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Le ministre tunisien des affaires étrangères obligé de démissionner pour avoir léché les bottes d’Alliot-Marie

dimanche 13 février 2011 - 21h:54

Al Jazeera

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Ahmed Ounaies, le ministre tunisien des Affaires étrangères, a démissionné de son poste, un peu plus de deux semaines après sa prise de fonction, a annoncé l’agence officielle d’informations.

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Ahmed Ounaies n’avait pas compris que les temps avaient changé, et que cirer les bottes des puissances néo-coloniales n’étaient plus trop de mise en Tunisie...

Il a été impliqué dans une polémique à propos des compliments qu’il a adressés à Michèle Alliot-Marie.

« En effet, il n’a plus assuré son rôle de ministre des Affaires étrangères depuis environ une semaine maintenant, après qu’il a fait ces commentaires qui ont vraiment mis en colère les gens d’ici en Tunisie », nous dit Nazanine Moshiri, correspondant d’Al Jazeera dans Kesserine.

Les Tunisiens soupçonnent que les Français ont joué un rôle important dans le soutien à Zine El Abidine Ben Ali, l’ancien président qui a été forcé de fuir le pays le mois dernier. Une semaine avant son départ, le gouvernement français avait proposé son aide à ses forces de sécurité.

« Alors vous pouvez imaginer ce que les gens ont ressenti quand ils ont appris que leur ministre des Affaires étrangères s’était rendu à Paris la semaine dernière en disant qu’il accomplissait ’le rêve’ de rencontrer le ministre français des Affaires étrangères, » a dit notre correspondant.

Il est encore difficile de savoir qui remplacera Ounaies.

Des centaines de travailleurs au sein du ministère tunisien des Affaires étrangères avaient entamé une grève la semaine dernière pour protester contre l’éloge fait par le ministre à Alliot-Marie.

Certains hommes politiques français ont suggéré que Alliot-Marie, elle aussi, devrait démissionner, après qu’elle ait proposé au cours des manifestations contre Ben Ali que la France fournisse une assistance anti-émeute aux forces de sécurité tunisiennes.

La démission d’Ounaies est susceptible de causer des perturbations dans le gouvernement de coalition qui a déjà vu plusieurs ministres démissionner ou être congédiés, depuis qu’il s’est mis en place pour combler le vide laissé par le départ de Ben Ali.

Kemal Mourjan, l’ancien ministre des affaires étrangères qui avait aussi servi sous Ben Ali, a également démissionné de son poste.


J’ACCUSE

Khaled Haddad - Tunisia Watch - 8 février 2011

J’ACCUSE Ahmed Ounaies d’avoir représenté indignement la Tunisie lors de son déplacement à Paris. La transcription de son point de presse avec Alliot-Marie révèle des positions graves, mettant en péril l’indépendance de la Tunisie.

Au lieu de réserver sa première visite aux pays de l’UMA, monsieur Ounaies a choisi d’aller à Paris, ne dit -il pas « Je suis heureux de vous parler à côté de Michèle Alliot-Marie. C’est pour moi un honneur, c’était peut-être un petit rêve que je faisais, et que l’Histoire ou l’accélération de l’Histoire m’a permis de réaliser. J’aime écouter Michèle Alliot-Marie en toutes circonstances et dans toutes les tribunes ».

Je l’accuse d’aller à son secours alors qu’elle est en pleine polémique pour son soutien à Ben Ali et pour ses liens avec Ben Ali « Je sais que vous êtes avant tout une amie de la Tunisie, parce que la France est l’amie de la démocratie, la France est l’amie de la liberté et donc Michèle Alliot-Marie, au nom de la France, est l’amie de la Tunisie ».

Faisant fi du soutien déclaré de la France à Ben Ali alors qu’il était en train d’assassiner nos enfants, Osant parler de « la relation de confiance que nous avons avec le gouvernement français. Sur le réconfort que nous avons trouvé dès l’amorce de notre nouvel engagement chez nos amis français, et d’abord chez Michèle Alliot-Marie. Elle a anticipé notre souhait d’engager un dialogue en profondeur pour dissiper les malentendus sur l’intelligibilité du mouvement social ».

Il semblerait qu’il aurait « reçu son coup de fil d’encouragement, de réconfort et de solidarité avec un sentiment de fierté, je l’ai rapporté au gouvernement tunisien. Le gouvernement tunisien unanime, avec M. Ghannoushi, notre premier ministre, M. Mebazaâ, notre président intérimaire, lui adresse ses remerciements ».

Inversant les rôles, il a présenté la Tunisie comme ayant besoin d’une sorte d’aval français pour mener à bien la démocratisation, n’hésitant pas à déclarer « ne doutez pas de notre confiance, ne doutez pas de notre foi dans notre engagement à soutenir tout pas en avant en direction de la conquête démocratique, en particulier quand elle se produit dans un pays que vous connaissez que vous visitez en toute amitié et que vous êtes l’une des rares collègues à connaitre en profondeur ».

Je l’accuse de présenter la Tunisie comme une République bananière dont les décisions importantes ont toujours été prises par Paris. Ne dit il pas que « je viens d’en avoir la réaffirmation aujourd’hui dans ce palais où se sont décidés tant de progrès, de pas de géant de la société tunisienne du XXe et XXIe siècle ».

Je l’accuse d’insulter la Tunisie en comparant le vendredi où Bouazizi s’est immolé et le vendredi où Ben Ali s’est enfui au vendredi ...où il a été reçu par Alliot Marie : « Je tiens à marquer ce vendredi comme les deux autres vendredi, celui de décembre ou a éclaté la protestation populaire à Sidi Bouzid, le vendredi où s’est conclue cette protestation devenue une révolte nationale, et Dieu a voulu que ce soit un vendredi ou vous m’accueillez dans votre ministère. Voila les 3 vendredi saints d’une révolte qui a abouti à une relance historique de la Tunisie du XXIe siècle ».

Je l’accuse de vouloir mettre le processus de démocratisation en Tunisie sous le contrôle de la France. « Sachez simplement que nous nous focalisons sur la construction de la Tunisie, d’abord sur le succès de la transition démocratique. Madame Alliot-Marie vient de me dire que toutes les ressources intellectuelles et diplomatiques de la France sont portées et que nous pourrons y faire appel si nous le souhaitons. Mais Madame, nous le souhaitons, je vous le réaffirme ». Je ne serais pas étonné que Ounaies ait promis à la France de la faire participer dans la préparation des élections à venir.

Je l’accuse de divaguer. Parlant des tunisiens ayant trouvé refuge en France pendant les années Ben Ali, il choisit de remercier la France de les avoir accueillis ! Il dit à Alliot-Marie « Comment ne serions nous pas reconnaissants à la France démocratique d’avoir accueilli nos enfants, chassés de leur pays par une parenthèse despotique qui a trop longtemps aliéné la société moderne que nous avions commencé par fonder en 1956 ? Comment ne suis-je pas reconnaissant à la France d’avoir offert cette tribune vers la société française et vers le monde, alors que nos militants étaient bâillonnés dans leur propre pays ? ».

Je l’accuse de dévaloriser les élites tunisiennes en déclarant que ceux qui étaient en France sont « la tête de pont démocratique de la Tunisie (qui) est soutenue par une large société démocratique tunisienne qui, par la voix du peuple et par la voix de ses élites, aspiraient à ce grand jour. Ce grand jour, nous le célébrons ensemble, Madame Alliot-Marie, et nous souhaitons continuer le chemin avec votre compréhension, votre solidarité et votre confiance en nous ».

Je l’accuse de présenter la diplomatie tunisienne comme une diplomatie mineure ayant besoin d’être entourée par la diplomatie française. Il dit en effet « Je vous remercie de votre générosité intellectuelle, de votre amitié et de l’enthousiasme que vous mettez à nous entourer de votre diplomatie, l’une des plus compétentes du monde ».

Je l’accuse de présenter la Tunisie comme un pays sous protectorat en disant « Merci, Madame, de cet accompagnement de tous les temps au profit de la Tunisie, de l’attention et de la vigilance que vous souhaitez mettre entre nous pour aller le plus loin possible dans l’édification de cette Tunisie nouvelle ».

Je l’accuse de déclarer que le gouvernement tunisien ne compte pas gérer la question des avoirs de Ben Ali Trabelsi Materi et consorts et qu’il considère qu’il s’agit d’une simple affaire entre les mains de la Justice. En effet, à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il était « venu avec la liste des personnes dont les avoirs ont été gelés par l’Union européenne », il a répondu « Que ce soient des biens, des meubles, des comptes ou je ne sais quels autres, je vous avoue que cela ne nous concerne pas comme gouvernement. Ceux contre lesquels des présomptions - parfois des preuves - existent, ont été transmis entre les mains de la justice tunisienne, qui est indépendante. Nous n’interfèrerons pas dans les enquêtes ni dans les sanctions éventuelles que ces personnes méritent. »

Je l’accuse de regarder avec dédain les efforts légitimes du peuple tunisien de mettre à nu les agissements du régime Ben Ali. Il déclare en effet « Permettez-moi d’ajouter que nous ne sommes pas concernés par ce harcèlement politique, par ce lynchage médiatique, ou politique ou physique. Cela ne concerne pas mon gouvernement ».

Je l’accuse de préparer le terrain à une amnistie en faveur de Ben Ali et des siens. Il déclare en effet « Nous voyons plus loin, nous voyons une Tunisie réconciliée, je ne dis pas demain, après-demain, qui recueillera tous ses enfants ».

Toutes les citations de Ounaies sont extraites du site du ministère des affaires étrangères français qui a publié la transcription complète du point de presse du 4 février.

J’accuse Ounaies d’être indigne de représenter le Peuple tunisien.

Abousouleymen Khaled Haddad

13 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine.net


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