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Quand la « liberté d’expression » devient incitation à la haine

lundi 1er octobre 2012 - 11h:28

Kourosh Ziabari

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Tout ce monde découvre le film provocateur qui insulte l’une des religions les plus vénérées et populaires sur la planète, après que leur ambassadeur et d’autres membres du personnel diplomatique aient été tués à l’étranger.

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Des manifestants crient des slogans hostiles aux États-Unis, le 21 septembre 2012, à Rawalpindi, au Pakistan - Photo : Bangash/AP/SIPA

Bien sûr, la violence n’est pas acceptable, mais les politiciens américains et les médias n’ont jamais prêté la moindre attention à la nature scandaleuse et indigne d’un film qui présente l’Islam comme une religion répressive, et son saint Prophète comme un individu dépravé et corrompu. Ce film a durement touché les âmes de 1,5 milliard de Musulmans dans le monde entier, par ses propos odieux et révoltants.

« Innocence des Musulmans », produite par un homme qui s’est réfugié dans la clandestinité depuis la sortie de la bande-annonce de 13 minutes de sa vidéo sur Youtube, est un film submergé de propos répétitifs et de représentations insultantes. Il y a eu une large controverse sur l’identité de l’homme à l’origine du film. Mercredi dernier, l’Associated Press a publié une interview d’un homme présenté comme citoyen américano-israélien et nommé Sam Bacile, ayant produit le film grâce aux dons de 100 sponsors juifs. Le même jour, le Wall Street Journal [WSJ] a publié un entretien avec ce Bacile et l’a présenté aussi comme l’auteur et le producteur du film.

Mais le lendemain, le WSJ a publié un correctif, notant que « des informations ultérieures indiquent que [le] nom est un pseudonyme. » Par la suite, certains médias ont fait référence à ce dénommé Sam Bacile comme étant en fait Nakoula Basseley Nakoula qui est né et a grandi au Caire en Égypte, et plus tard à Cerritos en Californie. Des enquêtes complémentaires menées par les médias ont révélé que le producteur de ce film incendiaire faisait usage d’un grand nombre de pseudonymes, dont Nicola Bacily, Robert Bacily, Matthew Nekola, Daniel K. Caresman, Sobhi Bushra et Malid Ahlaoui.

Ce qui semble ressortir clairement des différents rapports diffusés par les agences de presse et les journaux, c’est que l’israélo-américain Sam Bacile serait le même que le copte égyptien Nakoula Basseley Nakoula, qui aurait endossé des identités ambiguës et équivoques, afin d’éviter les conséquences possibles de la rage et de la fureur des Musulmans. Fait intéressant, les médias n’ont publié aucune photo de lui. Une recherche d’images sur Google avec les entrées « Sam Bacile » et « Nakoula Basseley Nakoula » renvoient les photos de Terry Jones et de l’ancien ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens ! Il n’y a qu’une seule photo qui montre un homme prétendu être Nakoula Basseley Nakoula, assis à côté d’une femme. Mais personne n’a confirmé la véracité de l’image.

Selon le New York Daily News, ce cinéaste de 55 ans a été reconnu coupable de fraude aux comptes bancaires en 2010 et condamné à une peine de 21 mois de prison, dont il a servi un an pour être ensuite placé en liberté surveillée. Un tribunal fédéral a jugé qu’il était interdit d’utilisation d’Internet pendant 5 ans.

Il y a quelques films enregistrés de ses discours anti-Islam, prouvant qu’il a un passif d’attaques contre les Musulmans. Dans son récent entretien avec l’AP, le cinéaste extrémiste a qualifié l’Islam « de cancer », affirmant que « les États-Unis ont perdu beaucoup d’argent et beaucoup de monde dans les guerres en Irak et en Afghanistan, tandis que nous nous battons avec des idées. »

Cependant, indépendamment de l’identité et des antécédents de ce profanateur, la profondeur de la calamité qu’il a créée en produisant le film anti-Islam est indescriptible. Il a insulté la personnalité la plus vénérée et honorée du monde musulman, qui est considérée comme un intermédiaire entre les peuples de la terre et Dieu Tout-Puissant. Sa prophétie est parmi les principaux piliers de l’Islam en tant que foi universellement reconnue, et 1,5 milliard de Musulmans, de toutes les origines et de toutes les langues croient que le Prophète Mohammed est le dernier prophète inspiré par Dieu. Les Musulmans croient que le Coran est un miracle du Prophète Mohammed et qu’Allah a envoyé les versets du Coran mot à mot dans le c ?ur du Prophète. Les Musulmans ne touchent pas les mots et les pages du Coran tant qu’ils n’ont pas effectué le wudu (les ablutions religieuses à respecter avant de dire des prières ou de lire le Coran). Ce ne sont pas simplement des usages traditionnels, mais des croyances qui sont profondément ancrées dans les c ?urs et les âmes des Croyants.

La majorité des médias et politiciens américains y sont allés de leurs condamnations, mais la condamnation de quoi ? Ils ont condamné la vague de colère qui a balayé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et a conduit à l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye, comme à d’autres attaques contre les missions diplomatiques américaines dans le monde entier : en Inde, en Tunisie, au Yémen, au Pakistan, au Soudan, pour ne citer qu’eux... et même dans des pays européens comme la Grèce, le Danemark et la Belgique. Des excuses ont été faites après la sortie du film blasphématoire qui a brisé le c ?ur de millions de Musulmans, mais pas par les autorités américaines... et plutôt par les dirigeants de certains pays dans lesquels les missions diplomatiques américaines ont été prises à partie.

Les vives protestations des Musulmans à travers le monde, vivement critiquées par la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, sont une conséquence naturelle des horribles agressions commises par les États-Unis et d’autres pays occidentaux contre l’Islam. Quand ils abusent de façon flagrante du concept de « liberté d’expression » pour justifier leurs insultes blasphématoires à l’égard de l’Islam et de ses lieux saints, il est évident que les Musulmans vont à la fois éprouver de la colère et vouloir réagir violemment.

La campagne occidentale dirigée contre les Musulmans est lancée depuis longtemps, mais elle a été réorganisée et dynamisée ces dernières années, en particulier après les attaques du 9/11 et après que le président Bush ait déclaré sa guerre contre le terrorisme. Guerre que certains commentateurs politiques considèrent comme une guerre contre l’Islam.

En Septembre 2005, le journal danois Jyllands-Posten a publié des caricatures offensantes du Prophète Mohammed, ce qui entraîné une controverse au niveau mondial qui a duré plusieurs mois.

En 2006, l’extrémiste et député de la droite néerlandaise Geert Wilders a déclenchée une réaction enflammée en produisant un film insultant intitulé « Fitna », dans lequel il lançait des accusations sans fondement contre l’Islam - dont l’affirmation selon laquelle l’Islam soutenait la violence et le terrorisme. Comme l’écrit Kaiser Bengali dans The Express Tribune, « les idées de Wilders ont trouvé un écho dans la vie politique à travers l’Europe. La France et la Belgique ont interdit le voile couvrant le visage et la Suisse a interdit la construction de nouveaux minarets à la suite d’un référendum. Anders Breivik, un chrétien extrémiste norvégien qui a assassiné près de 80 personnes près d’Oslo pour concrétiser ses sentiments anti-islamiques, s’était référé aux propos de Wilders dans son manifeste en ligne. »

D’autres attaques ont été depuis lancées contre l’Islam et les Musulmans, comme en 2011 losrque Terry Jones, le pasteur fou d’une église évangélique aux États-Unis a brûlé des exemplaires du Coran le jour anniversaire des attaques du 9/11 et a déclenché une colère internationale. Il a plus tard avoué publiquement dans une interview qu’il n’avait jamais lu le Coran et ne savait rien du Prophète Mohammed.

À présent, les attaques anti-Islam et anti-Musulmans se sont concrétisées sous la forme du film sacrilège que le commentateur du journal néo-conservateur The Wall Street Journal a qualifié de film que « personne n’a vu » et qui présente le Prophète Mohammed « sous un jour, eh bien... peu flatteur ».

La réaction de duplicité et d’hypocrisie des politiciens occidentaux et des médias à l’égard du film, et leur justification que sa distribution est acceptable pour cause de « liberté de parole » est la preuve qu’ils n’ont jamais été sincères dans leurs affirmations et qu’ils sont intentionnellement inattentifs et négligents quand il est question de la sensibilité de quelques 1,5 milliard de personnes à travers le monde.

Si la liberté d’expression est une valeur universelle, elle ne devrait alors pas être limitée quand il s’agit de critiquer Israël et de parler de sa domination sur le Congrès et les médias américains. En tout cas, la liberté d’expression occidentale a de nouveau pris la forme hideuse et détestable d’un blasphème et d’un appel à la haine.

* Kourosh Ziabari est un journaliste iranien et correspondants pour les médias. Il écrit pour Global Research, Tehran Times, Iran Review, Veterans Today et Salem News.
Ses articles et ses interviews ont été publiés dans 10 pays. Il a reçu en 2010 du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, la médaille de la Jeunesse iranienne.
Blog en anglais : http://cyberfaith.blogspot.com

* Du même auteur :

- Pourquoi Israël se réjouit tant des tensions entre le Canada et l’Iran... - 19 septembre 2012
- Sur l’interventionnisme humanitaire, l’Iran, Israël et les Pays Non Alignés - 5 septembre 2012
- Les victimes silencieuses des sanctions contre l’Iran - 29 août 2012
- Une interview d’Adam Shapiro, cofondateur d’ISM - 4 février 2009
- Une interview de Gilad Atzmon - 24 janvier 2009

26 septembre 2012 - Transmis par l’auteur - Traduction : Info-Palestine.net - Claude Zurbach


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