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Le pire désastre environnemental dans le nord de la bande de Gaza

mercredi 28 mars 2007 - 18h:03

PCHR Gaza

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Les barrières de terre d’une retenue d’eaux d’égout se rompent et tuent 4 personnes en détruisant les foyers de centaines de familles dans le village de bédouins. Plusieurs personnes sont portées disparues.

Le PCHR demande à la Communauté internationale et au gouvernement palestinien de fournir des abris de secours aux victimes du désastre.

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Photo : AP/H. Moussa

Vers approximativement 10hr le mardi 27 mars 2007, quatre Palestiniens, une femme âgée et 3 enfants, ont été tués et 20 autres ont été blessés dans le village d’Um eL-Naser (village de Bédouins), lorsque les barrières de terre autour d’une retenue d’eaux d’égout se sont rompues, 150 mètres au nord du village. Les eaux d’égoût ont ensuite inondé le village, et l’effet était d’autant plus dévastateur que la retenue était située plus en hauteur, donnant à l’inondation plus de puissance et de force destructrice.

Le niveau des eaux était de 2 mètres dans le village. Quatre personnes sont mortes noyées, et 20 autres ont été blessées par l’inondation. Des équipes de secours d’urgence de la défense civile, de médecins et de la police essayaient toujours de trouver les personnes disparues à l’heure de ce communiqué. Plus de 250 maisons ont été endommagées, dont 20 maisons qui ont été totalement détruites. En outre, des dommages substantiels ont été causés aux magasins, aux véhicules privés, et à d’autres services dans la zone.

Des sources médicales de l’hôpital de Kamal Odwan dans Beit Lahia, de l’hôpital de Shifa dans Gaza, et la clinique médicale d’urgence dans le village ont informé le PCHR qu’elles ont reçu les corps de quatre victimes, toutes ces personnes résidant dans le village de Bédouins :

- Nasra Nuseir Salem Ermeilat (70 ans) ;
- Suheir Salab Abu Ghrara (17 ans) ;
- Mohammad Salem Masek Abu Atieq (1 an) ; et
- Jamal Barak Abu Safra (3 ans).

En outre, 20 personnes blessées ont été sauvées par les équipes de secours. Huit femmes étaient parmi les blessées.

Une équipe du PCHR s’est précipitée dans le secteur pour évaluer les dommages et l’ampleur du désastre environnemental. L’équipe a constaté un départ massif des habitants en détresse. Les résidants ont informé le personnel du PCHR que 4 personnes restaient manquantes, dont une femme âgée et un enfant. Les recherches se poursuivaient à l’heure de la publication.

On notera que le PCHR avait prévenu de la possibilité d’un désastre environnemental et humanitaire dans ce secteur il y a déjà longtemps. Le PCHR avait sollicité les autorités responsables, y compris les forces israéliennes d’occupation (FIO), d’agir pour éviter un tel désastre il y a quelques années. De plus, le PCHR avait mis en garde contre la contamination par les retenues d’eaux d’égout des ressources en nappes phréatiques dans le secteur.

En conséquence, le PCHR rappelle les éléments les plus importants de sa position affichée dans le passé :

- En 1993, le centre s’était opposé aux tentatives des FIO de transférer de force les habitants du secteur, connu alors comme région de Sa’ad Al-Ansari , et avait utilisé tous les recours légaux possibles pour empêcher l’expulsion. Les efforts déployés par le PCHR avaient permis de maintenir les habitants dans leurs maisons.

- À la fin de 1997, l’Autorité Palestinienne (AP) avait expulsé quelques habitants du secteur de Sa’ad Al-Ansari qui vivaient à proximité des retenues d’eaux usées. Aujourd’hui, le secteur est connu en tant que village d’Um Al-Naser. Le PCHR avait fait connaître sa grave préoccupation concernant les vies des civils en raison des risques sanitaires posés par ces retenues, dont la puanteur, les insectes, et la contamination des ressources d’eau souterraines. Le PCHR avait également averti de la possibilité d’une inondation.

- Le projet de transférer ces retenues d’eaux usées à l’est de la ville de Gaza a été retardé de plus de deux ans suite aux longs délais dans l’importation des tuyauteries et des systèmes de pompage venant de l’étranger, suite au bouclage de la bande de Gaza par les FIO. En outre, les opérations militaires des FIO dans le secteur du projet ont empêché les ouvriers d’avoir accès librement et en sécurité au chantier. On notera que ce projet est financé par la Banque Mondiale, la Commission Européenne, la Suède, et d’autres donateurs.

- Le 14 septembre 2006, le PCHR en sa qualité de représentant légal des résidants du Projet de Logement de Nada dans le même secteur a envoyé une plainte à M. Ismail Abu Shammala, gouverneur du nord de la bande de Gaza. La plainte exigeait l’interruption des travaux menés par les services palestiniens des eaux et les municipalités au nord de Gaza pour installer une nouvelle retenue d’eaux d’égout. La plainte faisait savoir clairement quels étaient les risques pour la santé des habitants du secteur et pour l’environnement. Le PCHR exigeait que le gouverneur fasse cesser les travaux au plus tôt. Le gouverneur avait répondu le 20 septembre 2006 en déclarant qu’il comprenait la portée et le danger de ce problème. Cependant, il a justifié l’exécution du projet en déclarant qu’il y avait un vrai danger d’inondation pour le village d’Um Al-Naser et la zone de Mansheya dans Beit Lahia. Il a également déclaré que la nouvelle retenue était provisoire jusqu’au déplacement des stockage dans la partie située à l’est du governorat en avril 200.

- Le PCHR considère que la construction d’une nouvelle retenue d’eaux d’égout sur un secteur de 20 dunums à une distance de 150 mètres du village d’Um Al-Naser était un facteur qui s’ajoutait au danger. Les barrières de la terre établies à l’intérieur des bassins pour les protéger ne fournissaient pas le minimum de sécurité contre un niveau élevé d’eau dans la nouvelle retenue. Beaucoup d’habitants du secteur ont déclaré que depuis la construction du nouveau bassin, le pompage des eaux d’égout vers le nouveau bassin de décantation avait été mené 24 heures sur 24. Il était donc prévisible que les eaux débordent et que les barrières de terre se rompent, entraînant un désastre dans le village d’Um Al-Naser. Il est difficile de comprendre pourquoi les parties concernées et responsables de l’AP ont traité la question d’une façon aussi négligente, en dépit de leur complète connaissance de la situation et de la menace imminente sur les vies des habitants. La question n’a pas été traitée en priorité ; et la sécurité des presque 5.000 habitants du village et des milliers d’autres dans les environs n’a pas été prise au sérieux.

- La bassin qui s’est rompu ne datait que de 6 mois, après que les anciens bassins aient atteint leur capacité maximum. On relève que l’opération de pompage vers la nouvelle retenue a été conduite sous la surveillance d’un ingénieur technique.

- Toutes ces raisons et tous ces éléments sont à l’origine du désastre environnemental qui a frappé le village d’Um Al-Naser. Le PCHR avait prévenu de ce désastre, et rendra public un rapport détaillé sur la question.

Le PCHR appelle :

- l’AP à ouvrir une enquête immédiate sur ce désastre pour déterminer les parties responsables qui ont pris les décisions ne remplissant pas les conditions de sûreté minimale pour les vies des habitants ; le PCHR exige la publication des résultats de l’enquête dans les moyens d’information ;

- l’AP à prendre ses responsabilités et à fournir l’aide d’urgence, y compris les abris, pour plus de 3.000 personnes déplacées dont les maisons ont été endommagées ;

- l’AP et la Communauté internationale, y compris les organisations humanitaires travaillant dans les Territoires Palestiniens sous Occupation, à fournir la nourriture, les médicaments, les vêtements, et les besoins en eau des familles déplacées, et à fournir l’assistance médicale pour mener des examens sur les habitants par crainte d’une contamination dûe aux eaux polluées ;

- la Communauté internationale à exercer une pression immédiate sur les FIO afin de permettre dès maintenant le début de l’exécution du projet de transfert des bassins d’eaux d’égout vers la partie orientale du nord de la bande de Gaza, en assurant la sécurité des équipes travaillant sur le projet, et en faisant en sorte que les FIO s’abstiennent de tirer des obus en direction du chantier.

Le centre invite la Communauté internationale à fournir l’assistance immédiate de secours, y compris les médicament, la nourriture, les produits de première nécessité, et l’équipement qui aidera à trouver les personnes disparues.

28 mars 2007 - Palestinian Center for Human Rights - Communiqué à :
http://www.pchrgaza.ps/files/PressR...
Traduction : Claude Zurbach


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