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Souvenons-nous de Mamoun, assassiné par l’armée israélienne d’occupation alors qu’il jouait au football

lundi 25 juin 2012 - 09h:46

Rami Almeghari - E.I

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« Je ne pourrai jamais oublier son image avec du sang partout sur son petit corps et ses deux jambes grièvement blessées, » me dit Umm Mamoun Hassouna alors qu’elle est assise à la maison d’un parent dans la ville de Gaza.

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Mohammed al-Dam pleure sur le corps de son fils, Mamoun, assassiné mercredi 20 juin par un raid aérien israélien - Photo : Ashraf Amra / APA images

« Je suis une prédicatrice [pour les femmes] dans une mosquée de mon quartier et j’ai l’habitude de prêcher contre la violence faite aux enfants innocents israéliens, aux femmes ou aux personnes âgées, et même contre le fait de couper un arbre, » dit-elle encore.

« Après avoir vu mon fils tué sous mes yeux par un avion de guerre israélien, je me demande ce que mon fils a fait contre Israël [pour qu’ils] le tuent, » ajoute Umm Mamoun.

Mamoun Zuhdi al-Dam, âgé de 13 ans, a été tué le mercredi 20 juin, lors d’une attaque israélienne sur Gaza, au milieu des échanges de tirs entre l’armée israélienne et les organisations de la résistance palestinienne, qui ont fait huit morts palestiniens.

Vers 15 heures, un avion de combat israélien a tiré un missile sur une famille palestinienne qui était réunie pour un pique-nique derrière le campus de l’Université des Sciences Appliquées, dans le quartier de Tal al-Hawa au sud de la ville de Gaza. Mamoun al-Dam a été tué dans cette attaque.

Son père Muhammad al-Dam Zohdi, qui est aveugle et âgé de 67 ans, a été blessé par des éclats d’obus à la tête et au cou. Trois autres enfants qui se trouvaient dans un champ voisin ont également été blessés, selon le rapport hebdomadaire du Centre palestinien pour les droits de l’homme.

Il avait préparé du thé pour ses parents

« Il y a un mois, j’ai hérité d’un petit lopin de terre - environ 220 mètres carrés - de ma famille, et nous étions tous très heureux de posséder ce petit terrain car mon mari est un homme âgé à la retraite, » raconte Umm Mamoun. « Depuis que nous avons hérité de cette terre, Mamoun avait l’habitude d’y aller souvent et de profiter du plein air. »

Le jour où il a été tué, dit sa mère, Mamoun était allé au lopin de terre dans le quartier de Zaytoun, juste à côté de la mosquée Ali Bin Abi Talib, à environ 9 heures du matin. « J’ai ensuite reçu un appel téléphonique de lui m’informant que la situation était tendue et que les avions de guerre israéliens bourdonnaient au-dessus d’eux, » dit-elle. « Son père et moi avions peur pour lui et nous sommes allés le rejoindre. »

Mamoun, dit sa mère, lisait le Coran et il dirigea la prière de midi ce jour-là sur le petit terrain appartenant à la famille. Le garçon avait aussi préparé du thé pour ses parents, puis il s’était mis à écouter les nouvelles sur son téléphone portable.

« Tandis qu’il écoutait le bulletin d’informations, il nous dit qu’un avion de guerre israélien avait tiré un missile plus loin ailleurs », a-t-elle ajouté.

Tué alors qu’il jouait au football

« Puis Mamoun est allé jouer avec un ballon de football près de nous, » se rappelle sa mère, entourée de pleureuses. « Soudain, nous avons entendu une forte explosion et des colonnes de fumée couvraient la place. J’ai entendu crier et j’ai vu Mamoun taché de sang et ses jambes gravement touchées. À ce moment-là, des parents à nous, qui sont nos voisins, sont venus pour nous aider. Son père a été légèrement blessé aussi. »

« Mamoun était tout pour moi - un fils, un frère, une s ?ur et tout dans ma vie, » dit sa mère en deuil. « Je suis la seconde épouse de son père, et Dieu m’avait donné Mamoun pour remplir ma vie. »

En larmes, Umm Mamoun parle de la façon dont son fils lui disait : « Je t’aime tellement, maman. Tu es ma chérie, Je t’aime, Je t’aime. »

« Il remplissait tous mes instants de joie. »

Muhammad, le père de Mamoun, est un commerçant à la retraite. Il est assis à une cérémonie de condoléances dans le quartier Asqoula dans la ville de Gaza, avec sa main gauche bandée à cause de ses blessures provoquées par le même missile que celui qui a tué son fils.

Alors que ses parents et amis sont venus présenter leurs condoléances, Muhammad Zuhdi al-Dam se lamente : « Je ne sais pas quoi dire, sauf souhaiter que Dieu nous venge de ceux qui ont tué mon fils Mamoun. »

Al-Dam raconte que son fils s’occupait de lui à cause de sa cécité. « Mamoun, peut-il reposer en paix, était très fiable, même s’il était encore un enfant. Il m’emmenait à la mosquée pour la prière, il me cherchait tout ce dont j’avais besoin dans les épiceries proches, il comblait mes moments de joie. »

Pas de résistance, pas de tirs

Al-Dam m’explique alors que le moment où son fils Mamoun a été touché par le missile israélien, il n’y avait aucun signe de tirs venant de Palestiniens ni de tirs de roquettes dans la zone.

« Le secteur dans lequel notre nouveau morceau de terre est situé est loin de la frontière israélienne et il est très habité, » ajoute-t-il.

Les tantes maternelles de Mamoun, du côté de sa mère, Umm Mahmoud Ahmad et Umm Hassouna, rappellent combien Mamoun était gai, plein d’humour et gentil.

« Un jour, j’étais très triste et j’ai visité ma s ?ur Umm Mamoun pour me sentir mieux. Mamoun est venu vers moi et m’a dit : ’ma tante, je vais te dire 15 plaisanteries de sorte que tu vas sourire’, » se souvient Umm Ahmad avec un sourire triste sur son visage.

La nièce de Mamoun, âgée de sept ans, Abeer Zuhdi al-Dam, a voulu dire aussi ses sentiments.

« Nous allions souvent jouer ensemble. Parfois, il me montrait ses photos sur son ordinateur, et nous faisions beaucoup de jeux, comme jouer à cache-cache. Nous détestons Israël qui l’a tué, nous haïssons Israël qui l’a tué, » dit-elle.

« Comme mon fils »

Zohdi al-Dam, le frère aîné de Mamoun âgé de 42 ans, reçoit les condoléances aux côtés de son père. « C’est quelque chose que notre foi nous oblige à supporter et à admettre, mais la question est, pourquoi les Israéliens s’attaquent-ils aux enfants ? Pourquoi ? » me dit Zohdi al-Dam. « Mamoun était comme mon fils, car la différence d’âge entre nous est d’une trentaine d’années. »

« Pourquoi ces supposés dirigeants mondiaux se réunissent-ils au soi-disant Conseil de sécurité des Nations Unies ? C’est plutôt le Non-Conseil de sécurité, » fait remarquer le père de Mamoun. « Quand un Israélien est blessé, ces dirigeants présumés se précipitent pour condamner ou appeler à l’action, mais quand nos propres enfants sont tués, personne ne se déplace. »

* Rami Almeghari est journaliste et conférencier universitaire vivant dans la bande de Gaza.

Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.

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22 juin 2012 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.net


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