Les sanctions américaines empêchent des projets de retraitement de l’eau
mercredi 7 mars 2007 - 06h:12
Associated Press
YATA, Cisjordanie. Après la victoire du Hamas l’an dernier, la suspension de l’aide américaine aux Palestiniens a entraîné le gel de projets essentiels de traitement des eaux usées. Conséquence, la plupart des habitants de Cisjordanie et de la Bande de Gaza n’ont que de l’eau polluée à leur disposition, et certains ne peuvent se laver qu’une fois par mois.
Issa Abou Chakr raconte que son neveu âgé de cinq ans a dû subir plusieurs transfusions sanguines après être tombé dans les eaux usées qui s’écoulaient de la maison familiale, en Cisjordanie. De son côté, Maisoun Seidat effectue trois voyages quotidiens avec un seau pour aller puiser le précieux breuvage dans la citerne communale.
Les projets américains, d’un montant de 250 millions de dollars (190 millions d’euros), devaient considérablement améliorer la qualité de vie des Palestiniens. Ainsi, une usine de retraitement des eaux usées devait être construite près de la maison des Abou Chakr dans le village de Yata, proche de Hébron. Mais ils ont été suspendus. Et dans le même temps, la famille se plaint d’asthme, de maux de gorge et de rhumes. "Le fait qu’ils aient interrompu le projet est une catastrophe", explique Issa Abou Chakr.
D’autres contributeurs ont continué à financer des projets de moindre ampleur. Mais les Palestiniens dépendent des Etats-Unis pour le traitement des eaux usées, explique Naïm El-Mani, conseiller technique de l’Autorité palestinienne de l’eau, jugeant que la suspension de ces projets est comme "une bombe à retardement". Plus de 80% des localités de Cisjordanie ne sont pas reliées à des égouts.
Les Etats-Unis ont investi 468 millions de dollars (356 millions d’euros) dans les territoires palestiniens l’an dernier, contre 400 millions (300 millions d’euros) l’année précédente. Mais, explique Howard Sumka, directeur des opérations de l’USAID en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, l’agence de développement a mobilisé ses ressources sur "la santé, l’aide alimentaire et l’éducation".
A Bani Naïm, le village de Maisoun Seidat, un nouveau réservoir a pour ambition d’augmenter le flot horaire dans le secteur de plus de 988.000 litres. Mais il reste désespérément vide et tout est paralysé. Des dizaines de conduits en béton censés transporter l’eau sont empilés près de la route, et les seuls employés présents sont des gardes destinés à tenir d’éventuels voleurs à l’écart.
Environ 120.000 des 2,4 millions de Cisjordaniens vivent dans des petites localités ne disposant pas d’eau potable. Et ceux qui sont reliés à un système de distribution n’en reçoivent que tous les dix jours en moyenne, selon Ihab Barghouti, conseiller économique de l’Autorité palestinienne de l’eau. Ce qui contraint les habitants à dépendre de l’eau achetée, provenant parfois de sources et puits non traités, et de l’eau de pluie recueillie dans des citernes.
La consommation quotidienne d’eau, pour l’alimentation et l’hygiène, n’est que de 30 à 38 litres, soit un tiers du minimum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et certaines personnes sont contraintes de se laver une fois par mois seulement, affirme Naïm El-Mani. En outre, dans la Bande de Gaza, près de 3.000 puits illégaux pillent la nappe phréatique, prévient Ihab Barghouti.
"Parfois, avant de me coucher, je me demande ce que je pourrais faire le lendemain matin pour avoir de l’eau", raconte Maisoun Seidat. Cette institutrice de 29 ans, mère de trois enfants, consacre un quart du revenu mensuel familial, de moins de 600 dollars (460 euros), à se procurer de l’eau. Ces sept derniers mois, elle n’a pour sa part reçu qu’à peine 700 dollars (540 euros) sur les 4.000 (3.100 euros) que lui doit un gouvernement Hamas étranglé par les sanctions
5 mars 2007 - Vous pouvez consulter cet article à :
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