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Al-Qods menacée par la judaïsation et la colonisation

vendredi 24 février 2012 - 06h:53

Institution internationale al-Qods

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Rapport du département de l’information de l’Institution internationale al-Qods (octobre - décembre 2011).

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Forces israéliennes d’occupation dans al-Qods

La colonisation a occupé la première place de la scène maqdisi au cours des trois derniers mois de l’année 2011. En effet, l’occupation a décidé, au cours de cette période, de construire plus de trois mille unités coloniales, au moment où la presse dévoilait un plan de la municipalité de l’occupation consistant à construire plus de 60 mille unités locatives coloniales au cours des 20 prochaines années, dont 88% dans la partie orientale de la ville, ce qui correspond au total à l’ensemble des unités locatives possédées par les maqdisis [habitants d’al-Qods].

Malgré l’ampleur des projets coloniaux décidés ou planifiés, aucune partie, ni palestinienne, ni arabe, ni internationale, n’a réagi de manière appropriée ou de manière efficace contre l’occupation. Au moment où il semble que les colonies iront en s’élargissant ou se multiplieront dans le cours terme, une seule vérité peut être confirmée , c’est la supériorité de l’occupation grâce à sa force écrasante, qui agit sans rencontrer de dissuasion véritable.

Sur le plan de la judaïsation religieuse et culturelle, l’occupant a tenté, au cours de la période couverte par le rapport, de mettre un terme au dossier du pont et de la colline al-Maghariba, dossier ouvert depuis l’effondrement de la route conduisant à la porte al-Maghariba, dans la mosquée al-Aqsa, en 2004. Le 25/10/2011, l’association semi-gouvernementale « pour la protection du patrimoine du mur occidental » ferme le pont en bois installé provisoirement conduisant à la mosquée al-Aqsa, par la porte al-Maghariba, sous le prétexte qu’il menace la sécurité générale. Ce pas entrepris par l’occupant a été accueilli par des réactions vives en Egypte et en Jordanie, où des manifestations ont eu lieu dans les deux pays pour refuser les plans de l’occupant, et qui ont réclamé la mobilisation des gouvernements arabes afin de l’empêcher. Ces mouvements eurent lieu au moment où le sheikh d’al-Azhar, dr. Ahmad At-Tayyib, appelait les dirigeants arabes à faire cesser les plans de l’occupation. Son appel fut suivi par celui du président de l’Union mondiale des Ulémas, dr. Yousef Qardawi au roi jordanien, Abdallah II, lui demandant d’agir immédiatement et faire pression sur le gouvernement de l’occupation pour l’empêcher de détruire la colline al-Maghariba.

Ces actions ont finalement abouti aux pressions officielles jordaniennes et égyptiennes sur l’Etat de l’occupation, et le 27 novembre dernier, le premier ministre de l’occupation a stoppé la destruction du pont al-Maghariba. Cependant, le responsable de la municipalité de l’occupation, Nir Barakat, a ordonné le 11 décembre la fermeture à nouveau du pont, empêchant les colons juifs et les touristes de l’emprunter, en vue d’exercer des pressions sur Netanyahou et l’obliger à poursuivre le projet de destruction. Mais la réaction massive et populaire dans les pays arabes limitrophes à cette mesure a eu un effet contraire, puisque les peuples réclament que l’occupation cesse définitivement de s’ingérer dans la porte Al-Maghariba, qui doit revenir à l’Autorité des awqaf islamiques d’al-Qods, placées sous la tutelle jordanienne, comme c’est le cas pour toutes les portes de la mosquée al-Aqsa. Netanyahu a alors ouvert le pont le 14 décembre. Mais le dossier de la colline al-Maghariba et du pont qui mène à la porte al-Maghariba est toujours ouvert, l’occupant ayant la possibilité de l’agiter lorsqu’il le jugera nécessaire.

Visant également la mosquée al-Aqsa, le député de l’extrême droite Anastasia Michaelli a proposé un projet de loi interdisant l’appel à la prière dans les lieux et quartiers « mixtes » entre musulmans et juifs dans l’Etat de l’occupation, y compris la ville ancienne d’al-Qods et la mosquée al-Aqsa. Machaelli a justifié sa demande par le fait que l’appel à la prière empêchait les juifs de dormir. Le premier ministre israélien a déclaré son soutien à cette proposition, considérant qu’Israël ne devait pas être plus libérale que l’Europe qui a interdit l’appel à la prière par le biais de porte-voix sur le sol européen.

Sur le plan de la judaïsation démographique, la période couverte par le rapport a vu la proclamation par l’Etat de l’occupation, pour la première fois depuis 15 ans, de la fondation d’un nouveau quartier colonial dans la ville occupée d’al-Qods, qui contient 2610 unités locatives, sur une terre ayant pour superficie 950 dunums, au sud de la ville, qui aura pour fonction de séparer entièrement la ville d’al-Qods de son environnement palestinien que représente la ville de Bethlehem. De plus, le comité régional de la planification et de la construction dans la région d’al-Qods a approuvé, au cours de la première semaine du mois d’octobre, le plan de construction de 300 unités locatives nouvelles dans la colonie Pesgat Zeev, au nord d’al-Qods, comme il a approuvé la construction, fin novembre, de 650 autres unités dans la même colonie. De son côté, le ministère du logement de l’occupation a évoqué son intention, au mois de décembre, de construire 500 unités locatives dans la colonie de Gilo, au sud d’al-Qods.

Le 19 novembre, le gouvernement de l’occupation annonce son projet de construire un « jardin biblique » d’une superficie de 706 dunums sur les pentes du mont al-Masharef, qui se trouve au bas de l’Université hébraïque et qui comprend les terres des quartiers at-Tur et Issawiya. En construisant ce jardin, l’occupant vise à relier la colonie de l’université hébraïque au projet colonial E1, et par conséquent, rattacher les blocs coloniaux installés à l’est à ceux installés à l’ouest de la ville, et séparer les quartiers de Beit Hanina, Issawiya des quartiers arabes qui se situent dans le centre de la ville. Le gouvernement de l’occupation a également approuvé la construction du complexe touristique au c ?ur du quartier de Silwan, au sud de la mosquée al-Aqsa, qui incluerait 250 places de parking, un jardin archéologique, des salles d’accueil et une librairie sur une superficie de 8400 m2.

Les réactions à cette vague colonisatrice furent nombreuses, mais rien n’a émané des Etats-Unis. Cependant, les réactions de dénonciation furent vaines puisqu’elles se sont contentées de déclarations de rejet et d’inquiétude, tout en rejetant la responsabilité sur les autres. Quant à l’Etat de l’occupation, il a poursuivi ses plans, défiant à la fois les Palestiniens, les Arabes et la communauté internationale, comme l’a fait le premier ministre Netanyahu qui a déclaré : « nous construisons dans al-Qods parce que c’est notre droit et notre engagement, et non par mesures punitives, mais en tant que droit fondamental pour notre peuple de construire dans sa capitale éternelle... al-Qods ne retournera jamais à l’Etat dans lequel elle se trouvait à la veille de la guerre de 6 jours ».

La question centrale est : que feront les Palestiniens pour affronter cette situation ? La solution des deux Etats dans le cadre de ces plans coloniaux est devenue impossible, d’autant que l’expulsion des maqdisis se poursuit à un rythme aussi rapide que celui de la colonisation. Les autorités de l’occupation ont en effet inauguré officiellement le premier décembre 2011 le centre « international » de passage de She’fat, qui est devenu la seule voie reliant les quartiers arabes du nord d’al-Qods avec le centre. En construisant ce centre de passage « frontalier », l’occupant parachève l’isolement des quartiers palestiniens situés au nord d’al-Qods du centre ville, ces quartiers ou bourgades étant Aynata, Dawahi Salam, Shehade, Ras Khamis, ainsi que l’agglomération la plus importante que représente le camp de She’fat. Ceux qui possèdent la carte « bleue » (droit de résidence dans al-Qods) et vivent dans ces quartiers s’élèvent à 50-55 mille palestiniens, alors que d’autres sources estiment le nombre à 22 mille palestiniens.

Le nouveau barrage installé à She’fat n’est pas un barrage militaire, et le danger qu’il représente n’est pas de couper la liaison entre le nord et le centre d’al-Qods, et il faut indiquer ici qu’il est installé à la place d’un barrage militaire qui se trouvait près de She’fat, mais le danger réside dans le fait que l’occupant considère qu’il s’agit d’un barrage « international », c’est-à-dire qu’il trace la frontière de l’Etat de l’occupation, ce qui signifie que tout Palestinien qui réside hors de ce barrage n’est pas citoyen et ne peut résider dans l’Etat, bien qu’il vive dans les limites administratives de la municipalité de l’occupation. Ce qui signifie une menace contre tous les maqdisis vivant hors de ce barrage, consistant à les expulser et les dépouiller de leur carte de résidence.

Même les agglomérations bédouines situées autour d’al-Qods n’ont pas échappé à cette campagne de judaïsation subie par la ville. Le 31 octobre 2011, l’administration civile israélienne accompagnée par l’armée de l’occupation, a détruit trois logements en tôle et confisqué les biens de deux d’entre eux, dans la zone d’habitation de Khan al-Ahmar, à l’est d’al-Qods. Les bulldozers de l’occupation ont également détruit trois enclos pour animaux dans la même zone, dans le seul but de gêner leurs propriétaires et les pousser à s’en aller. Les agglomérations bédouines situées à l’est d’al-Qods dans les régions comprises entre le complexe colonial Adomim et la région de Nabi Moussa avaient été menacées par les autorités de l’occupation en septembre 2011, qui leur demandaient d’abandonner leurs logements sinon elles seraient expulsées de force, pour appliquer le plan israélien visant à expulser 2500 bédouins de cette région.

Outre l’intensification de la violence officielle et le ciblage des maqdisis, la période couverte par le rapport fut le théâtre d’une série d’agressions menées par les colons, dans le cadre de ce qu’ils ont appelé « le prix à payer ». Les Maqdisis ont été victimes de plus de 4 opérations de vengeance menées par des groupes de colons, la plus importante étant l’incendie de la mosquée Akkacha, à l’aube du 14 décembre, endommageant les murs externes de la mosquée et laissant derrière eux des graffitis racistes contre les Arabes, les musulmans et le prophète Muhammad. Les auteurs de ces crimes demeurent inconnus ou alors les autorités de l’occupation libèrent les quelques suspects, avant qu’ils ne soient poursuivis.

Même les Maqdisis restés dans leur ville, malgré les campagnes d’expulsion et les agressions, sont soumis à des politiques visant à rendre impossible leur vie quotidienne, pour les pousser à partir volontairement. Le rapport de la sécurité « nationale » israélienne concernant la pauvreté dans l’Etat de l’occupation, publié au mois de novembre, indique un taux de pauvreté dans la partie orientale d’al-Qods jamais atteint jusque là. Le taux des pauvres parmi les Arabes de la ville d’al-Qods a augmenté de 12% par rapport à celui de 2008, ce qui signifie que ce taux est proche de 75% de la population globale d’al-Qods. Le rapport indique qu’environ 84% des enfants arabes d’al-Qods sont pauvres, et le taux de chômage a atteint 22%. Ces chiffres signifient la présence de plus de 180.000 pauvres dans la ville occupée d’al-Qods, en majorité des enfants, dont le revenu est inférieur au minimum.

Sur le plan politique, l’Etat de l’occupation accélère le rythme des faits en vue de trancher le sort de la ville et d’empêcher tout changement de la situation, sauf celui d’accélérer la colonisation et la judaïsation. Deux députés de la Knesset sioniste ont proposé un projet de loi considérant la ville d’al-Qods « capitale d’Israël et du peuple juif ». Ce projet insiste sur la centralité d’al-Qods pour l’occupation et pour le peuple juif, tout comme il renforce la domination israélienne sur la ville, dans ses deux parties, orientale et occidentale, sous prétexte d’unifier la ville en tant que capitale « d’Israël et du peuple juif ». La discussion de ce projet qui devait avoir lieu le dimanche 25 décembre a été reportée à une date non précisée. Ce n’est pas la première fois qu’un tel projet est présenté, il avait été proposé par quatre députés il y a quelque temps.

La question des députés et de l’ancien ministre d’al-Qods a été aggravée, lorsque le tribunal militaire de Ofer a décidé d’extrader le député maqdisi Ahmad Attoun, vers la ville de Ramallah. Une heure et demi après la décision, le député Attoun est emmené, par surprise, vers le poste militaire de Qalandia. De son côté, le député Ahmad Tawtah a déclaré que les services de renseignements israéliens l’ont contacté, ainsi que l’ancien ministre Khaled Abu Arfa, le mercredi 7 décembre, pour leur signifier la nécessité de quitter, sous 48 heures, la tente de protestation installée au siège de la Croix Rouge internationale, dans sheikh Jarrah.

Loin d’al-Qods, c’est aux Etats-Unis que les déclarations se succèdent pour appuyer les politiques de judaïsation menées par l’occupation, dans la ville d’al-Qods. Le candidat républicain Gingrich a déclaré devant « la coalition juive républicaine » au mois de décembre son appui à la reconnaissance d’al-Qods en tant que capitale unifiée d’Israël, à laquelle peuvent se rendre et visiter les lieux saints les fidèles de toutes les religions dans le monde. D’autre part, Gingrich a déclaré qu’en cas de victoire aux élections présidentielles, il transfèrera l’ambassade américaine de Tel Aviv à al-Qods. Et le candidat républicain Mit Romni a confirmé sa position de soutien à la reconnaissance de la judaïté de l’Etat d’Israël, annonçant que sa première visite à l’étranger serait en Israël. Il avait auparavant insisté sur les liens étroits qui unissent les Etats-Unis et Israël, considérant que toute critique à Israël devrait être « interne », mais en public, il faut se tenir à ses côtés et le soutenir.

D’une manière plus générale, tous les candidats républicains à la présidence américaine sont d’accord pour rejeter la proposition du président Obama concernant le retour aux frontières de 1967, et al-Qods est aussi absente de leurs programmes que le sont les droits palestiniens.

Février 2012 - Transmis par Baladi


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