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« Je suis tolérant, donc je suis antisioniste »

jeudi 15 mars 2012 - 17h:51

Slah Masri et Meriam Hammami

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Ce slogan a surpris les partisans de la Resistance et ses ennemis, ceux qui militent contre le sionisme et ceux qui le défendent.

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Paris, avenue des Champs-Elysées, manifestation de solidarité avec la lutte du peuple égyptien, le 29 janvier 2011. De gauche à droite, les drapeaux : égyptien, tunisien, palestinien, algérien, marocain.

Quel rapport y-a-t il entre la tolérance et le sionisme ? Pourquoi adopter cette valeur pour viser le sionisme ? Et existe-t-il un lien entre la revendication des droits et la tolérance ?

Nous essayerons par qui suit de répondre à ces interrogations et de revendiquer la particularité de cette approche que nous considérons une innovation tunisienne et une contribution de poids au mouvement de résistance et au parcours révolutionnaire arabe.

1. La Terre, les Hommes et les Valeurs :

Pour pouvoir élaborer des réponses objectives il faudrait pour commencer, partir d’un concept culturelle qui se baserait sur le dépassement du subjectif et de l’individuel et ce dépassement qui mènerait à un jugement objectif ne peut être possible que lorsque l’homme commence à prendre distance de l’action spontanément conforme à l’intérêt propre, à l’instinct de vengeance ou aux m ?urs ambiants, et de se mettre à la place de l’autre, d’adopter donc, par un effort d’imagination, un point de vue moral : « Sois une balance entre toi et les autres : ne sois pas injuste envers les autres comme tu ne voudrais pas qu’on soit injuste envers toi ! »

Si la justice disparaît, c’est l’humanité qui disparaît :

La justice est donc l’essence de l’humanité, elle doit être basée sur la réciprocité, fondée sur le principe d’une équité intransigeante et requiert qu’on renonce au silence et à l’acceptation passive de toutes formes d’injustice. Nous avons vu, le long des siècles, des hommes qui, au nom de la liberté, se sont soulevés contre la violation de leurs terres, contre le racisme, contre la tyrannie des gouvernements et plus récemment contre la férocité d’un system économique fondé sur l’injustice. Des confrontations menées pour tenter de libérer les hommes et la terre. Proudhon (1) avait écrit « les révolutions sont les manifestations successives de la justice dans l’humanité [...] À chaque révolution, la liberté nous apparaît toujours comme l’instrument de la justice, et l’égalité comme son critérium. »
Nous considérons que la tolérance -tout comme la paix- une valeur fondamentale qui a été colonisée par le sionisme et a besoin donc d’être affranchie pour qu’elle puisse s’accorder avec des valeurs qui lui sont indissociables comme la Justice, la Liberté et la Dignité.

L’homme résistant est celui qui mène un combat pour libérer des valeurs humaines, musulmanes et arabes qui ont été colonisées, dénaturées et vidées de leurs sens pour altérer la réalité et les consciences, créer une fausse dualité et pousser la résistance à renoncer à un ensemble de valeurs vitales à son processus révolutionnaire.

2. Qu’est ce que la tolérance ?

La définition de la tolérance aussi bien dans la langue arabe qu’occidentale (dans les dictionnaires français par exemple) n’implique pas une renonciation aux droits mais désigne la capacité à accepter la différence de l’autre et c’est une valeur liée, selon la notion arabo-islamique, à la générosité.
La déclaration de principes sur la tolérance de l’UNESCO adoptée en 1995 déclare, en son premier article qui définit la tolérance, que la tolérance n’est ni concession, ni condescendance, ni complaisance, toute tolérance ou indulgence donc que manifeste une partie n’équivaut pas à une renonciation à ses droits.

Et vue que les êtres humains, se caractérisent naturellement par la diversité de leur aspect physique, de leur situation, de leur mode d’expression, de leurs comportements et de leurs valeurs, ont le droit de vivre en paix et d’être tels qu’ils sont.

L’intolérance est illustrée dans la déclaration par des exemples de discrimination raciale ou ethnique et la marginalisation des minorités.

La meilleure définition de la tolérance nous la retrouvons dans notre patrimoine arabe :
« On peut obtenir justice en optant pour la tolérance »

Une citation qui démontre le lien étroit entre la justice et la tolérance, ce qui veut dire que l’homme pour vivre en paix avec ses semblables n’est pas obligé à renoncer à une vertu en dépit de l’autre, il ne devrait pas se trouver contraint à choisir entre la voie de la tolérance et celle de la justice. Pour qu’il y ait tolérance, il faut qu’il y ait choix délibéré, il faudrait par conséquent que le droit des uns et des autres soit assuré car on ne peut être tolérant qu’avec ce qu’on a le pouvoir d’empêcher.

3. L’hégémonie sioniste sur les médias ou les armes de la désinformation massive :

Selon les définitions citées dessus il est clair que le mouvement sioniste est à l’opposé même de la tolérance, Que s’est-il donc passé ?

Le mouvement sioniste a pu imposer son hégémonie sur les médias, après avoir violé les terres des palestiniens, procédé à un nettoyage ethnique par le massacre et l’expatriation, il s’est appliqué à falsifier la vérité et à la dénaturer en substituant le véritable crime de l’occupation coloniale et de la discrimination par un débat sur un conflit israélo-palestinien... mais ce qui s’est passé et ce qui se passe encore aujourd’hui en Palestine n’est pas un conflit entre deux peuples mais une colonisation criminelle.

Les médias nous décrivent ce qui se passe en Palestine comme un problème du Moyen-Orient qui devrait chercher une solution apte à satisfaire les deux parties du conflit et considèrent donc terroristes et intolérants les Résistants qui veulent libérer leur terre.

Israël peut massacrer les Palestiniens en toute tranquillité. Et ensuite, faire tourner sa machine de propagande pour dire à l’extérieur, qu’il agit en légitime défense.

Les conséquences désastreuses d’une telle altération de la réalité qui veut nous faire croire que l’existence de l’entité sioniste dépend d’un ensemble de valeurs fondamentales comme la paix et la tolérance... est la complète colonisation des valeurs et des terres.

Pour ce, la priorité aujourd’hui est d’affranchir les valeurs et cette libération assurera à cette cause juste de nouveaux alliées.

4. Toute personne tolérante est antisioniste :

Le sioniste André Nahum a écrit un article où il déclare être surpris par l’arrogance de la Ligue Tunisienne pour la Tolérance qui s’est permise de porter le slogan « je suis tolérant donc je suis antisioniste » en s’appuyant sur une définition de la tolérance extraite de son Larousse, en oubliant ou plutôt feignant d’oublier que le sionisme est un mouvement raciste qui exploite d’une façon malsaine la religion juive pour coloniser une patrie et massacrer son peuple.

Le sionisme est un mouvement fondé sur des mythes et des mensonges et qui s’est imposé par le massacre, la destruction et les guerres ce qui en fait l’antonyme même de la tolérance. Nombreuses sont les lois racistes que l’entité sioniste, qui revendique la tolérance et se dit démocratique, veut introduire. Citons comme exemple le projet d’imposer « l’identité juive » d’Israël.

Israël est un Etat qui pratique de « nombreuses discriminations raciales », « tant légalisées qu’empiriques, sans aucun fondement de quelque nature que ce soit », à l’égard de ces citoyens, affirme la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) dans un rapport, publié en 2001, qui reste malheureusement tout à fait actuel. Dans ce rapport de 31 pages, intitulé « Mission d’enquête sur le statut des citoyens arabes israéliens », Claude Katz et Olivier de Shutter écrivent que dans un pays ou le seul ciment de cohésion est la « menace arabe extérieure », « le projet politique - l’instauration d’un Etat juif - est porteur d’une discrimination à l’égard de la population non juive ».

Plus récemment le parlement israélien, la Knesset, a étudié l’éventualité d’interdire l’enseignement de la langue arabe dans les territoires occupés en 1948. Reconnaître la langue d’un autre groupe, c’est reconnaître l’existence du groupe lui-même, inversement, explique Sawssan Zaher, une avocate du centre Adalah (2), « Si les Israéliens veulent un État uniquement pour les juifs, alors ils doivent neutraliser l’arabe ».

A toutes ces décisions racistes qui prônent la discrimination s’ajoutent les effroyables épisodes des massacres et des crimes commis par l’armée israélienne contre les civils palestiniens, une armée qui broie sur son passage, enfants et maisons.

Toute personne tolérante donc doit revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer l’intolérant.

Toute personne tolérante se trouverait obligatoirement aux côtés de ceux qui criminalisent la normalisation avec l’entité sioniste car toute personne tolérante exigera que justice soit faite !

* Slah Masri est président de la Ligue Tunisienne pour la Tolérance
* Meriam Hammami est vice présidente de la Ligue Tunisienne pour la Tolérance

« Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu’un de sa liberté, tout comme je ne suis pas libre si l’on me prive de ma liberté. L’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité. »
Nelson Mandel

Notes :

[1] PROUDHON (Pierre Joseph) : journaliste et essayiste socialiste français (1809-1865)
[2] Adalah est un Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël.

Mars 2012 - Communiqué par la Ligue Tunisienne pour la Tolérance


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