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Anniversaire du blocus sur Gaza : un état de siège et de normalité

samedi 23 juin 2012 - 12h:21

Ramzy Baroud

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Cinquante organisations internationales se sont rassemblées, le 14 juin, pour marquer le cinquième anniversaire du blocus imposé à Gaza par Israël et pour enjoindre ce dernier à mettre fin à cette fermeture qui a réduit cette petite Bande appauvrie en une grande prison à ciel ouvert.

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Le 5 juin 2012, les Palestiniens brandissent le drapeau national lors d’un rassemblement pour dénoncer l’occupation israélienne.

Depuis plus de cinq ans, Israël impose un blocus à la Bande de Gaza dont la population est estimée à 1,6 million - majoritairement des enfants - et enfreint de ce fait le droit international. A ce titre, le communiqué conjoint cite « Nous, soussignés, déclarons d’une seule voix ’Mettez fin au blocus de Gaza Maintenant’ ».

Parmi les signataires figuraient des noms d’organisations reconnues à l’instar de Save the Children, Oxfam, l’Organisation Mondiale de la Santé, Amnesty International et Médecins du Monde. En fait, les termes de cette déclaration reflètent et reprennent une pléthore d’appels qui ont déjà été lancés pendant toutes ces années, à une différence près : la population gazaouie n’a pas cédé face au siège, au contraire, et elle est passée de 1.5 million d’individus à plus de 1.6 million.

Peu avant cette déclaration, il y a eu une vive condamnation de la part de la Secrétaire Générale Adjointe aux affaires humanitaires, Valérie Amos, qui a dénoncé ce qu’elle appelle « une punition collective de tous ceux qui vivent à Gaza et... un déni des droits humains les plus fondamentaux, ce qui constitue une violation manifeste du droit international. » Amos a par ailleurs exigé « la levée immédiate du blocus pour assurer les services et les infrastructures indispensables. »

Mais il faudrait souligner qu’il n’y a rien de nouveau dans cette action menée par les organisations humanitaires et des droits de l’homme en vue de décrier et de condamner les violations israéliennes des droits humains en Palestine. Malheureusement, il n’y a jamais eu, sinon rarement, de suite à ces appels avec la moindre campagne politique organisée. Quant aux gouvernements occidentaux, il apparait clairement qu’ils se sentent les moins concernés par le drame actuel qui sévit en Palestine. D’un point de vue historique, l’Occident a toujours adopté une politique d’indignation sélective lorsqu’il s’agit de transgression des droits de l’Homme. Pire encore, les puissances occidentales ont à maintes reprises joué un rôle actif pour le maintien de l’assujettissement permanent des Palestiniens par Israël. - Haaretz (10 août 2004)

C’est pourquoi, l’appel des organisations de défense des droits de l’Homme aurait été plus significatif s’il était directement adressé aux puissances occidentales qui soutiennent aveuglément les actions d’Israël. De ce fait, appuyer l’idée que le siège sur Gaza incombe totalement à Israël constitue un stratagème qu’il faut dévoiler. Tout aussi faux et trompeur sera le fait d’évoquer la guerre israélienne meurtrière sur Gaza (Opération Plomb Durci 2008-2009) sans faire mention du solide soutien politique et militaire des Etats-Unis et des autres puissances occidentales. Force est de constater que sans cette assistance, Israël ne se serait jamais aventuré dans une guerre aussi coûteuse, ni aurait réussi à construire son ainsi nommé Mur de Séparation ou ses colonies illégales.

D’autre part, les Palestiniens suivent les évènements que connait la région et ils sont de plus en plus frustrés par le fait que chaque crise humanitaire qu’une politique provoque est classée sans suite, tandis que la question liée au blocus sur Gaza est limitée à la seule préoccupation de la possibilité ou non d’acheminer des denrées alimentaires à l’intérieur du territoire assiégé.

Les Palestiniens ne sont pas l’objet d’une expérience collective, même si Israël affirme le contraire. Il s’agit en fait d’une politique délibérée et élaborée par l’homme politique israélien Dov Weissglass, ancien proche collaborateur du Premier Ministre Ariel Sharon. Il avait un jour annoncé : « L’idée n’est pas de laisser les Palestiniens mourir de faim, mais seulement de les mettre au régime. » Ce « régime » collectif s’inscrivait dans le cadre d’une politique encore plus vaste qui avait accompagné le redéploiement israélien de Gaza, plus connu sous le nom de « désengagement ». Il avait alors expliqué que « le désengagement est en réalité un procédé qui ne permet pas à l’autre partie d’agir. Il a un effet anesthésiant qui intervient à chaque occasion pour empêcher tout processus politique avec les Palestiniens. » - Haaretz (10 août 2004)

Ces déclarations sont donc tirées du quotidien israélien Haaretz dans son édition du 10 août 2004. Elles ont clairement indiqué que les plans pour assiéger Gaza avaient été mis en place bien avant la victoire du Hamas aux élections législatives et le début de ses affrontements violents avec son rival du Fatah. Ce plan précède même la capture du soldat israélien Gilad Shalit.

Pourtant, Israël défend toujours son recours au blocus en évoquant le Hamas et son contrôle sur le territoire. D’ailleurs, Mark Regev, le porte-parole du Premier Ministre Benjamin Netanyahu avait affirmé que « toutes les marchandises et cargaisons en direction de Gaza doivent être vérifiées car la Bande est contrôlée par le Hamas, reconnu à l’échelle internationale comme une organisation terroriste. »

Afin de parer à toute controverse, les organisations internationales critiquent le blocus israélien comme s’il s’agissait d’un évènement apolitique. La réponse israélienne, comme à l’accoutumé pratique et superflue, recourt à la juxtaposition du terrorisme du Hamas avec la supposée démocratie israélienne. Les porte-parole du département d’État américain abondent en général dans le sens des prétentions d’Israël, et la discussion s’arrête là.

Ironie du sort : le jour où les internationaux s’étaient réunis pour condamner le siège sur Gaza, Shimon Peres s’est vu décerner la Médaille Présidentielle de la Liberté par son homologue étasunien Barak Obama. Ce dernier a tenu à saluer et à louer « l’esprit indomptable » d’un Shimon Pérès qui avait, lors de divers mandats ministériels dont le poste de Premier Ministre puis celui de Président, planifié et défendu l’occupation illégale israélienne, les massacres et les mauvais traitements infligés aux Palestiniens.

Le risque réel est que le siège de Gaza ne devienne avec le temps une réalité qui fasse partie d’un statu quo général imposé par Israël et défendu par ses bienfaiteurs et protecteurs. Mais ce que tout le monde ignore ou oublie est le fait que la Bande de Gaza avait été, d’abord et avant tout [même avant le blocus] un territoire occupé par Israël, tout comme la Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est (al-Quds) illégalement annexée. Ainsi, il n’y a aucune logique à ce que The Economist, dans son article du 16 juin sur la commémoration du blocus, donne comme titre : « La normalité reviendra-t-elle un jour dans la Bande de Gaza ? »

Au lieu de commencer son analyse en remettant en cause le siège illégal, le magazine a cherché à mettre en évidence le pouvoir du Hamas et sa réussite, même relative, à résister à « un blocus astreignant, aux bombardements et à la guerre durant cinq années. » Et une fois de plus, les Palestiniens sont la matière d’une expérience collective de guerre et de blocus. L’article finit par soutenir l’idée que « le Hamas a certes bâti son empire local, mais il reste incertain quant à la prochaine étape à suivre. »

Il s’agit là d’une couverture typique de ce qui se passe sur le terrain, puisque la guerre et le blocus imposés par Israël sont encouragés par les principaux médias et considérés comme un aspect de la vie quotidienne, ne méritant même pas la moindre condamnation ni critique. S’il y a bien une analyse pertinente, elle doit porter sur la capacité des « terroristes » gazaouis à contourner le blocus et à maintenir en place leur « empire local. »

Après cinq ans de blocus sur la Bande de Gaza, nous constatons qu’Israël n’a pas fait plier la volonté des Palestiniens ni obtenut de concessions politiques en échange de nourriture ou de médicaments même d’importance vitale. Mais il a parfaitement réussi à intensifier sa violence et son blocus contre les Palestiniens - normalisant d’une certaine manière ces inhumaines et atroces réalités, prudemment critiquées par certains et acceptées et défendues sans réserve par d’autres.

*Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.

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18 juin 2012 - Press TV - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.presstv.ir/detail/246730.html
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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