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Tout ce qui brille est... pétrole

samedi 28 janvier 2012 - 08h:51

Pepe Escobar

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Le trio de médiocrités, Cameron/Merkel/Sarkozy, a dit : « Nous n’avons rien contre le peuple iranien ». Les Irakiens ont entendu la même chose de la part d’une autre médiocrité, en 2002 et 2003. Puis, leur pays a été envahi, occupé, et détruit.

Dans son adresse sur l’État de l’Union, le président des États-Unis, Barack Obama, a déclaré : « Qu’il n’y ait aucun doute : l’Amérique est déterminée à empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, et je garde toutes les options sur la table pour atteindre ce but. »

Dans le monde réel, cela signifie que Washington est prêt à entrer en guerre - la guerre économique est déjà en cours - contre un pays signataire du Traité de non-prolifération nucléaire et qui ne recherche aucunement l’arme nucléaire, si l’on en croit même l’Agence internationale de l’énergie atomique et le dernier National Intelligence Estimate (évaluations officielles du directeur du renseignement national US - ndt).

Obama a aussi déclaré : « Le régime (de Téhéran) est plus isolé que jamais ; ses dirigeants sont confrontés à des sanctions paralysantes, et tant qu’ils fuiront leurs responsabilités, la pression ne fléchira pas ».

« Isolé » l’Iran ? Pas vraiment. Voir : Le mythe de l’Iran "isolé" (Asia Times en ligne - 18 janvier ) (en français sur Mediapart)

Et ce n’est pas la direction iranienne qui est soumise à des sanctions paralysantes ; c’est la majorité absolue des 78 millions d’Iraniens appauvris qui va en payer le prix.

Dans une déclaration précédente, Obama a «  applaudi » à la décision de l’Union européenne d’imposer son propre embargo sur le pétrole iranien, ajoutant : « Ces sanctions démontrent une fois de plus l’unité de la communauté internationale ».

Alors, parlons de l’ « unité de la communauté internationale », dans laquelle sont inclus les États-Unis, les pays de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), Israël et le GCC (Conseil de coopération du Golfe), qu’on appelle aussi le GCC (Club de la contre-révolution du Golfe) ; quant au reste du monde, il n’est juste qu’un mirage.

S’inscrire dans le programme pétrole contre or

Deux membres du BRICS, l’Inde et la Chine, achètent à eux deux au moins 40 % des exportations du pétrole iranien, environ 1 million de barils/jour. Cela représente 12 % des besoins en pétrole de l’Inde. Quant à la Chine, elle a acheté à l’Iran en 2011, 30 % de plus de pétrole qu’en 2010, soit une moyenne de 557 000 barils/jour.

La véritable « communauté internationale » est désormais très consciente que l’Inde va commencer à payer le pétrole iranien avec de l’or - pas seulement avec des roupies - par l’intermédiaire de sa banque d’État, l’UCO, et de la banque de l’État turc, la Bankasi. Pékin, qui commerce déjà avec l’Iran en yuan, pourrait aussi se tourner vers l’or. Inutile de dire que tant Delhi que Pékin sont de grands producteurs d’or et détiennent de gros avoirs en or.

Parlons de l’Année du Dragon commençant par un boum. Et parlons de la nouvelle année de l’étalon or du Dragon.

Chacun se souvient du programme déplorable des Nations-Unies, "pétrole contre nourriture", qui a fait mourir de faim les Irakiens pendant des années avant leur invasion/occupation par les États-Unis en 2003. Les Irakiens moyens ont payé un prix terrible avec les sanctions ONU/USA, et le programme pétrole contre nourriture n’a profité qu’au système de Saddam Hussein.

Maintenant, il s’agit d’une affaire beaucoup plus grave : le programme pétrole contre or, une initiative BRICS et de l’Iran qui profitera à la direction de la République islamique et, peut-être, atténuera les effets des sanctions sur la population iranienne. Conséquences mondiales : l’or monte en flèche, le pétrodollar chute, les vendeurs de pétrole sabrent des bouteilles de Moët en pagaille.

Un autre membre du BRICS, la Russie, commerce déjà avec l’Iran en rial et en rouble. La Turquie, qui aspire à devenir membre du BRICS - et qui est aussi membre de l’OTAN - ne suivra pas les USA et l’UE sur les sanctions, à moins qu’elles ne soient imposées par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies (ce qui ne risque pas, car la Russie et la Chine, membres permanents du CS, y opposeraient leur veto).

Dans deux mois, le Premier ministre Vladimir Poutine - qui irrite et terrifie Washington et Bruxelles autant que s’il était Vlad l’Empaleur - est certain de redevenir président de Russie. C’est alors que les caniches atlantistes verront une vraie partie de baseball.

En attendant, Téhéran ne se soumettra jamais aux sanctions occidentales - et encore moins compte tenu des multiples mécanismes latéraux/clandestins qui lui permettent de vendre son pétrole en impliquant les trois membres du BRICS, plus les alliés des Américains, le Japon et la Corée du Sud, qui finiront par obtenir des exemptions de l’administration Obama.

Comme on n’en est toujours qu’à une arme nucléaire qui n’existe pas, la direction de Téhéran n’a qu’à suivre un paramètre stratégique suprême ; ne pas céder devant les provocations ou une opération camouflée qui fourniraient le casus belli pour le déclenchement d’une guerre par l’axe États-Unis/Grande-Bretagne/Israël.

Et tout ceci alors que les tendances à l’horizon - qui se couvre - pointent ce qui pourrait être appelé, une "Zone asiatique d’exclusion du dollar", ce qui, pour beaucoup d’esprits éveillés du monde développé, pourrait ouvrir la voie à une monnaie qui s’appuierait sur l’énergie et qui serait utilisée par le BRICS et le Groupe des 77 (G-77) pour contrer l’Occident atlantiste de plus en plus prêt à tout - et de plus en plus nul.

Revenons au cirque des caniches européens. Il suffit d’examiner la déclaration commune publiée par ces médiocres monstruosités que sont le Premier ministre britannique, David Cameron, la Chancelière allemande, Angela Merkel, et le néo-napoléonien, le « libérateur de la Libye », le Président français Nicolas Sarkozy.

Ce trio a dit : « Nous n’avons rien contre le peuple iranien ». Les Irakiens ont entendu la même chose de la part d’une autre médiocrité, en 2002 et 2003. Puis, leur pays a été envahi, occupé, et détruit.


Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007) et Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge. Son dernier livre vient de sortir ; il a pour titre : Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009).

Il peut être contacté à l’adresse : pepeasia@yahoo.com

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26 janvier 2012 - Asia Times - traduction : Info-Palestine JPP


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