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Ouverture du 19e Sommet Arabe à Riyad

jeudi 29 mars 2007 - 06h:10

Faycal Metaoui - El Watan

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Abdallah, roi d’Arabie Saoudite lors de son intervention en ouverture du sommet.

Les Arabes n’ont jamais été aussi loin de l’union qu’aujourd’hui. » L’aveu est de taille. Le roi Abdallah Ibn Abdelaziz d’Arabie Saoudite a rompu, hier à l’ouverture du 19e sommet arabe de Riyad, avec l’habitude du discours lisse et complaisant. Prise de conscience ? Peu probable.

Le royaume saoudien a besoin de crédibiliser le discours dans la perspective de jouer un rôle central dans la diplomatie arabe. Un rôle qui passe par la clarification de la position par rapport à la question palestinienne, surtout que Riyad a pesé de tout son poids pour relancer l’initiative de paix de Beyrouth de 2002, acceptée par les principaux dirigeants arabes, tolérée par les Etats-Unis et souvent perçue comme « un acte de bravoure » de la diplomatie saoudienne. Invitation est lancée à Israël « et à tous les Israéliens » d’accepter l’initiative de paix.

Il est recommandé, selon les termes de la résolution du sommet, répercutée hier par les agences de presse, de saisir l’occasion « qui se présente » pour une reprise « du processus des négociations directes et sérieuses sur tous les volets ». C’est visiblement l’expression d’un consensus de longue date. « On a l’impression que le sommet s’est terminé avant d’avoir commencé », a relevé le journal libanais Es-Safir. Les Palestiniens de Ramallah, interrogés hier par Al Jazeera, ne donnent pas crédit aux décisions de Riyad. « Comme d’habitude, les décisions ne seront suivies d’aucun effet. Certains pays arabes ne veulent pas de nous pour nous installer et travailler.

Chaque année, l’aide financière qui nous est destinée tend à la baisse. On ne sent pas l’utilité de ce genre de sommet », s’est indigné un jeune Palestinien devant la caméra de la chaîne qatarie. Mais quel écho a en Israël la nouvelle offre arabe ? « Nous devons prendre notre temps pour étudier ce qui s’est passé lors de ce sommet avant de prendre une position officielle (...) Nous réaffirmons ce qu’a déclaré le Premier ministre à plusieurs reprises qu’il y avait des éléments positifs dans l’initiative saoudienne », a déclaré à l’AFP une responsable au bureau du Premier ministre Ehud Olmert. L’initiative, selon cette responsable, n’est pas arabe mais saoudienne.

Cela clarifie au moins les choses. Israël ne veut pas d’un retour des réfugiés palestiniens, tel que prévu dans le plan de Beyrouth. « Israël doit accepter l’initiative arabe de paix avant de demander à l’amender », a estimé Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe.

Moins visibles, les réfugiés palestiniens en Irak, qui vivent dans une grave crise humanitaire, ont lancé un SOS aux dirigeants arabes pour leur trouver une terre d’accueil. Silence à Riyad. Omar Hassan El Bachir, président soudanais dont le pays a abrité le dernier sommet arabe, a appelé à un soutien « à toute initiative honnête » qui permettra à l’Irak de sortir du cycle de la violence. « La crise irakienne ne peut pas être traitée uniquement sur le plan sécuritaire. La solution doit être l’ ?uvre de tous les Irakiens », a-t-il dit. Il a proposé de combattre le tribalisme, de dissoudre les milices armées et de proclamer « la citoyenneté » comme base d’appartenance au pays. « Le processus de solution en Irak peut commencer quand tout le monde aura senti le besoin de trouver une solution politique à la crise », a estimé, pour sa part, Amr Moussa, dont l’intervention, autant que l’ensemble de cérémonie d’ouverture du sommet, a été retransmise par les principales chaînes arabes d’information.

Le Maghreb mis à l’écart ?

Petite surprise : le roi Abdallah Ibn Abdelaziz a tout simplement dénoncé « l’occupation étrangère illégitime » de l’Irak. Vive et rapide réaction à Washington qui fait dire à Gordon Johndroe, un porte-parole de la Maison-Blanche, qui n’a, pourtant pas qualité d’historien, que « les Etats-Unis sont en Irak à la demande des Irakiens ». Il n’a pas précisé sous quelle forme cette demande avait été exprimée.

« Les Etats-Unis quitteraient l’Irak dès que les Irakiens eux-mêmes seront capables d’assurer leur propre sécurité », a estimé, cité par les agences de presse, Tom Casey, un porte-parole du département d’Etat. A première vue, « la sécurité » a remplacé « la démocratisation » de l’Irak. D’après le roi Abdallah, « des forces étrangères à la région » veulent tracer « l’avenir du Moyen-Orient ».

Double langage à Riyad qui passe pour le désormais principal allié des Etats-Unis dans cette même région ?

Abdelbari Attouane, rédacteur en chef d’Al Qods El Arabi, un quotidien qui paraît à Londres, a relevé, interviewé par Al Jazeera, qu’il existe une volonté des Etats-Unis de marginaliser le Maghreb des grandes questions arabes. Il a remarqué que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite n’a pas pris part aux deux sommets arabes de Tunis et d’Alger. « Les chefs d’Etat des pays du Maghreb auraient dû ne pas se déplacer à Riyad », a-t-il observé. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui n’a pas eu une grande activité à Riyad, est présent au sommet arabe. Autant que le président sortant de Mauritanie, le colonel Maâmar Kadhafi a boycotté. « Je ne participe pas à un complot que fera opposer les Arabes aux Perses au profit des forces de colonisation (...) La Libye est un pays africain. Les Arabes avaient profité de l’embargo que nous avons subi dans les années 1980 », a-t-il dit à Al Jazeera.

A propos de la crise du Darfour, à l’est du Soudan, où, selon des rapports occidentaux, 300 000 personnes ont trouvé la mort à cause de guerre civile, Omar Al Bachir a dénoncé la volonté du Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer des forces militaires étrangères (les troupes africaines mises à part). « Il s’agit d’une tutelle extérieure qui va aggraver la crise », a-t-il déclaré, soulignant que l’instance onusienne ne fait pas de distinction entre les mouvements favorables ou hostiles à la paix.

Il a remercié l’Algérie, l’Egypte et la Jordanie pour leur soutien dans l’affaire du Darfour au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. En une phrase, Amr Moussa a salué l’expression démocratique en Mauritanie, premier pays arabe à dégager un président de la République, à travers les urnes, au terme de deux tours.

Invité au sommet, le président turc Recep Erdogan a estimé que « le dialogue » et « l’entente nationale » sont les seules voies de sortie de l’impasse au Liban. « La Turquie est prête à soutenir davantage le Liban », a-t-il dit. Le journal libanais En-Nahar a rapporté qu’une discrète médiation est menée par l’Arabie Saoudite pour rapprocher les points de vue du président syrien Bashar Al Assad, le chef du gouvernement libanais Fouad Siniora et le président Emile Lahoud.

Le sommet arabe devrait se contenter d’un document pour exprimer « la solidarité » avec le Liban qui traverse un crise, donnant l’impression d’être à direction bicéphale. A propos du drame somalien (souvent oublié par la Ligue arabe), proposition est faite de contribuer à consacrer « la réconciliation nationale » et rétablir « la paix et la stabilité ». Des pays arabes ne tiennent, semble-t-il, pas l’engagement de verser de l’argent dans le Fonds spécial Somalie, parmi les régions les plus pauvres du monde.

29 mars 2007 - El Watan - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elwatan.com/spip.php?pag...

Lire aussi :
- L’impasse israélo-palestinienne au sommet de Riyad


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