce qui est surprenant, cependant, c’est comment Israël, la plupart des Israéliens (notamment des journalistes professionnels et libéraux), et des sympathisants de l’apartheid israélien (depuis les universitaires anarchistes « radicaux » des États-Unis, pour une grande part, qui soutiennent dans les apparences les « droits des Palestiniens » - pour seulement 38 % des Palestiniens - jusqu’aux plus ardents sionistes) comment ils continuent de propager une définition autoproclamée absolument erronée.

Levy dans cet article (1), comme dans ses précédents, réitère l’hypothèse absurde que c’est seulement quand les Israéliens juifs deviennent une minorité dans la Palestine historique (48 + les territoires de 67) que l’on peut qualifier Israël d’État apartheid. On ne peut blâmer Levy alors que de nombreux universitaires, politiciens israéliens et sympathisants inavoués de l’apartheid israélien en Occident répètent ce même faux raisonnement à de multiples occasions. Cette prémisse minorité-majorité qui est considérée comme une condition pour pouvoir qualifier un régime d’apartheid, cependant, se fonde soit sur l’ignorance de la définition des Nations-Unies pour le crime d’apartheid ou sur l’obstination, comme c’est le cas souvent d’Israël, à en redéfinir les termes. De toute façon, l’affirmation implicite ici est qu’Israël ne peut être qualifié d’État apartheid que si, comme pour l’Afrique du Sud de l’apartheid, il y a un groupe racial « minoritaire » qui opprime méthodiquement la « majorité » de la population. Il s’agit d’une époque, d’une affirmation erronées.

Selon la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid (votée par les Nations-Unies en 1973) et plus précisément, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, le crime d’apartheid est défini comme suit :

« actes inhumains... commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime. » (article 7-2-h du Statut de Rome).

« Racial » ici est conforme à la définition très large du terme adopté par les Nations-Unies et applicable aux juifs israéliens et aux Arabes palestiniens en tant que deux groupes « raciaux ».

Il n’y a absolument aucune référence dans cette définition internationale de l’apartheid à des majorités ou minorités ! Selon cette définition, et rétrospectivement, les USA, avec une majorité blanche manifestement écrasante, ont pratiqué un apartheid contre les Noirs et les autres « Non-Blancs » dans les États du Sud, avec des lois qui permettaient aux Blancs de discriminer systématiquement les autres.

Le fait est qu’Israël a des dizaines de lois qui, continuellement, ont discriminé les citoyens « non juifs » de l’État, les Palestiniens natifs (chrétiens, musulmans ou autres). Il dénie systématiquement aux citoyens « non juifs » des droits égaux dans des domaines primordiaux de la vie, surtout en ce qui concerne la propriété foncière, l’enseignement, les services médicaux et de nombreux emplois.

Selon les plus récentes statistiques, les Israéliens juifs ne font pas plus de 49 % de la population totale sous le contrôle d’Israël (la Palestine historique), une minorité (2). Ceci, bien sûr, sans tenir compte des millions de Palestiniens natifs en exil, auxquels Israël refuse leur droit fondamental au retour dans leurs foyers simplement parce qu’ils ne sont pas du bon type. Malgré tout, cette statistique est totalement hors propos s’agissant de décider si le système de discrimination raciale d’Israël répond à la définition des Nations-Unies de l’apartheid.

En 1948, Israël est né État d’apartheid, et il a toujours été un État d’apartheid, parce qu’il a toujours eu des lois racistes qui discriminent ses citoyens non juifs, à plus forte raison les Palestiniens qui ne sont pas des citoyens, quel que soit le pourcentage de la population totale que représentent les Israéliens juifs.

(1) - Un sondage révèle que la plupart des Juifs israéliens soutiennent le régime d’apartheid en Israël - Gideon Levy - Ha’aretz : http://www.haaretz.com/news/nationa...

(2) - voir notamment :
C’en est fini de la « majorité juive » en Palestine - Akiva Eldar - Ha’aretz http://www.haaretz.com/news/feature...

Omar Barghouti est un militant des droits humains, membre fondateur du mouvement de boycott mondial contre Israël à direction palestinienne, et auteur de Boycott, désinvestissement, sanctions. (BDS) contre l’apartheid et l’occupation de la Palestine (Éditions La Fabrique).

D’Omar Barghouti :

- BDS : Les Palestiniens veulent « toute la panoplie des droits »
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Message diffusé par Omar Barghouti, le 23 octobre 2012 - Omar Barghouti <omar.barghouti@gmail.com> - traduction : JPP


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