Le principal parti islamiste dit être assuré d’obtenir près de 40% des voix dans ces premières élections libres en Tunisie, lieu de naissance du Printemps arabe.

Rached Ghannouchi, dirigeant du parti al-Nahda

Les résultats officiels ne seront publiés que mardi, mais les résultats provisoires publiés par certains médias semblent confirmer la prédiction du mouvement al-Nahda selon lesquelles il contrôlerait près de 40% de l’assemblée constituante de la Tunisie.

Que les Tunisiens se soient déplacés en masse pour les élections de dimanche est considéré comme une manifestation de la nature démocratique de la révolution qui a chassé il y a 9 mois le dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, après 23 ans de règne.

« Nous ne sommes pas loin de 40%t. Cela pourrait être un peu plus ou un peu moins, mais nous sommes sûrs de d’avoir des élus dans les 24 (sur 27) circonscriptions électorales », a déclaré à l’AFP Samir Dilou, membre du bureau politique du mouvement al-Nahda.

Les données sur le site de la station de radio indépendante « Mosaïque FM » affichent également en avance le score de al-Nahda sur la base des résultats définitifs d’une quarantaine de centres de vote.

Plus de 90% des 4,1 millions d’électeurs inscrits se sont rendus aux bureaux de vote.

Les analystes ont largement prédit qu’al-Nahda remporterait le plus de votes, mais en restant en-deçà de la majorité absolue aux élections de dimanche qui devaient désigner 217 membre de l’Assemblée, laquelle va rédiger un projet de constitution et nommer un président pour former un gouvernement intérimaire.

L’assemblée définira le système de gouvernement du pays et la façon de garantir les libertés fondamentales, y compris les droits des femmes.

Il y aura aussi une autorité intérimaire pour rédiger des lois et décider des budgets.

Al-Nahda a toujours dit que son modèle était le parti AKP au pouvoir en Turquie, un autre pays à majorité musulmane qui jusqu’à ce jour a un état laïc.

Ses détracteurs ont accusé al-Nahda de prêcher la modernité en public mais le radicalisme dans les mosquées. Cependant la gauche progressiste de la Tunisie est restée divisée, ses dirigeants ayant été incapables de former une alliance électorale.

C’est la première fois que la Tunisie connait des élections sans un résultat connu à l’avance et sans bourrage des urnes par le ministère de l’Intérieur.

Ben Ali a été évincé en janvier - après 23 ans d’un règne à la poigne de fer - par un soulèvement populaire qui a déclenché des révoltes dans toute la région.

Le responsable de la commission électorale, Kamel Jendoubi, a déclaré dimanche que la participation avait « dépassé toutes les attentes ».

Plus de 90% des 4,1 millions de citoyens qui se sont inscrits sur les listes électorales ont donc voté, a fait savoir la commission des élections dimanche soir, tandis que 20 à 30% des 3,1 millions d’autres électeurs qui n’avaient pas pu s’inscrire, ont également eu le droit de voter.

« Le peuple a voté, la démocratie a triomphé », a déclaré le quotidien La Presse en première page ce lundi, en titre gras et en lettres rouges - la couleur du drapeau tunisien.

« Le 23 octobre 2011 sera dans l’histoire comme un jour très spécial, non seulement pour la Tunisie mais pour le monde arabe tout entier. »

« Pour la première fois dans cette vaste région autocratique ... une consultation populaire a été organisée dans le respect des règles et des critères appliqués dans les pays ayant une longue tradition de démocratie. »

Le système électoral a été conçu pour inclure autant de partis que possible dans le travail de rédaction de la nouvelle constitution, qui devrait prendre un an avant que se tiennent de nouvelles élections nationales.

Le gouvernement actuel restera au pouvoir jusqu’à ce que l’assemblée nomme un nouveau président, ce qui ne sera pas fait avant le 9 Novembre.

24 octobre 2011 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net