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La Palestine dans les manuels scolaires israéliens

lundi 3 septembre 2012 - 07h:35

Daoud al Ahmar - Nena News

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Ramallah a connu, le mois de juillet dernier, la présentation par Nurit Peled-Elhanan de son dernier livre qui s’est intéressé à l’analyse des manuels scolaires israéliens. A travers cet ouvrage, la professeure dresse un constat alarmant et un tableau des plus décourageants au sujet de la Palestine et de tout ce qui la représente dans ces manuels scolaires.

Ramallah, Cisjordanie - Nena News, le 13 juillet 2012 - Il y a quelques semaines à Ramallah, la célèbre journaliste israélienne Amira Hass a organisé une rencontre très engageante pour présenter le dernier travail de sa concitoyenne Nurit Peled-Elhanan, professeure à l’Université Hébraïque de Jérusalem et co-fondatrice du Tribunal Russell sur la Palestine.

L’auteure du livre était également présente à cette rencontre qui s’est ouverte par une courte introduction de la journaliste de Haaretz. Amira Hass a voulu saisir l’occasion pour faire part à l’auditoire de la chance dont peut se réjouir une citoyenne israélienne comme Peled-Elhanan de pouvoir venir présenter ses ?uvres et travaux à Ramallah, dans les Territoires Occupés, alors qu’un citoyen Palestinien, qu’il réside de l’autre côté du mur de séparation ou à Gaza, est interdit de se rendre à Jérusalem ou en Israël.

Amère, la journaliste souligne : « C’est vraiment désagréable d’exploiter les biens et les avantages des autres. C’est pourquoi, nous essayons, par divers moyens, de combattre le Régime des Privilèges dans lequel nous sommes malheureusement nés. » « Ce livre, conclut-elle, s’avère un excellent moyen pour renverser ce Régime. »

Intitulé « La Palestine dans les manuels scolaires israéliens : Idéologie et Propagande dans l’Education », ("Palestine in Israeli Books : Ideology and Propaganda in Education") l’ouvrage a été publié à Londres, en avril 2012. Il s’agit d’un travail d’analyse effectué par Nurit Peled-Elhanan qui a voulu mettre la lumière sur l’illustration de la Palestine dans les livres scolaires adoptés dans la majeure partie des écoles israéliennes, à l’exception des écoles ou instituts religieux ou d’inspiration et tendance sioniste.

Ce livre a donc porté sur l’analyse des textes sur l’histoire et la géographie, en examinant les publications qui s’étendent de 1996 à 2009. L’auteure a, de ce fait, insisté sur l’aspect sémiologique de son étude qui ne s’arrête pas seulement à la langue écrite mais qui se penche également sur l’analyse des représentations visuelles et des Mind Maps qui enrichissent les textes.

L’essai fait immédiatement ressortir les principes fondamentaux sur lesquels repose la propagande israélienne, ainsi que les concepts qui constituent le dénominateur commun de tous les manuels : l’antisémitisme, la menace arabe et le droit historique des juifs à retourner dans leur patrie. Devant cet état des choses, la professeure ne manque pas de critiquer : « Ces principes n’ont jamais été contestés par qui que ce soit, pas même par le mouvement des Nouveaux Historiens. »

Par ailleurs, la professeure fait remarquer que les livres soumis à examen ne décrivent jamais les Palestiniens comme des êtres humains mais plutôt comme un problème. Les photos qui illustrent les textes ne démontrent jamais des personnes physiques mais des lieux et des agglomérations urbaines, et les arabes (le terme « palestiniens » n’est jamais utilisé) sont représentés par des stéréotypes racistes qui en font des êtres primitifs aux pratiques tribales et archaïques, ennemis de la modernité et des hors-la-loi.

Pour soutenir de telles conjectures, les photographies évocatrices sont sans appel : des méthodes obsolètes pour cultiver la terre (les ânes dans les champs et les charrues), des situations d’extrême pauvreté, de dégradation et de saleté. Les images vont jusqu’à pousser l’élève à la comparaison et ce, en montrant le contraste entre les vieilles habitations arabes construites en pierres blanches rugueuses et l’architecture ultra moderne et fonctionnelle des colonies au style suisse et aux toits anti-neige.

S’agissant des principaux points qui caractérisent le conflit israélo-palestinien, il est mentionné dans les textes d’histoire la prétendue fuite, depuis 1948, des Palestiniens qui ont abandonné leurs maisons, leurs villages et leurs terres pour aller se réfugier « ailleurs » volontairement ou bien en raison d’une force surnaturelle.

L’auteure explique également que la dépersonnalisation, même modérée, de la guerre et des violences justifie, selon une « logique mythologique », les principaux massacres comme ceux de Deir Yassin, de Kybia et de Kaffer Kassim. Ces massacres sont fortement signalés dans les livres mais sont représentés comme des « évènements » qui puisent leur légitimité historique et militaire dans le complexe et le plan insondable de l’Indépendance et de la défense du peuple juif qui vit avec la menace d’être liquidé.

Aujourd’hui, pour justifier l’occupation des territoires, il faut faire appel à une démocratie défensive qui exige le contrôle minutieux et au peigne fin des « frontières instables » qui regroupent une population militairement et démographiquement dangereuse. En outre, les textes ne manquent pas de vanter continuellement la singularité et l’unicité du peuple juif face à une communauté internationale qui ne réussit pas à comprendre ses actions et ses réactions. Dans cette perspective, il est sous-entendu par « Personne ne peut comprendre notre situation mieux que nous », une suggestion sournoise pour expliquer aux élèves pourquoi le Droit International n’est pas applicable sur l’Etat d’Israël. Cette tournure est tout simplement connue sous le nom d’ « impunité ».

Nurit Peled-Elhanan se penche plus particulièrement sur la syntaxe et la sémantique utilisées dans les textes. Le choix des mots n’est jamais un jeu du hasard (par exemple, l’utilisation du terme Terre d’Israël plutôt qu’Etat d’Israël) car ils [les mots] sont utilisés pour contourner une vérité, et la preuve la plus frappante est l’absence du terme Palestine. Et là encore, pour être honnête, il y a un cas précis où l’adjectif palestinien est utilisé : lorsqu’il s’agit de l’associer au terrorisme.

Pour leur part, les phrases sont construites de façon à exclure toutes les suppositions ou les hypothèses ouvrant la voie devant la critique. Entre temps, le contenu de ces mêmes phrases appelle à l’indulgence et à la complaisance. Pour finir, l’auteure conclut que les textes ressemblent plus à un manifeste militaire qu’à un outil éducatif.

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Nurit Peled-Elhanan

La présentation de l’ouvrage a été accueillie par un public large et hétérogène et la rencontre a été enrichie par de nombreuses questions. Pour Nurit Peled-Elhanan, il s’avère que l’aspect le plus marquant et surprenant lors de son travail de recherche et d’analyse n’était pas forcément le contenu des textes mais plutôt le degré de précision et de minutie avec lesquels ils répondent à toutes les catégories de racisme visuel et littéraire. Il y a eu également des questions qui ont finalement poussé l’auteure à parler brièvement de son expérience universitaire. En réponse à la question : « Comment réagissent vos étudiants israéliens lorsqu’ils apprennent de telles vérités pendant les cours ? » Peled-Elhanan a répondu : « Je n’ai jamais eu de problèmes pendant mes cours. Pour le reste, il y a certaines évidences qui, une fois révélées, on ne peut plus faire semblant de les ignorer ou de ne pas les voir. »

Nurit Peled-Elhanan a reçu le prix Sakharov du Parlement européen en 2001 pour ses plaidoyers en faveur de la paix au Moyen-Orient. Elle est professeure de littérature et de sciences de l’éducation à l’université hébraïque de Jérusalem, et co-fondatrice du Tribunal Russell sur la Palestine.

13 juillet 2012 - Nena News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://nena-news.globalist.it/Detai...
Traduction de l’italien : Info-Palestine.net - Niha


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