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Bush, l’AIPAC et la Palestine

mardi 3 avril 2007 - 10h:13

James Petras - Counterpunch

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Lundi 26 mars 2007 au nord de Gaza, un fleuve d’eaux usées et de déchets non traités déborde d’une digue de terre qui s’est éboulée dans un camp de réfugiés, chassant 3 000 Palestiniens de leurs maisons. 5 habitants ont été noyés, 25 blessés et beaucoup de maisons détruites.

L’économie politique d’une catastrophe

Le New York Times, le Washington Post et la télévision accusent la mauvaise qualité de l’infrastructure. Le Daily Alert (l’organe de la chambre des présidents des principales organisations juives - la PMAJO) blâme les Palestiniens qui, prétend-elle, ont enlevé le sable pour le vendre à des entrepreneurs de la construction, minant ainsi la digue de terre. La catastrophe d’Umm Naser (le village en question) est symbolique de toutes les fautes de la politique USA/Israël au Moyen-Orient. La catastrophe dans ce village isolé trouve ses racines avant tout à Washington où l’AIPAC et ses alliés politiques ont réussi à obtenir le soutien américain au boycott financier et économique voulu par Israël contre le gouvernement palestinien suite à la victoire électorale démocratique du Hamas.

La victoire de l’AIPAC à Washington s’est étendue à l’Europe et au-delà à de nombreux pays, comme à l’Union européenne qui a aussi appliqué des sanctions en coupant le financement de tout projet de nouvelles infrastructures et de maintenance des installations existantes. Aux conventions de l’AIPAC, de 2005 à 2007, les dirigeants des deux grands partis américains, ceux du Congrès et de la Maison Blanche ont promis de renforcer la stratégie de boycott et de sanctions de l’AIPAC. Celui-ci a fêté sa victoire en faveur de la politique israélienne et a revendiqué la paternité de la législation. S’ajoutant à la malnutrition, cette politique a saboté tous les projets publics de maintenance.

Au centre également de la catastrophe, les bombardements soutenus et massifs par Israël de Gaza durant l’été 2006 qui ont démoli les routes, les ponts, les réseaux d’égout, les stations d’épurations et les centrales électriques. Le nord de Gaza a été l’une des nombreuses cibles avec un effet néfaste grave sur des infrastructures déjà précaires et sur de nombreux postes budgétaires du gouvernement notamment l’entretien des usines de traitement des eaux usées et des fosses d’aisance.

Le blocus économique d’Israël contre Gaza a accru le chômage, la pauvreté et le manque de nourriture à des niveaux jamais atteints. Les Gazans sans emploi représentent plus de 60% de la population où nombre de familles avec de jeunes enfants ont été réduites à un repas par jour. Les chefs de familles cherchaient désespérément par tous moyens de gagner de l’argent pour acheter une livre de pois chiche, du pétrole, du riz et de la farine pour faire du pain. Il est possible que, contraints par l’AIPAC qui a incité au boycott US/UE et par les bombardements et le blocus israéliens, certains travailleurs désespérés aient pu retirer du sable autour des fosses d’aisance. Le prétexte est saisi par la PMAJO pour accuser les victimes palestiniennes d’être responsables de leur propre souffrance, et pour exonérer les Israéliens, l’AIPAC et les clients du Congrès.

La PMAJO a justifié trente neuf années d’occupation israélienne et de négligences criminelles sur les installations basiques de traitements des eaux usées de Gaza. Israël dépense moins de 2% par personne en services de base dans les Territoires occupés - qu’il est tenu d’assurer en tant que responsable de par la loi internationale -, que ce qu’il dépense en Israël. Les Nations unies et les groupes israéliens pour les droits humains ont diffusé l’information sur les carences inhumaines d’Israël dans sa responsabilité à l’égard des civils palestiniens sous son occupation violente. Il n’est pas surprenant que la PMAJO n’ait trouvé rien de mieux que d’accuser les Palestiniens indigents pour l’éboulement de la digue de terre rudimentaire et pour ces morts atroces.

Dans la mesure où un quelconque dirigeant palestinien pourrait être tenu pour responsable, tout indique l’OLP soutenue par les Israéliens et les Etats-Unis ainsi que son dirigeant en fonction qui réceptionne ce que l’aide humanitaire envoie en Palestine. Des dizaines de millions de dollars de taxes palestiniennes à l’importation conservés par les banques israéliennes ont été remis à Mahmoud Abbas pour armer les groupes anti-Hamas. Pendant les deux dernières décennies, les dirigeants modérés de l’OLP soutenus par les USA et leurs copains capitalistes ont détourné des dizaines de millions de dollars et d’euros vers leurs comptes bancaires privés outre-mer, avec l’acquiescement de leurs patrons européens, américains et israéliens. N’y a-t-il pas un côté corrupteur des Palestiniens en soutenant un groupe incompétent de dirigeants dociles ?

La situation désespérée des villageois d’Umm Naser inondés par leurs propres eaux usées n’est ni le fait du destin ni le résultat d’une négligence ou d’un vol de leur part : elle est la conséquence directe de toutes les fautes de la politique américaine au Moyen-Orient, des prises de positions avec une puissance coloniale sauvage et ses porte-parole et ses puissantes organisations à Washington. Umm Naser s’écrit en gros dans toute la Palestine, dans tout l’Irak et tout le Liban : des millions de villageois arabes souffrent des conséquences des guerres préventives pour assurer le Grand Israël comme le Président Bush et son vice-Président l’ont publiquement déclaré pour justifier leur offensive.


James Petras, ancien professeur de sociologie à l’université Binghamton, New York, a une expérience de 50 années du combat de classe. Il est conseiller des organisations des sans-terre et de chômeurs au Brésil et en Argentine. Il est co-auteur de La Face cachée de la mondialisation : L’Impérialisme au XXIe siècle . Son nouveau livre avec Henry Veltmeyer, Social Movements and the State : Brazil, Ecuador, Bolivia and Argentina, sera publié en octobre [2007]. Il peut être contacté à l’adresse : jpetras@binghamton.edu

2 avril 2007 - CounterPunch - photo : AP/H. Moussa.


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