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Entretien avec Samia Bamya

dimanche 1er avril 2007 - 11h:43

Pour la Palestine n°52

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Renforcer l’action des femmes au sein de leurs partis respectifs

La Palestine est souvent surréaliste : les programmes des ONG concernant les femmes se poursuivent comme si de rien n’était. Dans le même temps, les femmes doivent faire face à l’occupation, sans perspective claire de résistance. La situation de crise politique et le blocus imposé aux Palestiniens par la communauté internationale déterminent le rythme de l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour le mouvement des femmes en redonnant de nouveau la prédominance au combat national. Le Comité technique des Affaires des femmes - sorte de forum rassemblant les organisations de femmes des différents partis et des personnalités indépendantes- a pris l’initiative de remobiliser les femmes sur la base des trois documents de référence qui avaient un peu disparu de la circulation avant les élections : le document sur les droits des femmes palestiniennes qui fait consensus, le Programme de l’ONU sur l’élimination des discriminations envers les femmes et la Plateforme de Pékin.

Défendre les acquis

Auparavant, notre stratégie visait l’Autorité palestinienne et toutes les institutions. Dans le domaine de la législation - où les femmes avaient mené un travail important - nous avons décidé que, contrairement aux périodes précédentes, nous ne présenterions pas de nouveaux projets de loi, nous tenant prêtes, s’il y avait des projets contraires aux intérêts des femmes, à peser dans le débat pour empêcher toute régression. Il s’agit d’une stratégie plus préventive qu’offensive afin de ne pas perdre ce que nous avons acquis. Les femmes qui avaient cru bien faire en établissant un ministère des Affaires des femmes, au détriment des départements femmes dans les ministères, ont eu la mauvaise surprise de constater que le ministère des Affaires des Femmes avait été donné à une femme du Hamas. C’est très frustrant de constater qu’un outil voulu par les femmes peut se retourner contre elles. Si nous avions gardé les départements femmes et le comité interministériel qui permettait la transversalité du travail au sein des ministères, nous pourrions mieux organiser la résistance aujourd’hui.

Quelle attitude adopter avec le Hamas ?

Il s’est produit des différenciations politiques au sein des organisations des femmes sur la vision stratégique du Hamas. Devions-nous rentrer en contradiction avec Hamas ? Certaines féministes de gauche faisaient l’analyse qu’il ne fallait pas le boycotter et que la coopération avec le ministère des Affaires des Femmes pouvait nous permettre de toucher largement les femmes. Je crois qu’elles se trompent : on ne peut pas se réclamer de l’égalité des droits, de la liberté des femmes et penser qu’il y a dans le programme du Hamas une possibilité de faire avancer les femmes sur le plan social. Par exemple, le ministère voulait reprendre le document sur les droits de femmes mais en l’intégrant dans les limites définies par leur interprétation de la Charia donc en ne retenant pas un nombre important de revendications.

L’unité des femmes contre les violences inter-palestiniennes

Quand les affrontements armés ont commencé à Gaza entre Hamas et Fatah, au point que l’on pouvait craindre un début de guerre civile, les femmes se sont réunifiées dans une grande manifestation qui s’est dirigée vers la présidence et vers les bureaux du Premier ministre, exigeant de ne plus avoir recours aux armes et de former un gouvernement d’unité nationale. Nous pouvons avoir des divergences politiques, mais historiquement les femmes, toutes les femmes sans exception, se sont toujours réunies lorsqu’il y a une crise de ce genre qui touche aux intérêts du peuple et qui peut dégénérer en guerre civile. Le comité technique des Affaires des Femmes a pris l’initiative de demander une rencontre aux présidents des différents groupes parlementaires à qui nous avons présenté un mémorandum demandant que tous se mobilisent pour empêcher le recours aux armes.

Les femmes et la résistance

Aujourd’hui, il me semble prioritaire de renforcer l’action des femmes au sein de leurs partis respectifs pour que ceuxci adoptent des positions en faveur des femmes. Les différentes organisations des femmes devraient s’unir pour présenter une plateforme sur laquelle les partis devront se positionner. Nous ne pouvons pas nous limiter à réfléchir aux stratégies pour les femmes sans considérer la stratégie nationale et globale de la lutte pour l’indépendance. Est-ce qu’il faut revenir vers une organisation populaire de la résistance et sous quelle forme ; ou est-ce qu’il faut se préparer à imposer notre agenda sur la scène internationale en donnant la priorité à un retour à la table des négociations ? Est-ce qu’on peut réunir les deux stratégies ? Cette question des moyens dure depuis le début de cette seconde Intifada. Nous manquons - et ce n’est pas que pour les femmes - d’une direction qui innove. Nous sommes dans une période d’enfantement sans savoir ce que l’on va enfanter.

Propos recueillis à Ramallah par Monique Etienne, le 10 novembre 2006.

* Samia est membre du Comité exécutif du Comité technique des Affaires des femmes et membre fondatrice de la Commission internationale des femmes pour une paix juste et durable entre la Palestine et Israël.

30 mars 2007 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.france-palestine.org/art...


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