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Les Palestiniens réaffirment le droit au retour

lundi 6 juin 2011 - 16h:28

Khaled Amayreh

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Stimulés par les révolutions arabes, les Palestiniens ont marqué cette année la Journée de la Nakba avec des manifestations sans précédent, à l’intérieur comme en dehors de la Palestine occupée, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.

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Manifestation le dimanche 5 juin sur les hauteurs du Golan, sous occupation israélienne. Plus de 20 manifestants ont été assassinés par les troupes israéliennes d’occupation, et plus d’une centaine d’autres ont été blessés - Photo : Al Jazeera

Il y avait une aura particulière sur cet anniversaire Nakba cette année, le dimanche 15 mai. Contrairement aux années précédentes, lorsque la Nakba était commémoré par des discours mais par très peu d’actes, cette année a connu une réaffirmation déterminée de l’aspect central du droit au retour dans la cause palestinienne.

« Dans le passé, nous évoquions le droit au retour avec une sorte de détermination abstraite. Mais cette année, beaucoup de gens pensent qu’invoquer le droit au retour est en train de prendre un ton plus concret. Nous ne parlons plus de buts chimériques, au moins aussi longtemps que nous serons concernés », a déclaré Mohamed Jawabrah, un professeur d’âge moyen du camp des réfugiés Arroub.

« Nous estimons que le droit au retour est passé d’un univers d’incertitude et de symbolisme au domaine du concret. À tout le moins, il y a maintenant une plus grande prise de conscience parmi tous ceux qui sont concernés, y compris les Israéliens, les Américains, et en particulier les réfugiés eux-mêmes, qu’il ne peut y avoir de paix véritable et durable dans cette région sans le rapatriement de la totalité ou de la large majorité des réfugiés dans leurs foyers. »

Beaucoup de Palestiniens, galvanisés par les scènes montrant des réfugiés s’amassant à la frontière en Syrie et au Liban et essayant de « rentrer à la maison », redécouvrent l’un des plus grands atouts de leur cause.

Les intellectuels et leaders politiques ont estimé que les manifestations de dimanche étaient un moment historique. « Il y a un sentiment d’unité et de solidarité qui est une source d’autonomie », a déclaré Hanan Ashrawi. « Le mouvement de protestation non-violent se poursuivra jusqu’à la création d’un Etat palestinien viable. »

Un autre dirigeant palestinien, Mustafa Barghouti, a déclaré que le peuple palestinien avait redécouvert la puissance de la résistance populaire et pacifique. « C’est l’un des résultats de l’accord d’unité entre le Fatah et le Hamas. La réconciliation offre plus de potentiel encore, et nous devons poursuivre et utiliser ces potentialités au maximum. »

Barghouti a suggéré que les Palestiniens avaient gagné en force, au moins diplomatiquement, et que davantage de pays apporteraient leur soutien à la déclaration prévue d’un Etat palestinien en septembre.

Dans la ville de Gaza, Ismail Haniyeh, le premier ministre du gouvernement dirigé par le Hamas, a attribué aux révolutions arabes le « nouvel esprit » parmi les Palestiniens, qui, dit-il, a inculqué une signification particulière aux commémorations de la Nakba cette année. « Rien de ce que vous voyez n’aurait été possible sans les révolutions arabes, et en particulier la révolution égyptienne », a-t-il dit.

À Ramallah, l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud »Abbas a promis que le sang des martyrs tués par les soldats de l’occupation israélienne ne serait pas versé en vain. « Le sang des martyrs ne fera qu’accélérer la fin de l’occupation. Il rendra la création de l’Etat palestinien plus sûre que jamais. »

On pouvait s’attendre à ce que le gouvernement israélien envoie ses troupes pour répondre par des tirs à balles réelles aux manifestations pacifiques des Palestiniens. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, au moins un manifestant a été tué et 400 autres blessés par des balles enrobées de caoutchouc et par l’inhalation de gaz lacrymogène. Ceci en plus des 10 manifestants assassinés par les troupes israéliennes à la frontière nord.

Réagissant aux manifestations et rassemblements palestiniens, les dirigeants israéliens ont montré des états proche de la panique, avec quelques membres de la Knesset et du cabinet appelant le gouvernement à annexer les colonies juives en Cisjordanie. Le Premier ministre Binyamin Netanyahu, l’air sombre et tendu, a accusé les Palestiniens de vouloir détruire Israël.

« Ces manifestations prouvent que le conflit avec les Palestiniens n’est pas sur les frontières de 1967, mais plutôt sur ​​Israël lui-même, » a-t-il dit.

Netanyahu feint d’ignorer l’expulsion de la majeure partie du peuple palestinien de ses foyers dans ce qui est aujourd’hui Israël, lorsque l’Etat sioniste a été créé en 1948. Il rejette aussi le fait que ces mêmes personnes et leurs descendants ont un droit inaliénable, sanctionné par le droit international, à retourner dans leurs maisons et leurs villages.

Dans un discours daté du 16 mai devant la Knesset, Netanyahu a réitéré sa position antérieure sur la paix avec les Palestiniens. Il a déclaré que les Palestiniens devront renoncer au droit au retour des réfugiés, reconnaître Israël comme patrie exclusive pour le peuple juif et accepter que Jérusalem soit la capitale unie et indivisible d’Israël. Il a également souligné que tout État palestinien devra être démilitarisé et qu’Israël maintiendra des forces armées le long du fleuve Jourdain pendant de nombreuses années à venir.

Les commentateurs israéliens du discours de Netanyahou y ont vu une répétition de ses positions [réjectionnistes} passées, et comme une sorte de répétition générale de son discours devant le Congrès des États-Unis, prévu pour le 24 mai.

Il est certain que les États-Unis et l’Occident en général voient avec consternation la réaffirmation du droit au retour des réfugiés par la grande majorité des Palestiniens. Un des éléments non déclaré, mais clé dans un accord sur un statut final possible entre Israël et l’AP, a trait au marchandage du droit de retour en échange d’un Etat palestinien.

L’Organisation de Libération de la Palestine [OLP], qui est en charge des négociations avec Israël, peut estimer que l’accent mis sur le droit au retour ne puisse limiter sa flexibilité dans de futures négociations avec Israël.

Selon un commentateur palestinien, tout responsable ou négociateur palestinien qui semblerait prêt à passer un compromis sur le droit au retour, commettrait réellement un suicide politique.

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19 mai 2011 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
 : http://weekly.ahram.org.eg/2011/104...
Traduction : Abd al-Rahim


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