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Un magazine australien dénonce les tortures israéliennes sur les enfants palestiniens

lundi 19 décembre 2011 - 06h:41

John Lyons - The Australian

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Article paru sous le titre : Rudd veut agir sur les allégations de torture sur des enfants palestiniens

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DCI a recueilli 385 déclarations sous serment de mineurs palestiniens gardés en détention par Israël et qui affirment avoir subi de graves sévices.




L’Australie va exprimer ses préoccupations auprès d’Israël concernant son système judiciaire militaire pour mineurs, qui est accusé d’emprisonner et de torturer des enfants aussi jeunes que 12 ans.

Suite à un article paru dans The Weekend Australian Magazine il y a trois semaines, le ministre des Affaires étrangères d’Australie, Mr Kevin Rudd, a donné pour instructions aux diplomates australiens d’aller visiter les tribunaux militaires pour mineurs (en Israël).

Les diplomates ont été invités notamment à faire connaître à Mr Rudd les conditions qu’ils avaient trouvées à la prison militaire d’Ofer, près de Jérusalem.

Selon une déclaration du cabinet de Mr Rudd, celui-ci a également demandé aux fonctionnaires australiens d’organiser des rencontres avec les autorités israéliennes pour leur notifier leurs préoccupations à propos du système en vertu duquel les mineurs palestiniens sont jugés.

Soixante éminents psychologues, universitaires et pédiatres d’Israël ont écrit à leur Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lui disant que « la vague d’arrestations et d’enquêtes qui ne tiennent aucun compte de la loi ne sert pas à maintenir l’ordre public et la sécurité ».

The Weekend Australian Magazine donne des exemples de ces allégations :

  • un garçon gardé à l’isolement pendant 65 jours ;
  • d’autres garçons à l’isolement sous une lumière 24 h sur 24 ;
  • un garçon de 7 ans, de Jérusalem, emmené pour interrogatoire où il dit avoir été frappé pendant qu’on l’interrogeait ;
  • trois enfants ont subi des décharges d’électricité à l’aide d’appareils portatifs pour les obliger à faire des aveux ;
  • de la nourriture pour chiens a été mise sur la tête et près des parties génitales d’un garçon qui avait les yeux bandés et on a fait venir un chien pour qu’il la mange, sous les rires de son interrogateur.
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Position en banane

Le magazine signale aussi que, depuis janvier 2007, DCI (Défense de l’enfance/Internationale) a recueilli et traduit en anglais 385 déclarations sous serment de mineurs palestiniens gardés en détention par Israël et qui affirment avoir subi de graves sévices :

  • chocs par l’électricité ;
  • coups ;
  • menaces de viol ;
  • mise à nu ;
  • isolement,
  • menaces d’annuler les permis de travail de leurs familles, et
  • le « supplice de la position », qui consiste à placer un enfant sur une chaise, à lui enchaîner les pieds et lui attacher les mains dans le dos, et à le laisser comme cela quelquefois pendant des heures.

Un garçon de 10 ans témoigne : «  Un soldat a pointé son fusil sur moi. Le canon du fusil était à quelques centimètres de ma figure. J’étais terrifié au point que je me suis mis à trembler. Il s’est moqué de moi et m’a dit :

- Tu trembles ? Dis-moi où est le pistolet avant que je ne te tue ».

Un garçon de 15 ans témoigne d’avoir été attaché à un tuyau métallique et frappé par un soldat, et qu’un interrogateur a mis un appareil contre son corps et lui a envoyé une décharge d’électricité en disant :

- Si tu n’avoues pas, je continue à te secouer.

Le garçon affirme que l’interrogateur lui donné un autre choc électrique, au point qu’il ne sentait plus ses bras et ses jambes, qu’il avait mal dans la tête, et qu’il a avoué.

Gerard Horton, avocat australien qui traite de nombreux dossiers dans sa fonction à DCI, dit que l’un des interrogateurs israéliens, à l’ ?uvre dans la colonie Gush Etzion, est « spécialisé dans les menaces de viol des enfants » pour l’obtention d’aveux.

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"Supplice de la position"

Une femme est engagée dans le programme de l’YMCA (Young Men’s Christian Association - Association chrétienne des jeunes gens) pour la réhabilitation des enfants qui ont été soumis à la détention israélienne, Fadia Saleh, a révélé au magazine The Australian dans le cadre de son enquête : « La semaine dernière, un garçon m’a décrit comment des chiens se trouvaient dans la jeep de l’armée. Dans ces jeeps, vous avez des sièges de chaque côté et un espace vide au milieu ; les enfants placés là, sur le plancher. Parfois, les soldats marchent sur eux.

« A chaque fois que l’enfant bougeait, l’un des chiens le mordait. Quand il est arrivé au centre d’interrogatoires, il avait l’un de ses bras en sang. Le déplacement avait été court, mais lui avait l’impression qu’il avait duré un an ».

The Weekend Australian Magazine rapporte que, si des missions diplomatiques et parlementaires de nombreux pays ont visité les tribunaux pour enfants, les diplomates australiens n’ont paru manifester aucun intérêt évident pour le tribunal.

Pour Maître Horton de DCI, l’Australie est restée « étonnamment silencieuse » face aux violations alléguées des droits humains des enfants palestiniens.

Il a déclaré au magazine : « Il est décevant que, parmi toutes les missions diplomatiques dans la région, l’Australie a brillé par son silence sur la question des tribunaux militaires ».

L’ambassadrice d’Australie en Israël, Andrea Faulkner, a évoqué les traitements sur les enfants, il y a plus d’un an.

Bien qu’au courant de la question, ni Mme Faulkner ni aucun autre représentant australien n’ont visité les tribunaux.

The Weekend Australien Magazine a eu un accès, rare pour un journal, au tribunal - il a été autorisé à le visiter à trois occasions différentes au cours de l’année dernière, avec les FDI (Forces de défense israéliennes), dans le cadre de cette enquête.

Cette semaine, un fonctionnaire australien a entamé des réunions sur le sujet en préparation de la visite d’un tribunal pour mineurs par des diplomates australiens.

La plupart des enfants traduits devant les tribunaux militaires sont accusés d’avoir jeté des pierres et condamnés à des peines de prison allant de deux semaines à 10 mois.

D’après les FDI, il y a eu au moins 2766 incidents de jets de pierres contre elles ou sur des voitures qui circulaient, cette année.

La police israélienne a parlé d’un accident en septembre dans lequel un homme et son enfant ont été tués par ce qui pourrait avoir été provoqué par une pierre lancée sur leur voiture.

Les autorités en Israël ne veulent pas discuter des cas individuels d’enfants, mais selon le porte-parole des Affaires étrangères, Yigal Palmor, « beaucoup de choses » doivent être améliorées et Israël travaille avec des organisations des droits de l’homme mais les « réformes et améliorations sont lentes ».

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A l’isolement sous la lumière - privation de sommeil

Le traitement des enfants palestiniens en Cisjordanie sous l’occupation militaire israélienne contraste avec celui des enfants en Israël :

  • en Israël, un enfant ne peut être envoyé en prison avant l’âge de 14 ans, alors que les enfants palestiniens y vont à partir de 12 ans ;
  • en Israël, un enfant ne peut être soumis à interrogatoire sans la présence d’un parent ;
  • en Israël, un enfant ne peut être interrogé la nuit, alors que la plupart des enfants palestiniens sont enlevés dans leurs maisons et mis en détention entre minuit et 5 h du matin ;
  • en Israël, la durée maximum de détention sans accès à un avocat est de 48 h, alors qu’en Cisjordanie, elle est de... 90 jours.

Ces derniers temps, les tribunaux militaires ont été visités par des délégations de diplomates ou parlementaires du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Union européenne, des Pays-Bas, de France, d’Espagne, de Belgique, d’Allemagne, d’Irlande, de Norvège, de Chypre et des Nations-Unies.

Maître Horton affirme que dans la plupart des cas, DCI exige des déclarations sous serment avant de prendre le dossier en charge.

Il a indiqué au magazine quel était le traitement courant pour beaucoup des enfants : « Une fois attaché et les yeux bandés, l’enfant est conduit à un véhicule militaire qui attend, et dans un tiers des cas, il sera jeté sur le plancher métallique pendant son transfert dans un centre d’interrogatoires.

« Parfois, les enfants sont maintenus le visage plaqué sur le plancher par des soldats qui mettent leurs bottes sur sa nuque, et les enfants sont menottés, parfois avec des menottes en plastique qui leur coupent les poignets. Beaucoup d’enfants arrivent aux centres d’interrogatoires contusionnés et meurtris, manquant de sommeils et apeurés. »

Maître Horton affirme que tout l’intérêt (pour Israël) d’un tel traitement est d’amener les enfants à faire des aveux, aussi vite que possible.

Dans un cas, bien que l’enfant eût insisté en disant que l’aveu qu’il avait signé était faux, qu’il l’avait signé seulement sous la pression, malgré cela, cet aveu a été utilisé pour le condamner.

Une porte-parole de Mr Rudd fait savoir que, lors de la dernière comparution d’Israël devant le Groupe de travail sur l’Examen périodique universel, l’Australie avait interrogé Israël sur les sévices rapportés par des détenus.

Elle indique que le gouvernement (australien) est contre la détention des mineurs.

« L’opinion du gouvernement australien depuis longtemps est que tout enfant, indépendamment de son ethnie, de sa religion, de son sexe et de quelque différence que ce soit, doit bénéficier des mêmes protections légales et des droits humains » dit-elle.


Sur les tortures infligées par Israël, voir notamment :

- L’utilisation de la torture par Israël - Al-Haq - REP - n°44 Été 1992
- Des médecins israéliens sont complices des tortures infligées aux prisonniers palestiniens - Ma’an News
- Situation des enfants palestiniens détenus dans le système judiciaire militaire israélien - DCI-Palestine - Comité pour une paix juste au Proche-Orient - Luxembourg
- Ihsan Dababisa raconte les tortures et les humiliations subies - Ma’an News
- Les Autorités israéliennes ont torturé 70 détenus palestiniens jusqu’à la mort depuis 1967 - Association Wa’ed - Ma’an News
- La psychopathologie suite à emprisonnements et tortures - Samah Jabr
- Les enfants palestiniens sont maltraités et torturés dans les prisons israéliennes - Saed Bannoura - DCI
- Rapport sur la torture à l’encontre des prisonniers palestiniens en Israël - B’Tselem & HaMoked
- Témoignages sur les méthodes de tortures sauvages dans les prisons israéliennes - CPI
- Tortures et mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens - Michel Bôle-Richard - Le Monde
- Le triste sort des prisonniers palestiniens - Alternatives International

Texte de l’article en version anglaise :

Rudd seeks action on torture allegations
involving Palestinian children

by John Lyons

The Australian

17 December 2011

AUSTRALIA will raise concerns with Israel about its juvenile military court system, which has been accused of jailing and torturing Palestinian children as young as 12.

Following a report in The Weekend Australian Magazine three weeks ago, Foreign Minister Kevin Rudd has instructed Australian diplomats to visit the juvenile military court.

The diplomats have been told to report to Mr Rudd on the conditions they find at the Ofer military prison, near Jerusalem.

According to a statement from Mr Rudd’s office, he has also instructed Australian officials to initiate a meeting with Israeli authorities to raise concerns about the system under which Palestinian children are tried.

Sixty of Israel’s leading psychologists, academics and child experts have written to Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu saying that "offensive arrests and investigations that ignore the law do not serve to maintain public order and safety".

The Weekend Australian Magazine reported that allegations included : a boy kept in solitary confinement for 65 days ; other boys in solitary confinement
with the lights on 24 hours a day ; a seven-year-old boy in Jerusalem taken for interrogation who says he was hit during questioning ; three children being given electric shocks by hand-held devices to force them to confess ; dog’s food being put on the head and near the genitals of a blindfolded boy and a dog being brought in to eat it while his interrogators laughed.

The magazine reported that, since January, 2007, Defence of Children International has collected and translated into English 385 sworn affidavits from Palestinian children held in Israeli detention who claim to have suffered serious abuse : electric shocks, beatings, threats of rape, being stripped naked, solitary confinement, threats that their families’ work permits will be revoked and "position abuse" - which involves a child being placed in a chair with their feet shackled and hands tied behind their back, sometimes for hours.

A 10-year-old boy testified : "A soldier pointed his rifle at me. The rifle barrel was a few centimetres from my face. I was so terrified that I started to shiver. He made fun of me and said, ’Shivering ? Tell me where the pistol is before I shoot you’."

A 15-year-old boy testified that he was tied to a metal pipe and beaten by a soldier and that an interrogator placed a device against his body and gave him an electric shock, saying : "If you don’t confess I’ll keep shocking you." He said the interrogator gave him another electric shock, at which point he could no longer feel his arms or legs, felt pain in his head and
confessed.

Gerard Horton, an Australian lawyer dealing with many of the cases in his role at DCI, said one Israeli interrogator working in the settlement, Gush
Etzion, "specialises in threatening children with rape" to get confessions.

One woman involved in the YMCA’s rehabilitation program for children who have been under Israeli detention, Fadia Saleh, told The Australian as part
of its investigation : "Last week, one boy described to me how dogs were present in the army jeep. In those jeeps, you have chairs on each side and an empty space in the middle - the children are put there, on the floor. Sometimes soldiers step on them.

"Every time the child moved, one of the dogs would bite him. When he arrived at the interrogation centre, his arm was bleeding. It was a short trip but he felt like (it was) a year."

The Weekend Australian Magazine reported that, while diplomatic and parliamentary missions from many countries had visited the juvenile court, Australian diplomats had appeared to show no obvious interest in the court.

Mr Horton said Australia had been "conspicuously silent" about possible human rights abuses against Palestinian children.

He told the magazine : "It is disappointing that, of all the diplomatic missions in the region, Australia has been conspicuously silent on the issue of the military courts."

Australia’s Ambassador to Israel, Andrea Faulkner, was told of the treatment of children more than a year ago.

Although informed of the issue, neither Ms Faulkner nor any other Australian representative has visited the court.

The Weekend Australian Magazine was given rare access for the media to the court - it was allowed to visit on three separate occasions over the last year, with the Israeli Defence Forces, as part of this investigation.

This week, an Australian official has begun meetings on the issue in preparation for a visit to the juvenile court by Australian diplomats.

Most of the children before the military court are charged with stone-throwing and sentenced to prison terms ranging from two weeks to 10 months.

The Israeli Defence Forces reported at least 2766 incidents of rock-throwing against them or passing cars this year.

Israeli police say a crash in September in which a man and his infant son were killed may have been caused by a rock hitting their car.

Authorities in Israel did not want to discuss individual cases of children but the country’s international spokesman Yigal Palmor said there were "many
things" that needed to improve and that Israel was working with human rights
groups and making "slow reform and improvement".

The treatment of Palestinian children in the West Bank, which is under Israeli military occupation, is in contrast to the treatment of children in Israel.

In Israel, a child cannot be sent to jail until the age of 14, while Palestinian children are being jailed from the age of 12 ; in Israel a child cannot be interrogated without a parent present ; in Israel a child cannot be
interrogated at night, while most of the Palestinian children being taken from their homes are detained between midnight and 5am ; in Israel the maximum period of detention without access to a lawyer is 48 hours, while in the West Bank it is 90 days.

In recent times, the military court has been visited by diplomats or parliamentary delegations from the UK, the US, the European Union, the Netherlands, France, Spain, Belgium, Germany, Ireland, Norway, Cyprus and
the United Nations.

Mr Horton says that before most cases are taken up, DCI requires a sworn affidavit.

He told the magazine of the common treatment for many children : "Once bound and blindfolded, the child will be led to a waiting military vehicle and in about one-third of cases will be thrown on the metal floor for transfer to an interrogation centre.

"Sometimes the children are kept on the floor face down with the soldiers putting their boots on the back of their necks, and the children are handcuffed, sometimes with plastic handcuffs, which cut into their wrists. Many children arrive at the interrogation centres bruised and battered, sleep-deprived and scared."

Mr Horton said the whole point of this treatment was to get the children to confess as quickly as possible.

In one case, even though a child insisted that a confession he had signed was not true, as he had signed it only after pressure, he was convicted on
the basis of the confession.

A spokeswoman for Mr Rudd said that, during Israel’s last appearance before the UN Universal Periodic Review Working Group, Australia questioned Israel
about reported mistreatment of detainees.

She said the government universally opposes the detention of minors.

"The Australian government’s long held view is that all children, regardless of ethnicity, religion, gender or other differences, should enjoy the same legal and human rights protections," she said.

17 décembre 2011 - The Australian - texte accessible aux seuls abonnés - traduction : JPP


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