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Victoire partielle du gréviste de la faim Khader Adnan

samedi 25 février 2012 - 07h:33

Faris Taleb, Fadi Abu Saada

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Le mouvement des prisonniers palestiniens n’oubliera jamais Khader Adnan. Son histoire rappellera que c’est sa « bataille des intestins vides » - comme les Palestiniens désignent les grèves de la faim sans limite dans le temps de prisonniers - qui aura duré le plus longtemps.

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10 février 2012 à Jénine - Le père de Khader Adnan tient une affiche appelant à soutenir son fils en grève de la faim - Photo : AFP - Saif Dahlah

Adnan a réussi quelque chose qui n’avait pas été accompli depuis longtemps. Son histoire a projeté à la une la cause des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes. Elle a également braqué les projecteurs sur la pratique de la détention administrative qui permet à Israël d’incarcérer des Palestiniens pour une durée indéfinie, sans inculpation ni procès.

La détention administrative fait partie de l’arsenal de mesures arbitraires d’Israël à l’encontre des Palestiniens vivant sous occupation. Les autorités occupantes peuvent renouveler l’ordre de détention administrative indéfiniment sans avoir à inculper les détenus.

Adnan a entamé sa grève de la faim non seulement pour mettre fin à sa propre détention, mais pour protester, comme une question de principe, contre la détention administrative en général. Et lorsqu’il a accepté de mettre un terme à sa grève de la faim, il l’a fait après avoir réussi ce que beaucoup n’avaient pas été capables de réussir.

Néanmoins la détention administrative continue d’être utilisée par les autorités d’occupation. Le cas Adnan n’ a pas mis fin au simulacre de justice que constitue la détention administrative. En revanche, il a réussi à mettre le sujet à la une et à le faire connaître de l’opinion publique mondiale.

Alors que le monde entier connaît les noms de prisonniers israéliens comme Gilad Shalit, le cas Adnan incarne quelques-uns des dénis de justice subis par beaucoup de prisonniers palestiniens sans que le monde ne leur accorde d’attention ni de sympathie.

« La force ne vient pas des capacités physiques. Elle vient d’une volonté indomptable. » Ces paroles prononcées par Mahatma Gandhi il y a bien longtemps décrivent bien Adnan. Par sa pure volonté il a triomphé de la prison et de ses gardiens, et s’est montré plus fort que toutes les méthodes de torture, les menaces et les techniques d’investigation et de torture.

La Cour Suprême de Justice israélienne s’apprêtait à examiner l’appel déposé par Adnan par l’intermédiaire de son avocat du club des prisonniers, Jawad Boulos.

Mais l’appel fut annulé et Adnan mit un terme à sa grève de a faim après qu’un accord eut été conclu entre l’avocat de la défense et le ministère public. L’accord ordonnait la libération d’Adnan le 17 avril et le non-renouvellement de sa détention administrative.

Ainsi donc, après 66 jours de « grève de la dignité », comme Adnan appelait son action, le prisonnier a remporté une victoire sur l’occupation israélienne, non seulement pour lui-même mais pour tous les prisonniers.

Cette bataille pour la survie n’est pas neuve pour cet homme jeune. C’est lui qui dirigea le caillassage de l’ancien premier ministre français Lionel Jospin visitant l’université de Bir Zeit en 2000, parce que Jospin avait qualifié la résistance du Hezbollah contre l’occupation israélienne au Sud-Liban de « terroriste ».

C’est un homme qui n’a pas craqué et ne s’est pas lassé mais a persisté dans sa grève de la faim jusqu’à la victoire. Adnan est bachelier en mathématiques et gradué de l’université de Bir Zeit. Il possède une boulangerie et un magasin dans son village d’Arrabe près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, qui lui permettent de nourrir sa famille, composée de son épouse et de ses deux filles Maaly âgée de 4 ans et Bisan de 18 mois, en plus de ses deux parents.

Adnan s’est toujours montré enjoué avec sa femme, ses enfants et ses parents quand ils venaient le visiter. Il leur lisait le saint Coran pour les soutenir moralement et il leur assurait qu’il agissait pour le mieux même quand il était épuisé et proche d’un point de non-retour en raison de sa grève de la faim.

Al-Akhbar a parlé dernièrement avec le père d’Adnan qui confirmait que son fils a un bon moral en dépit de son déclin physique. Il a dit : « Israël le craint, avec ses mains et ses jambes enchaînées à un lit d’hôpital, parce quil est en grève de la faim pour défendre sa dignité et la dignité des prisonniers et détenus et parce que c’est un homme courageux, et je dis toujours que Dieu ne laissera pas mon fils perdre parce qu’il tire sa détermination et sa force de Dieu tout-puissant. »

Randa, l’épouse d’Adnan, parlant de sa visite à l’hôpital pendant 45 minutes, avec ses filles, ses parents, sa soeur, son frère et son neveu, dit que son mari plaisantait avec eux. Il tentait de les rassurer sur son état, en particulier ses parents, qui lui sont très attachés. Il essayait de calmer leur anxiété à la vue de son corps affaibli.

Randa dit qu’après la neuvième semaine de grève de la faim de son mari, elle a craint d’être en passe de devenir veuve. Elle ajoutait : « Cette nuit nous éteindrons nos téléphones portables pour ne pas risquer de recevoir un appel nous avisant de ta mort ».

Des sources bien informées ont communiqué à Al-Akhbar que l’accord entre autorités israéliennes et Adnan n’a été conclu qu’après une forte pression de l’Egypte en sa faveur.

Le porte-parole israélien aux médias arabes, Ofir Geldelman, a écrit sur sa page Facebook : « Il n’y a pas de charges contre le prisonnier Adnan, lequel a dit qu’il terminait sa grève de la faim après cette décision », ajoutant que le prisonnier serait libéré au terme de sa peine, le 17 avril.

Quant au ministre palestinien aux Affaires pénitentiaires, Issa Qaraqa, il a déclaré au cours d’une conférence de presse lors d’un sit-in dans le village d’Adnan : « La volonté de liberté a triomphé de la volonté israélienne de mort à travers son héros, ce symbole qui a combattu un état nucléaire comme Israël. C’est un homme qui n’a pas plié, ne s’est pas lassé, il a persisté dans sa grève de la faim jusqu’à la victoire ». Qaraqa a conclu en s’adressant à Adnan : « Vous nous avez sauvé plusieurs années, alors merci ».

Le chef de la Société des Prisonniers Palestiniens, Qadura Fares, a déclaré : « La bataille qu’Adnan a menée est un tournant dans la question des détentions administratives ». Il a appelé toutes les factions palestiniennes à concevoir un plan stratégique contre la détention administrative.

Ahmad Tibi, député palestinien de la Knesset israélienne a dit : « Khader a gagné, non avec une arme M16, ni avec une Kalachnikov ou un tank contre les gardiens de prison, braquant ainsi les projecteurs sur son peuple comme un tout ».

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24 février 2012 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert


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