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Libye, Bahrein, Yémen ... Des dictatures plus violentes et plus contestées que jamais

samedi 19 février 2011 - 14h:33

D’après Al Jazeera

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Des dizaines de manifestants ont été tués par les forces de répression lors des rassemblements demandant l’éviction de Mouammar Kadhafi, alors que le soulèvement s’étend.

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Les manifestations touchent depuis de nombreux jours la Jordanie également - Photo : EPA

Les forces de répression en Libye ont assassiné des dizaines de manifestants pro-démocratie lors des manifestations exigeant l’éviction de Mouammar Kadhafi, l’antique dirigeant du pays [plus 40 ans de dictature - N.d.T].

Un médecin de Benghazi, la deuxième ville du pays, a déclaré à Al Jazeera qu’il avait vu 70 corps à l’hôpital principal ce vendredi, après une des plus violentes mesures de répression prises contre des manifestants pacifiques à ce jour.

« Je l’ai vu sur mes propres yeux : au moins 70 corps à l’hôpital », a déclaré Wuwufaq al-Zuwail, un médecin. Il a ajouté que les forces de répression ont empêché les ambulances d’atteindre le lieu des manifestations du vendredi.

Human Rights Watch affirme de son côté que les forces [dites] de sécurité libyennes ont abattu 84 personnes au cours des trois derniers jours.

Le gouvernement libyen a également bloqué la chaîne Al Jazeera dans le pays, et les internautes ont signalé que le site Web d’Al Jazeera était devenu inaccessible.

Manifestants abattus

Les manifestants suivant les funérailles des personnes tuées dans la deuxième ville de la Libye, auraient essuyé des tirs des forces de répression, alors que les protestations dans ce pays nord-africain exportateur de pétrole sont entrées dans leur cinquième jour.

Mohamed el-Berqawy, un ingénieur de Benghazi, a déclaré à Al Jazeera que la ville avait été le théâtre d’un « massacre » et que quatre manifestants ont été tués vendredi.

« Où est l’Organisation des Nations Unies ... où est (le président américain Barack) Obama, où est le reste du monde, des gens meurent dans les rue », dit-il. « Nous sommes prêts à mourir pour notre pays. »

Les informations en provenance de Libye sont difficiles à vérifier depuis que les protestations ont commencé, à cause des restrictions imposées à l’entrée des journalistes dans le pays et à cause des limitations appliquées par le gouvernement à Internet et aux accès de téléphonie mobile. Mais Human Rights Watch a signalé qu’au moins 84 manifestants ont été tués jusqu’à présent.

Des dizaines de milliers de manifestants anti-gouvernementaux qui cherchent à renverser Kadhafi sont descendus dans les rues à travers toute la Libye, jeudi, dans ce que les organisateurs ont appelé « le jour de colère » calqué sur des manifestations similaires en Tunisie et en Egypte et qui ont renversé les dirigeants de longue date de ces deux pays. Kadhafi contrôle la Libye depuis 1969.

Les funérailles des personnes tuées, prévues dans les deux Benghazi et la ville de Bayda ce vendredi, peuvent avoir servi de catalyseur pour de plus amples protestations.

Des partisans pro-gouvernementaux ont également été vus dans les rues de Tripoli vendredi matin, selon la télévision d’Etat libyenne, qui diffusait des images portant la mention « en direct » et qui montraient des hommes scandant des slogans de soutien à Kadhafi.

Affrontements meurtriers jeudi

Des affrontements meurtriers ont éclaté dans plusieurs villes ce jeudi, après que l’opposition ait appelé à des manifestations dans une rare initiative de défiance inspirée par les soulèvements dans d’autres Etats arabes et le renversement des présidents-dictateurs Hosni Moubarak en Egypte et Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie.

Les plus graves affrontements semblent avoir eu lieu dans la région orientale de Cyrénaïque, et particulièrement dans la ville de Benghazi, où le soutien à Kadhafi a toujours été plus faible que dans d’autres parties du pays.

Le journal libyen officiel Quryna a indiqué que le chef de la sécurité régionale avait été démis de ses fonctions après la mort de manifestants dans Bayda. Des groupes de l’opposition libyenne en exil ont affirmé que les citoyens de Bayda s’étaient joints aux forces de police local pour prendre en charge Bayda et lutter contre les milices soutenues par le gouvernement, dont les rangs seraient comblés par des recrues en provenance d’autres pays africains.

Les adversaires de Kadhafi disent vouloir la liberté politique, le respect des droits de l’homme et la fin de la corruption.

Le gouvernement Kadhafi a proposé le doublement des salaires des employés du gouvernement et a relâché 110 personnes accusées d’activités anti-gouvernementales - des tactiques semblables à celles adoptées par d’autres régimes arabes face à des protestations de masse.

Kadhafi a également rencontré les chefs tribaux pour solliciter leur appui.

19 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
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Des manifestants au Bahrein ont été tués et blessés par des tirs de l’armée

Des gaz lacrymogènes ont été tirés sur des manifestants qui tentaient de reprendre le rond-point Pearl, après que les militaires aient reçu du prince héritier l’ordre de s’en retirer.

Bien que les véhicules militaires ont maintenant quitté le rond-point, ils se sont repositionnés autour de la même zone, nous dit ce samedi le reporter en ligne d’Al Jazeera à Manama.

Dès que l’armée s’est retirée, quelques dizaines de manifestants ont tenté d’occuper la place, mais ils ont été aspergés de gaz lacrymogène par les forces de police.

Environ 60 jeeps de la police sont actuellement stationnées dans et autour de la place, et elles ont bloqué l’accès aux manifestants. Des hélicoptères ont été également vus volant au-dessus de la zone.

Notre reporter a déclaré que jusqu’à présent il n’y avait pas de victimes confirmées à l’hôpital Salmaniya, mais que l’établissement avait déployé des ambulances vers la place.

Cheikh Salman bin Hamad al-Khalifa, le prince héritier, a ordonné aux militaires de se retirer samedi après-midi, en disant que la police serait désormais chargée de faire respecter l’ordre, a rapporté l’agence d’informations du Bahrein.

L’Union générale des travailleurs de Bahreïn a appelé à une grève pour ce dimanche, selon un membre du syndicat des travailleurs du transporteur Gulf Air.

Dialogue rejeté

Plus tôt dans la journée, les dirigeants de l’opposition ont rejeté les appels du gouvernement pour un « dialogue national ».

Abdul Jalil Khalil Ibrahim, le chef du bloc Wefaq, principal parti d’opposition, a déclaré samedi que le gouvernement devait démissionner et que l’armée devait se retirer pour que toute discussion avec la famille régnante puisse avoir lieu.

Ibrahim Mattar, un membre du groupe, qui a quitté le Parlement jeudi, a déclaré que son parti ne croyait pas qu’il y ait une « « volonté de dialogue sérieux parce que l’armée est dans la rue ».

Cheikh Hamad ibn Isa Al Khalifa, oi du Bahreïn, avait déjà demandé au prince héritier d’entamer un dialogue national « avec toutes les parties ».

Toujours samedi, Catherine Ashton, chef de l’Union européenne en matière de politique étrangère, a appelé à un processus de dialogue « sans délai ». Elle a également déclaré qu’elle était « profondément préoccupée » par l’usage de la violence par les forces de sécurité, et elle appelé toutes les parties à faire preuve de « retenue » [cette hypocrisie dont l’UE est tellement coutumière et consistant à mettre en parallèle victimes et bourreaux est profondément écoeurante - N.d.T].

Alors que l’armée a commencé à se retirer des rues, une condition que l’opposition avait fixée pour que des négociations aient lieu, il est difficile de savoir si et quand le dialogue aura lieu.

Le rond-point Pearl a été le théâtre de fusillades à la nuit tombée ce vendredi, lorsque les forces de répression ont ouvert le feu avec des balles réelles sur des manifestants.

Les circonstances entourant la fusillade ne sont pas claires, mais les responsables de l’hôpital Salmaniya disent qu’au moins 66 personnes ont été blessées, dont plusieurs avec des blessures par balle à la tête à et la poitrine.

Certains médecins et des infirmiers des équipes médicales d’urgence étaient en larmes tandis qu’ils s’occupaient des blessés. Les rayons X ont montré des balles toujours logées à l’intérieur des corps des victimes.

« C’est une guerre », a déclaré le Dr Bassem Deif, un chirurgien orthopédiste qui examinait des personnes dont les os ont été brisés par des balles.

Les manifestants ont décrit une scène terrible de nuages de gaz lacrymogène, de balles venant de plusieurs directions et de flaques de sang dans lesquelles ils glissaient alors qu’ils tentaient de s’échapper.

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« Jour de la Colère » au Yémen

Au moins six personnes ont été tuées alors que des dizaines de milliers de manifestants, à la fois pro-et anti-gouvernement, marchent dans plusieurs villes.

Des dizaines de milliers de Yéménites ont pris part à des manifestations anti-gouvernementales à travers le pays, les partisans du gouvernement se rassemblant aussi dans plusieurs villes.

Au moins six personnes ont été tuées dans les manifestations. L’un des décès a lieu après qu’une grenade ait été lancée contre des manifestants anti-gouvernementaux dans la ville de Taiz ce vendredi.

Des émeutes ont également éclaté pendant la nuit dans la ville portuaire d’Aden, les manifestants mettant le feu à un bâtiment du gouvernement local et les forces de répression tuant un manifestant, selon des responsables locaux. Dix-sept personnes ont été également été blessées dans ces affrontements.

Les manifestants à travers le pays exigent que le président Ali Abdullah Saleh se retirer, après 32 années au pouvoir, dans un soulèvement qui est maintenant entré dans son huitième jour au Yémen.

Des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis dans les villes de Sanaa, Taiz et Aden pour un « vendredi de colère », comme ce jour a été nommé par les organisateurs des manifestations.

Dans la capitale, Sanaa, la foule s’est dirigée vers le palais présidentiel, en scandant des slogans anti-gouvernementaux, en dépit de la police anti-émeute qui tentait de les en empêcher.

Rassemblements pro-gouvernementaux

Des manifestations ont également eu lieu ailleurs dans la ville à l’appui du président Saleh. Environ 10 000 manifestants pro-Saleh sont descendus dans les rues de Taiz.

Des dizaines de manifestants pro-démocratie ont été blessés dans des affrontements entre manifestants de bords opposés.

Les principaux griefs des manifestants sont la pauvreté et les allégations de corruption gouvernementale. Saleh avait déjà promis de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013, ni de proposer dson fils comme successeur, mais ces engagements n’ont pas réussi à endiguer le mécontentement populaire.

« Bien que les foules soient moins nombreuses par rapport à ce qui se passe dans les autres pays, l’ambiance hostile des 48 dernières heures peut déclencher de nouvelles violences », a déclaré Hashem Ahelbarra, correspondant d’Al Jazeera à Sanaa.

« La crainte est que si les événements atteignent un point de basculement, les tribus armées peuvent attaquer la capitale et c’est pourquoi les gens sont inquiets des affrontements sanglants. »

Appels à l’unité par des responsables religieux

Au milieu des protestations, un groupe de hauts dignitaires religieux au Yémen a appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale afin de sauver le pays du chaos.

Ces personnages influents exigent un gouvernement d’union de transition qui verrait l’opposition représentés au sein des ministères clés, suivi d’élections dans les six mois.

Ils déclarent que cette initiative placerait le Yémen dans la même situation que l’Egypte et la Tunisie, mais sans avoir à subir d’effusion de sang.

Leurs commentaires de ce jeudi a eu lieu au milieu des affrontements entre des milliers de manifestants pro et anti-gouvernement à Sanaa.

« La police cherche à former des lignes pour séparer les manifestants et les partisans du gouvernement - mais ils tentent aussi de disperser la foule avec des tirs de balles réelles, un signe que la situation est très tendue dans la capitale avant le ’Vendredi de colère’ », a dit notre correspondant.

Les loyalistes du gouvernement brandissant des bâtons et des poignards ont chassé un groupe de manifestants réunis à l’université de la ville, selon des témoins. Au moins cinq personnes ont été blessées dans la violence.

Des véhicules municipaux ont convoyé bâtons et des pierres spour le côté pro-gouvernementale, selon des témoins.

« Le président Ali Abdullah Saleh se réunit tous les jours avec de puissants chefs de tribus dans les zones entourant la capitale, en leur disant qu’il a besoin de leur soutien en ce moment crucial », dit notre correspondant.

« Il a adopté un ton très dur, décrivant les manifestants comme des ’anarchistes’. »

« Son entourage affirme devant les médias que la situation ici est très différente de celle de l’Egypte et de la Tunisie - et que si ce pays dégénère dans la violence, il pourrait se retrouver dans une situation très, très difficile ».

« Les gens ici sont armés et les tribus à travers le pays ont des caches d’armes. Et la situation ici pourrait encore empirer. »

Ahelbarra a déclaré que les manifestants ont rejeté les appels du président à attendre les élections de 2013, en disant : « Le seul moyen pour nous est de continuer à nous battre dans les rues pour apporter les mêmes changements que ceux qui ont eu lieu en Tunisie et en Egypte. »

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Traduction : Info-Palestine.net


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